Sur Arte, France Télévision, Netflix ou d’autres plateformes de diffusion, y compris sur YouTube pour les films les plus censurés par les puissants, une foison de documentaires et de fictions exposent les fraudes des affaires et de la finance.

Depuis quelques années, le talent des réalisateurs et scénaristes, associé à la qualité des enquêtes toujours plus clairvoyantes sur les moeurs frauduleuses des affaires et de la finance, a permis au grand public de mieux comprendre les enjeux de déontologie financière qui mènent le monde, et les fraudes des puissants.

Cette créativité a été particulièrement prolifique depuis la crise bancaire de 2008. Et plus encore dans le sillage de nombreuses enquêtes journalistiques ayant exposé ou révélé de nombreuses pratiques occultes et criminelles du monde des affaires et de la finance, par exemple en exploitant le travail du Consortium international de journalisme d’investigation (ICIJ), notamment les Panama Papers.

L’inventivité narrative des cinéastes a surtout favorisé une forme d’hybridation entre la fiction et la non-fiction, comme l’appellent les anglo-saxons, c’est-à-dire les documentaires (documentaries se dit aussi).

Si une partie du public conserve une réticence ancienne au mode documentaire, parfois perçu comme rébarbatif ou trop sérieux pour se détendre le soir devant sa télé, c’est un réflexe ancien.

Aujourd’hui, les documentaires sont tournés et montés comme des fictions, avec toutes les astuces techniques ou narratives de l’audio-visuel moderne, qu’il s’agisse de reconstitutions avec des acteurs, simulations 3D, animations, effets spéciaux, etc.

On ne s’ennuie pas devant les bons documentaires. On parle ici des vrais documentaires, pas des séries trash de téléréalité embarquée par des maraudes d’escadrons policiers de choc sur le terrain, comme en diffusent certaines chaînes françaises sous influence de Vincent Bolloré (qui lutte par ailleurs contre la diffusion de vrais documentaire sur les chaînes qu’il influence, en particulier CNews et Canal+ au sein du groupe Vivendi, dont il a pris le pouvoir bien avant de convertir le JDD à l’extrême droite).

Quant aux fictions, elles sont de plus en plus documentées avec minutie, en embarquant dans leur équipe des experts et journalistes ayant enquêté sur les sujets mis en scène. Ainsi les fictions reprennent de plus en plus les codes du documentaire quant au respect de la réalité des faits, de l’esprit des moeurs et des époques chroniquées.

Pour encourager les lecteurs qui les auraient loupés à les découvrir, nous listons les documentaires en premier, afin que vous puissiez en parcourir la diversité avant la liste des fictions (comme les hypermarchés imposant leur rayon textile pour arriver aux yaourts 😉

Et vous ? Quelles sont vos meilleures recommandations et critiques de films (fiction ou non) sur les affaires et la finance ? Merci pour vos commentaires et partages sur le forum en bas de page.

Documentaires Non-Fiction Documentaries

Business et mauvaises manières (entreprises, secteurs, dérives…)

Skandal : les escrocs de Wirecard soutenus par l’Allemagne, contre le Financial Times

Entre janvier 2019 et l’été 2020, le journaliste Dan Mc Crum et le Financial Times avaient mis à jour la méga-fraude Wirecard, start-up de paiements allemande, gonflée aux fausses transactions et blanchiment mafieux, défendue bec et ongle par l’establishment allemand, au point d’accuser notre confrère, et sa collègue Stefania Palma, de manipulation de cours au service des méchants vendeurs à découvert. Pathétique, mais effrayant.

Wirecard était une fraude. La boîte gonflée jusqu’à 24 milliards de valorisation boursière en 2018, au firmament de l’indice DAX des 30 vedettes germaniques, avant de s’écraser à zéro. Son président, Markus Braun, en prison. Son DG, Jan Marsalek, en fuite, vaguement de mèche avec des espions russes du FSB ex-KGB, aurait été vu à Moscou.

L’enquête et la ténacité de Dan Mc Crum avaient finalement été couronnées par le prix 2020 pour la presse, de la fondation Ludwig Erhard, créée en 1967 par l’ex-chancelier allemand éponyme. Ne manquez pas le documentaire époustouflant de Netflix sur cette enquête : « Skandal! La chute de Wirecard ».

Depuis, Dan Mc Crum, « le tombeur de Wirecard », est un peu devenu le héro du journalisme financier d’investigation, ayant triomphé tel David contre un Goliath de l’arnaque, comme souvent protégé par l’aveuglement de l’establishment (Wirecard, Madoff, Enron, Easy30, Casino-Rallye…).

Pour les curieux, l’affaire Leonteq soulevée par Dan McCrum et Deontofi.com ne promet pas moins de surprises :

Downfall : L’affaire Boeing (Downfall: the case against Boeing)

Le 29 octobre 2018 et le 10 mars 2019, deux Boeing 737 MAX des compagnies Lion Air et Ethiopian Airlines s’écrasent, faisant 346 morts. Dans Downfall : The Case Against Boeing, documentaire consacré à cette affaire et présenté à Sundance, l’achat de McDonnell Douglas par Boeing, et la recherche immodérée de profits par les rachetés au pouvoir, sont mis en cause, explique la critique du quotidien Québéquois La Presse. Le docu met en scène deux acteurs clé de cette enquête, notre confrère Andy Pasztor, journaliste au WSJ qui a écrit les premiers scoops sur les dysfonctionnements du 737 MAX, et le député Peter A. De Fazio, représentant démocrate de l’Oregon, qui a dirigé une commission d’enquête à la Chambre des représentants des États-Unis sur ce scandale (qui réclame par ailleurs une taxation des transactions financières de 0,1% sur le trading haute fréquence).

As a financial journalist I had read about the Boeing 737 MAX « software » mess, but the documentary shows how it was more cold-blood mass murder caused by conscious cynism of Boeing executives to boost their bonuses at the price of clients’ lives.

Sur l’Internet movie database IMDB: https://www.imdb.com/title/tt11893274/
Sur Netflix: https://www.netflix.com/fr/title/81272421

The Laundromat, 2019 (La lessiveuse, ou les Panama Papers à mourir de rire)

Distribution exceptionnelle pour ce docufiction, un documentaire monté en fiction, ou une fiction créée sur un scénario bien réel, pour expliquer et illustrer les mécanismes des sociétés offshore enregistrées à Panama afin d’organiser la dissimulation et l’opacité des affaires louches, causant finalement des dommages réels aux individus.

Dans ce film de Steven Soderbergh (Ocean’s Eleven 2001, Erin Brockovich 2000, Sex Lies and Video 1989…), Meryl Streep enquête sur une fraude à l’assurance, via le Panama, sur la piste de deux avocats, associés du fameux cabinet Mossack Fonseca (Gary Oldman et Antonio Banderas), et aussi Sharon Stone. Bande annonce ici.

Arnaques et barbouzeries (inclus cryptos, Bitcoin, trafics…)

Il y a les grands scandales de la finance internationale, mais aussi les innombrables arnaques et barbouzeries plus anecdotiques, de seconde zone ou relevant des faits divers, aux détours et rebondissements tout aussi instructifs et distrayants.

Fyre: The Greatest Party That Never Happened (Netflix 2019, Fyre festival, un must !)

Vendre très cher la fréquentation de stars entourées de bimbos en maillots de bain, c’est le principe du Fyre festival. Un champion de la comm et des réseaux sociaux promet une nouvelle appli permettant à des ploucs riches d’entrer dans le cercle exclusif des socialites top-modèles. Le point d’orgue du lancement de l’appli sera un festival de dingues, organisé à l’arrache sur une île paumée des Caraïbes, abandonnées par Pablo Escobar dans sa déroute. On se régale et on se marre du début à la fin.

Fyre: The Greatest Party That Never Happened est un film documentaire américain de 2019 sur Billy McFarland et le Fyre Festival raté de 2017.

Les Rois de l’Arnaque (2021, Lords of Scam)

Si vous lisiez la presse économique à l’époque, vous aviez peut-être souvenir d’une arnaque ayant fait sauter le tout nouveau marché européen des crédits carbone (ou « droits à polluer »), BlueNext, officiellement ouvert en 2007 et refermé fin 2012, après sa faillite opérationnelle. Certains se souvenaient vaguement du nom d’Arnaud Mimran, le financier de la fraude au « carrousel » (ou manège en français) de TVA sur les crédits carbone. On se marre vraiment avec cette bande de « sympathiques pieds nickelés » des « Rois de l’arnaque » (Marco Mouly et la fraude TVA carbone). Sauf que ce n’est pas que du cinéma, quand les pieds nickelés commencent à se faire butter par des flingueurs à la solde d’un des leurs, qui leur doit de l’argent: Arnaud Mimran, finalement mis en examen fin 2021 pour plusieurs assassinats en bande organisée (dont son associé Samy Souied en 2010, et son futur ex-beau-père Claude Dray en 2011).

Mardoché Mouly, alias Marco Mouly, meilleur acteur de son propre rôle, dans Les Rois de l’Arnaque, avec sa chanson: La chanson de Marco Mouly | Les Rois de l’Arnaque | Netflix France.

Shiny_Flakes: The Teenage Drug Lord (2021 Netflix, Shiny_Flakes, le petit baron du dark net)

Vous aviez peut-être entendu parler de Silkroad, 1er cybermarché clandestin de stupéfiants, payables en bitcoin et cryptos, dont le fondateur de 28 ans, arrêté par le FBI lors de la saisie du site en 2013, a été condamné à perpétuité par un tribunal de New York. Voici l’histoire de sa copie allemande, Shiny Flakes.

Ce docu n’est pas le mieux réalisé, par rapport à d’autres grandes enquêtes, mais il permet de suivre les pérégrinations de Maximilian Schmidt, un lycéen qui crée tout seul dans sa chambre un site de vente à distance de stupéfiants, livrés par la Deutsche Post, tout en Bitcoin anonymes bien sûr. On accompagne l’investigation quasi en temps réel, puisque la saga judiciaire semble rebondir alors qu’on attendait la fin de l’histoire. A suivre donc…

Bitcoin Big Bang (2018, l’épopée de Marc Karpelès patron de MtGox) (youtube)

Excellent documentaire sur YouTube, Bitcoin Big Bang raconte l’improbable épopée de Marc Karpelès, patron de Mt.Gox.

Créé à l’origine fin 2006 comme une plateforme d’échange de cartes de jeu virtuelles (ancêtre des NFT) expliquant l’origine du nom Mt.Gox (« Magic: The Gathering Online eXchange »), le site s’est relancé le 18 juillet 2010 comme une des premières plateformes d’échange et stockage de Bitcoin. Repris en mars 2011, par le Français Mark Karpelès, qui a poursuivi son développement depuis le Japon où il vit, pour le hisser au 1er rang des plateformes de crypto, représentant 70% des échanges mondiaux de Bitcoin en 2014, le site est victime d’une « disparition » de 650.000 bitcoins !

Le plus fascinant dans ce documentaire est l’authenticité désarmante avec laquelle Mark Karpelès joue son propre rôle, si loin de l’attitude cynique et pleutre si commune aux escrocs. Mais est-il pour autant innocent ? On ne gâche pas le suspense de ce docu réalisé avant la fin du procès de l’affaire… Lire aussi notre article sur Deontofi.com :

Web of Make Believe : Death, Lies and the Internet (2022)
Version française: À l’ère des leurres: L’Internet du crime

Cette série documentaire en 6 épisodes publiée par netflix en 2022 est un peu fourre-tout en terme de choix éditoriaux, allant de la dissection des circuits de création-diffusion-amplification des théories complotistes et la réhabilitation d’adolescents repentis d’un endoctrinement suprémaciste blanc, aux victimes de harcèlement et « sextorsion de fonds », en passant par des histoires de fraudes et contre-fraudes.

Cette dernière partie nous a le plus scotché et appris des informations qui nous avaient échappées, avec des personnages et rebondissements rocambolesques, d’un niveau nettement plus intéressant que les « sympathiques pieds nickelés » des « Rois de l’arnaque » (Marco Mouly et la fraude TVA carbone).

Retenez ce nom, Daniel Rigmaiden. Pincé pour une première fraude, il en monte d’autres en cavale. On assiste à une incroyable partie de chat, où la souris esquive les agences fédérales à ses trousses. Le fisc lui tend un piège en participant « undercover » à une de ses propres fraudes fiscales, lui faisant miroiter 63 000 dollars en liquide. Mais la souris leur file sous le nez, avec leur fromage. Au terme d’un dispositif de méga-surveillance, le chat attrape la souris qui refuse de parler.

Retournement. La souris trouve le mandat de perquisition qui l’a fait plonger, bizarrement rédigé, et réclame des explications. Du fond de sa cellule, Daniel Rigmaiden décide de virer son avocat commis d’office, pour se défendre seul. Il passe ses journées à la bibliothèque de la prison pour préparer sa défense. Il soupçonne le chat d’avoir contre-fraudé pour pincer sa fraude. Un plus gros scandale éclate. Scénario classique de thriller à suspens hollywoodien, mais ce n’est pas de la fiction !

S1.E 5 The Stingray, Part 1

S1.E 6 The Stingray, Part 2

Finance politique (conflits d’intérêt, corruption, abus de pouvoir, marchés publics…)

Emmanuel, un homme d’affaires à l’Elysée

Boycotée et refusée par tous les médias traditionnels, tant privés que publics, esquivant les pressions et tensions avec le pouvoir, la série documentaire Emmanuel Macron à l’Elysée a été produite par le site d’enquête journalistique indépendant OFF Investigation, essentiellement par financement participatif. Nous avons soutenus leurs journalistes (et parfois renseignés avec nos éléments d’archive et contacts), vu et apprécié leurs films. Avec un peu de recul et de second degré, on se marre souvent, c’est un peu comme lire un Canard Enchaîné transposé sur petit écran.

Affaire Kohler, le scandale qui menace Macron

1/ Sur l’affaire du secrétaire général de l’Elysée d’Emmanuel Macron, lié à la famille possédant le transporteur maritime MSC, dont des bateaux ont été pincés plusieurs fois par les stups, et qui a fait son beurre sur les chantiers de l’Atlantique. https://www.off-investigation.fr/ep-01-affaire-kohler-le-scandale-qui-menace-macron/

https://www.off-investigation.fr/ep-01-affaire-kohler-le-scandale-qui-menace-macron/embed/#?secret=IrgWaScBY2

Le Monde, Macron agent double

2/ Dès 2010, alors qu’il participait à la rédaction du programme économique de François Hollande depuis la banque Rothschild, Emmanuel Macron avait oeuvré en coulisses pour faire tomber Le Monde entre les mains d’actionnaires proches de Nicolas Sarkozy. Ses vrais amis ? Avec l’excellente participation d’Adrien de Tricornot, confrère et ami ayant joué et gagné une partie de cache-cache hilarante, avec Emmanuel, futur président de la République.

Alstom, la France à vendre ?

3/ Pourquoi en 2014, les sphères politiques et médiatiques acceptent que Patrick Kron, alors PDG d’Alstom, vende 70% de ce groupe stratégique aux Américains de General Electric? Pourquoi le Président François Hollande, le Premier Ministre Manuel Valls, et le secrétaire général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron, s’opposent aux propositions d’Arnaud Montebourg, de bloquer la vente à General Electric ? Qui a touché et perdu dans cette affaire ?
Un must sur la collusion des élites françaises, à voir en complément des articles de notre consoeur Marie-Jeanne Pasquette sur le scandale Alstom à lire ici.

Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric

La barbouzerie d’Alstom a fait couler beaucoup d’encre, et tourner pas mal de documentaires. Comme indiqué par les journalistes-auteurs, David Gendreau et Alexandre Leraître, sur leur site :

Alors que le film est presque terminé, Along Production va démarcher les chaînes de télévision pendant 5 mois. Au final, c’est la chaîne LCP-Assemblée nationale qui se montrera la plus intéressée pour diffuser le documentaire en qualité de coproducteur. Une fois les ultimes travaux de post-production achevés, le film sera diffusé pour la première fois le 25 septembre 2017, sur LCP, à 20h30.

Ce documentaire a le mérite d’avoir été le premier du genre sur l’affaire Alstom, en y apportant un regard global sur les enjeux de guerre économique et judiciaire à l’oeuvre pour intimider ou corrompre.

Plus dispo sur LCP, mais visible sur Daylimotion à partir de la page https://www.guerrefantome.com/

Fictions contemporaines (XXIème Siècle)

The big short (2015) : la crise de 2008 dans l’oeil de 4 spéculateurs qui savaient

Sans aucun doute le meilleur film à ne pas manquer pour comprendre la crise bancaire, économique et financière de 2008, depuis le gonflement de la bulle des crédits subprimes dès 2005, jusqu’à la faillite des banques les plus spéculatives. Hilarant et instructif, nominé pour 4 Oscar (dont meilleur film de l’année), oscarisé pour la meilleure adaptation d’un livre, récompensé par 37 distinctions et 81 nominations.

The Big Short est un film américain, sorti en France la veille de Noël 2015. Surtitré « L’histoire vraie d’un pari fou » et sous-titré « Le casse du Siècle » en français, The Big Short raconte l’histoire des premiers investisseurs à avoir soupçonné le boom immobilier américain des années 2000 de cacher une gigantesque bulle frauduleuse, orchestrée par les banques pour leur profit, au détriment des emprunteurs à qui on cachait les risques de surendettement à taux variable, et au préjudice de tous les épargnants du monde (banques, assureurs, caisses de retraite), à qui on a refourgué ces prêts insolvables présentés comme des placements sûrs, avec la complicité d’agences de notation corrompues. Quand les emprunteurs n’ont plus pu payer, et que les banques et compagnies d’assurance ont bu la tasse, les fonds publics sont venus à la rescousse et les contribuables payent encore pour leur sauvetage, dont on n’a pas fini d’éponger les dettes.

A posteriori, tous les experts en rétro-prévision vous expliquent que c’était prévisible. Mais à l’époque, en 2005, mettre en doute le dogme du « tout va bien », martelé par les banques (frauduleuses), les agences de notation (corrompues), le président de la Réserve Fédérale (Fed) américaine Alan Greenspan, ou le Wall Street Journal, avec l’appui des armées de communicants et publicitaires à leur solde, relevait de l’hérésie, comme The Big Short le montre si bien à l’écran.

Si le film est scénarisé en comédie, aussi jubilatoire que pédagogique, jouée par des acteurs talentueux, les faits sont bien réels.

« The Big Short » est adapté du livre-enquête éponyme, sous-titré en anglais « inside the Doomsday machine » (littéralement « dans la machine de l’apocalypse ») du journaliste Michael Lewis. Fils d’avocat ayant débuté comme trader à la banque d’affaires Salomon Brothers, il avait fait un tabac en abandonnant vite cette voie pour en raconter les turpitudes dans son premier livre « Liar’s poker » (Poker menteur), en 1989.

Réalisé par Adma McKay (prolifique réalisateur, notamment « Don’t look up »), avec Christian Bale (Michael Burry), Ryan Gosling (Jared Venett), Brad Pitt (Ben Rickert) et Steve Carell (Mark Baum). https://www.imdb.com/title/tt1596363/

Durée 2h10, Visible sur Netflix, Amazon…

Margin call (2011, la crise boursière de 2008 vue de l’intérieur)

Récompensé par de multiples distinctions (8 prix, 24 nominations), Margin call se présente comme une immersion au sein d’une banque d’investissements américaine, impliquée à tous les niveaux de la bulle financière des années 2000, confrontés à la chute du système et leurs états d’âme d’y avoir contribué, à l’heure des appels de marge (margin call en anglais), c’est-à-dire l’augmentation des dépôts de couverture requis pour garantir les paris spéculatifs perdants quand ils se dégonflent.

Avec un tourbillon d’acteurs célèbres (Kevin Spacey, Demi Moore, Stanley Tucci…), ce film a la saveur des films d’auteurs (tourné en 17 jours avec 3,5 millions de budget) a été réalisé par Jeffrey McDonald Chandor alias J.C. Chandor.

Durée 1h47, visible sur Netflix, Amazon…

Comment un homme seul, à la carrière respectable de vice-président du Nasdaq, peut-il réussir la plus grosse escroquerie en pyramide de Ponzi du Siècle (€58 milliards), presque seul dans son coin, à la fois sous les projecteurs et à l’abri des regards ? C’est ce que raconte cette fiction documentée sur la vie et l’œuvre de Bernard Madoff, magicien du mensonge, « Wizard of lies » en anglais.

Wizard of lies (2017, l’histoire de Bernard Madoff, un Ponzi de 50 milliards !)

Wizard of lies, la vie et l’oeuvre de Bernard Madoff romancées par HBO, 2h13, 2017, de Barry Levinson (réalisateur de Rain Man, Wag the dog…), avec Robert de Niro (Bernie) et Michelle Pfeiffer (Ruth Madoff), et Harry Markopolos lui-même (le lanceur d’alerte dont la SEC n’a pas traité la dénonciation argumentée de Madoff).

La vie et l’oeuvre de Bernard Madoff romancées par HBO. https://www.imdb.com/title/tt1933667/

Durée 2h13, visible sur Netflix, OCS, Amazon, MyCanal…

Boiler room, (2000, décryptage d’une arnaque « à la bouilloire »)
Version française: Les initiés

https://www.rogerebert.com/reviews/boiler-room-2000

Ce petit film d’auteur a l’intérêt de ne pas faire du monde de la finance un grand spectacle, mais plus proche de son quotidien, un travail stimulant pour des jeunes en quête de gloire et de fortune qui suivent leur mentor trader, se font entraîner à travailler pour une bouilloire, c’est-à-dire du démarchage pour vendre des titres pourris ou coquilles vides à des investisseurs, afin de faire grimper les cours (voire bouillir !) en leur promettant des gains.

Sauf que le seul gagnant dans une bouilloire, c’est le vendeur qui arnaque tout le monde. A voir absolument pour comprendre l’embrouille des gérants de private-equity refourguant leur camelote sur Euronext Growth (ex-Alternext).

Parmi les médiathèques projetant ce film, il est notamment disponible aux voyageurs sur Qatar Airways.

King of Stonks (2022, ex-Cablecash)

Entre les faits résumant le gonflement suivi de l’écroulement communs à la plupart des fraudes financières, et leur réalité intime, il y a parfois un monde d’anecdotes et de rebondissements rocambolesques passés inaperçus à la lecture des journaux.

C’est sans doute le cas du scandale Wirecard. Vu de France, on a lu beaucoup de gros titres et d’enquêtes, ici ou là, sur le gonflement et l’écroulement de cette start-up comète, s’étant révélée une pure gonflette… comme tant d’autres avant elle (Le faux laboratoire Terramos aux USA, on attend le film… les clients Internet bidon de Gowex… le cœur révolutionnaire de Carmat… les factures imaginaires d’Altran… les EHPAD inventés d’Orpéa…)

Au démarrage de la série Cablecash, ne se souvenant pas de son nom dans les gros titres, on se demande si cette start-up a réellement existé. Non. Cablecash est bien une fiction, et même une caricature très réussie, de la vraie vedette du scandale des start-ups allemandes : Wirecard !

https://about.netflix.com/en/news/king-of-stonks-previous-title-cable-cash-from-july-6-on-netflix-new-series

Français

L’Enquête (Clearstream)

« L’Enquête », le film de Vincent Garenq avec Gilles Lellouche dans le rôle du journaliste Denis Robert, sorti le 11 février 2015, raconte le rôle de Clearstream dans le blanchiment d’argent sale, et ses représailles pour étouffer ce scandale.

Le mérite principal du film «L’Enquête», de Vincent Garenq avec Gilles Lellouche dans le rôle du journaliste Denis Robert, sorti le 11 février 2015, est de rendre accessible, intéressant et même divertissant un sujet complexe et abstrait lié aux arcanes de la finance internationale. Lisez ici la critique de Deontofi.com :

La fille de Brest (2016, corruption au sommet du Médiator, médicament tueur de Servier)

Irène Frachon, pneumologue au centre hospitalier de Brest, découvre une déficience sur une patiente traitée au Médiator 150mg, médicament du labo Servier qui s’avère un poison dangereux. Confrontée à ce fléau, elle enquête, scientifiquement, compare, étudie, médicalement. Lanceuse d’alerte, elle publie en 2010 « Mediator 150 mg : combien de morts ?« . Les estimations finale recensent entre 1500 et 2100 décès liés au Médiator, dont au moins 500 à 1000 morts confirmés par une étude de la Sécurité Sociale (CNAM).

Servier, le laboratoire pharmaceutique privé dont le patron éponyme arrosait ses protecteurs politiques (dont l’ex-président Nicolas Sarkozy), met tout en oeuvre pour discréditer la lanceuse d’alerte, à commencer par 4 procès en diffamation, avec la « caution scientifique » de l’autorité nationale de sécurité du médicament, ANSM (dont on a observé la complaisance).

Au terme du procès ouvert en 2019, Servier a été condamné en 2021, coupable de « tromperie aggravée » et condamné à payer 2,7 millions d’euros d’amende, quand l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), jugée pour avoir tardé à suspendre la commercialisation du Mediator, se voyait infliger une amende de 303 000 euros10,2. Servier a été condamné à indemniser l’ensemble des victimes déclarées à hauteur de 180 millions d’euros environ.

Parodies

Don’t look up (2021, Déni Cosmique)

Condensé des travers de la société du spectacle (politique, show-biz, big-tech…) menant le monde à sa perte, où comment l’extinction de l’espèce fait le buzz 😉

Ce n’est pas à proprement parler un film sur les arcanes de la finance et du business, car son sujet (environnemental) et son propos (les contradictions futiles d’une société mercantile incapable de se défendre de ses dérives) sont plus englobants.

Mais toute l’hypocrisie et la puissance des enjeux du business qui détruisent la société, et la rendent incapable de s’en défendre, sont parfaitement réalistes et suffisamment surréalistes pour nous faire rire de la fin de notre monde.

Fictions vintage (XXème Siècle)

Le Sucre (1978).

Un monument ! LE film culte pour les amateurs du genre, avec des dialogues mémorables, au rang des Tontons flingueurs. Une comédie hilarante sur les marchés spéculatifs et leur monde interlope, de Jacques Rouffio, avec une distribution d’acteurs à la hauteur du défi, dont Gérard Depardieu et sa réplique culte : »Y en n’a plus. Phénomène mondial ! »; mais aussi Jean Carmet, Michel Piccoli, Roger Hanin et Claude Piéplu. Le film raconte et décortique une bulle spéculative ayant réellement eu lieu sur le marché du sucre en 1974, ses effets secondaires (arnaques aux pigeons crédules) et le jeu d’accusations réciproques, entre les financiers au cynisme de mauvaise foi, et leurs superviseurs à l’hypocrisie maladive, pour déterminer les responsables de la crise (les tricheurs ou leurs superviseurs laxistes…). Comme avec la crise des subprimes 30 ans plus tard…

La banquière (1980)

Avec Romy Schneider dans le rôle titre, ce film de Francis Girod retrace l’ascension et la chute de la « banquière des années folles », librement inspirée par la vie de Marthe_Hanau.

Avec Romy Schneider, Marie-France Pisier, Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy , Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant, même le jeune Thierry Lhermitte…. Musique signée du maestro, Ennio Morricone. Nominations à la 6e cérémonie des César, nous rappelle Wikipedia : Meilleure photographie, Meilleurs décors, Meilleur montage et Meilleur son.

Wall Street (1987, Every dream has a price)

Symbole des années fric, le film d’Oliver Stone sort l’année d’un krach. On disait même « Le Krach » à l’époque, car Wall Street n’avait pas connu une telle panique boursière depuis 1929. Mais c’était avant les vrais krachs du XXIème Siècle (2001-2003, puis 2008-2009) bien plus violents.

Wall Street chronique les fraudes boursières (délits d’initiés, manipulations de cours…), et dégâts économiques et sociaux des LBO (Leveraged Buy-Out : rachat d’entreprise à crédit remboursé par la société rachetée) dans les 80s, à travers l’épopée du mythique Gordon Gekko, interprété par Michael Douglas, censé être composé de plusieurs personnes, incluant Owen Morrisey, Dennis Levine, Ivan Boesky, Carl Icahn, Asher Edelman (en), Michael Ovitz, Michael Milken et Lou Stone, père du réalisateur (selon Wikipedia). Le personnage de Sir Lawrence Wildman est inspiré du financier britannique Jimmy Goldsmith.

Le Wall Street de 1987 est bourré de vrais cyniques. Rien à voir avec la suite « Wall Street L’argent ne dort jamais », pourtant du même réalisateur, Oliver Stone, sorte de niaiserie bien-pensante post-krach de 2008, aux accents de « plus jamais ça » (en clair « prenez-nous pour des cons »).

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