Tous les placements n'ont pas la réputation qu'ils méritent. Certains son injustement délaissés, ou pas assez reconnus, quand d'autres bénéficient à tort d'une réputation sans rapport avec leurs risques et déceptions. (photo © GPouzin)

Une plateforme de prêts participatifs (crowdfunding) engloutit 7 milliards d’euros et ruine 900 000 épargnants, ça se passe en Chine, mais c’est un avertissement des risques pesant sur ce segment de la finance grise (shadow banking). Explications de Deontofi.com (photo © GPouzin)

Une plateforme de prêts participatifs entre particuliers et entreprises frauduleuses ruine 900 000 épargnants en escroquant 7 milliards d’euros, ça se passe en Chine, mais ne croyez pas que cela n’arrive qu’aux autres. La faillite de la start-up de crowdfunding Ezubao est un avertissement des risques pesant sur ce segment de la finance grise (shadow banking). Explications de Deontofi.com

Se passer des banques qui ne font pas leur travail de financement de l’économie, en mettant directement en relation les épargnants et les emprunteurs, ou les entreprises en manque de capitaux. C’est la belle idée du crowdfunding, le financement participatif, ou financement par la foule, rendue possible par l’explosion des réseaux sociaux et l’émergence de l’internet collaboratif. Mieux qu’un financement bancaire, le financement participatif rendrait tout le monde heureux : les emprunteurs ayant accès à des crédits moins coûteux et surtout moins contraignants en terme de démarches, justificatifs, sélection et garanties de remboursement; les particuliers obtenant une meilleure rentabilité de leur épargne en la mettant au service de l’économie réelle, le tout simplement grâce à ces plateformes dont la petite commission est bien inférieure à la marge d’intérêt et aux frais dont se gavent les banques.

Plus besoin de banques ! L’idée est séduisante et bénéficie d’un capital de sympathie indiscutable vis-à-vis du public enthousiaste. Qu’on en juge : 1,5 million de Français auraient prêté 85,2 millions d’euros, investi 24,3 millions d’euros ou soutenu un projet avec 23,7 millions d’euros de dons (dont 20 millions « avec récompense » c’est-à-dire contre un produit ou service), dans le cadre d’opérations de crowdfunding au premier semestre 2015, soit deux fois plus qu’au premier semestre 2014, selon le dernier baromètre de l’association Financement Participatif France.

Il faut dire que le financement participatif, qui était longtemps hors-la-loi au regard des réglementations financières, a bénéficié d’une réglementation allégée légalisant et facilitant son développement, comme Deontofi.com l’avait évoqué dès 2014.

« En France, l’ordonnance du 30 Mai 2014 et le décret du 16 septembre 2014 relatifs au financement participatif ont régulé le secteur du prêt et de l’investissement participatifs en instaurant deux statuts spécifiques (intermédiaire en financement participatif pour le prêt et conseiller en investissements participatifs pour l’investissement) qui permettent aux plates-formes respectant la législation de bénéficier d’un label. Le gouvernement a ainsi à plusieurs reprises affiché sa volonté de faire de la France le pays leader du crowdfunding, qui rencontre en effet particulièrement de succès dans l’Hexagone », explique ainsi le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur son site Internet.

Difficile dans ces conditions de mettre en garde les épargnants contre les risques d’arnaques au crowdfunding, sans passer pour un ringard réac défendant le pré-carré des banques. Les lecteurs de Deontofi.com savent bien que ce site d’information n’est pas complaisant avec les lobbies bancaires.

Le problème est que le crowdfunding, sous son visage sympathique, est aussi un boulevard facilitant l’accès de nombreux escrocs à l’épargne publique. Il suffit de s’inventer un projet écolo, ou techno, ou d’entrepreneuriat social dans la tendance du moment, ou au contraire miser sur l’appât du gain avec un mirage immobilier ou n’importe quel château en Espagne, pour convaincre les épargnants confiants de donner leurs économies en échange d’une promesse de rendement élevé pour couronner le tout.

La recette est d’une banalité aussi affligeante qu’efficace, car c’est bien la même qui a permis à la plateforme de financement participatif chinoise Ezubao de collecter 7 milliards d’euros auprès de 900 000 épargnants, en leur promettant des taux d’intérêt entre 9% et 14,5% sur des prêts à d’improbables entreprises fictives.

Près d’un million d’épargnants ne reverront jamais leur argent

L’arrestation du fondateur d’Ezubao, le jeune Ding Ning (34 ans) et d’une vingtaine de ses employés, à Pékin dimanche 29 janvier 2016, a révélé au monde que tout était faux. La start-up était devenue leader chinois du financement participatif en dix-huit mois, à grand renfort de publicités, en engloutissant l’épargne de ses derniers pigeons pour entretenir l’illusion de rentabilité promise aux pigeons précédents dont le capital ne serait jamais remboursable. Quand cette spirale n’a plus trouvé assez de pigeons pour s’entretenir, elle s’est écroulée.

C’est ce qu’on appelle un système d’épargne pyramidal, ou encore système de Ponzi, redevenu célèbre au XXIème Siècle grâce aux prouesses de Bernard Madoff, incontestable recordman de l’escroquerie pyramidale.

Encore une fois, Deontofi.com n’est évidemment pas opposé aux vertus du crowdfunding. D’ailleurs, qui peut l’être ? Mais notre devoir est de mettre en garde les épargnants sur les risques de déceptions liées aux espoirs qu’ils fondent sur le financement participatif, car beaucoup ne reverront jamais leur argent ni même les intérêts ou formidables gains promis.

Lire ici notre dossier complet : Escrocs du trading forex et arnaques aux placements bidon : sommaire et forum Deontofi.com

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2 commentaires

  1. de Froissard, le

    Bonjour

    Pour faire suite à toutes ces questions concernant une alternative intéressante aux marchés financiers (souvent truqués par le THF) nous avons créé un Mandat d’Accompagnement au Crowdfunding.
    Nous aidons les personnes à sélectionner les bons projets (principalement obligataires).

    Cela passe par :
    – un profil de risque (absent sur les plateformes)
    – une durée de placement choisie
    – une aide fiscale
    – une aide juridique (l’argent est il commun, propre, ma société peut-elle investir conformément aux statuts ?….)

    Le client nous règle une part fixe te une part variable issue de la performance. Mais souvent ça ne lui coûte rien car les éventuelles rétrocessions lui reviennent directement par la plateforme ou si nous les encaissons elle sont déduites de la facturation du Mandat.

    Une relation gagnant-gagnant en somme !

  2. philou, le

    J’ai participé fin janvier par l’intermédiaire du site wiseed au financement d’une startup (agronergy) dont le business est la conception de chauffages collectifs avec l’utilisation de la biomasse agricole.

    La baisse prolongée du pétrole risque de rendre leur démarche beaucoup moins compétitive.
    Le management me semble sérieux, mais les vents sont subitement contraires.

    On verra….J’ai la déduction fiscale (18%) d’acquise…restent 82%.

    Bonne suite à vous

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