Oui, les options binaires sont des supports d’escroqueries au trading, dont l’autorité boursière européenne tente de restreindre les ravages ! Mais peut-on refermer la porte ouverte aux escrocs par la déréglementation des marchés et des services de paiement ? (photo © GPouzin)

Enfin ! L’Europe réglementaire au service des citoyens découvre les ravages de l’Europe libérale au service des lobbies d’affaires qui ont ouvert, bien malgré eux, le boulevard des escroqueries au trading sur Internet.

Les escroqueries au trading Forex, et celles qui ont suivi avec les livrets bidon en diamants ou les bitcoins et autres crypto-monnaies, n’existaient pas il y a dix ans. Certes, il y en avait bien d’autres, notamment les lettres et manuscrits d’Aristophil ou les panneaux solaires de DomTomDéfisc, mais elles se propageaient moins vite, principalement par le bouche à oreille entre amateurs de tuyaux percés, ou par le biais de conseillers en gestion de patrimoine incompétents ou crédules. Les arnaques au trading et autres carambouilles aux placements bidon sur Internet relèvent d’une industrie de l’escroquerie en bande organisée ayant exploité une faille créée par l’Europe elle même : la libéralisation concomitante dans le domaine financier (directive Mif) et bancaire (directive services de paiement, celle ayant créé les fameuses cartes bancaires anonymes et autres intermédiaires en services de paiement).

Inexistants il y a dix ans, les sites d’arnaque aux placements pillent l’Europe des épargnants

Et d’un coup, à partir des années 2010, l’Europe est devenue l’eldorado des escroqueries au trading, puis aux livrets bidon vaguement liés aux diamants, et enfin depuis quelques mois, le tsunami des arnaques aux Bitcoin et autre crypto-monnaies.

Deontofi.com a été un des premiers média, sinon le premier, à dénoncer ces escroqueries avec vigueur dès 2013, dans le sillage des mises en garde des épargnants par l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Institut national de la consommation (INC).

Il est maintenant de notoriété publique que tous ces sites de trading, qu’ils aient un agrément chypriote ou non, relèvent d’une industrie de l’escroquerie de grande envergure, à laquelle Le Monde a fini par consacrer un reportage en couverture du quotidien du 28 février 2018.

Il est malheureusement difficile de faire totalement marche arrière, voire impossible de refermer la porte une fois qu’elle a été ouverte aux escrocs. Mais dans un effort louable de rétropédalage, l’Autorité européenne des marchés financiers ESMA ( European Securities and Markets Authority) vient d’annoncer des mesures autorisées par la directive Mif2, en vigueur depuis janvier 2018, permettant de restreindre encore la commercialisation des produits financiers les plus spéculatifs auprès des particuliers.

Des restrictions pédagogique qui n’arrêteront pas les arnaques au trading

Bien qu’elle soit d’une portée modeste, la mesure de restriction annoncée a une grande valeur pédagogique, car elle devrait au moins permettre de marteler et répéter encore plus fort que ces produits sont des arnaques, et que tous ceux qui en font la promotion sont des escrocs, puisque leur promotion est interdite autant que leur commercialisation sera restreinte.

Cette mesure n’arrêtera malheureusement pas les escroqueries, de même que l’interdiction du démarchage n’empêche pas des sociétés comme Trade24, UFX ou Alvexo de se livrer à un démarchage téléphonique pour tenter de séduire des vieilles dames et d’autres épargnants n’ayant rien demandé. Heureusement Deontofi.con passait par là pour les en empêcher. Mais combien  d’autres se sont fait arnaquer ? Lors d’une réunion en 2016, le procureur de la République de Paris François Molins évoquait un préjudice de ces escroqueries évalué à 4 milliards d’euros en France. L’article du Monde évoque 4,5 milliards volés aux épargnants français.

Malheureusement, d’autres arnaques sont en préparation. Attention aux applications de paiement et à la vulnérabilité des téléphones portables ! Les tiers prestataires en services de paiement (TPSP) sont probablement un des prochains maillons faibles qui sera exploité par les escrocs pour plumer des millions de victimes innocentes. Déjà beaucoup de banques refusent d’appliquer la loi lorsque des victimes de fraudes CB avec piratage ou falsification du code d’authentification envoyé par la banque en SMS non sécurisé. Esquiver les escroqueries devient la première chose à apprendre à vos enfants, mais aussi à vos parents et vos amis, pour gérer et faire fructifier les économies dont ils auront tant besoin à l’avenir.

La vocation de Deontofi.com est d’aider ses lecteurs à distinguer et hiérarchiser les bons et les moins bons placements, à faire le tri entre les plus fréquentables, ceux dont les mesquineries agacent, les pas très clairs, et la litanie des arnaques et escroqueries à éviter purement et simplement.

Deontofi.com reproduit ci-dessous le communiqué de l’AMF.

Communiqués de presse AMF : 2018

Options binaires, CFD : l’AMF informe les investisseurs et les professionnels de mesures d’interdiction ou de restriction à la commercialisation décidées à l’échelle européenne

Publié le 27 mars 2018

Avec l’objectif de protéger les investisseurs particuliers, l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF ou ESMA en anglais) a décidé de mettre en œuvre des mesures d’intervention permises par le nouveau cadre règlementaire relatif aux marchés d’instruments financiers (MIF 2). En France, ces mesures s’ajouteront au dispositif prévu dans le cadre de la loi Sapin II.

A l’occasion de son Conseil du 23 mars dernier, l’ESMA a convenu de mesures relatives à la fourniture de contrats sur différence (CFD) et d’options binaires aux investisseurs de détail dans l’Union européenne (UE).

S’agissant des options binaires, l’ESMA a convenu d’une interdiction de la commercialisation, de la distribution ou de la vente d’options binaires aux investisseurs de détail.

S’agissant des contrats sur différence, elle a décidé d’une restriction sur la commercialisation, la distribution ou la vente de certains CFD aux investisseurs de détail. Cette restriction se traduit par :

  • des limites à l’effet de levier dont une limite spécifique pour les CFD sur les crypto-monnaies ;
  • une règle de clôture par compte dès lors que la marge excède un certain niveau ;
  • l’impossibilité pour un compte d’afficher un solde négatif ;
  • l’interdiction pour les fournisseurs de CFD d’inciter le public à l’investissement dans ces produits ;
  • un avertissement sur les risques attachés aux produits autorisés.

Après traduction et une fois publiées au Journal officiel de l’UE, ces mesures commenceront à s’appliquer dans un délai d’un mois dans le cas des options binaires et de deux mois dans le cas des CFD. Conformément au règlement européen sur les marchés d’instruments financiers MiFIR, l’ESMA peut uniquement introduire des mesures d’intervention temporaires sur une base trimestrielle. Avant la fin de ces trois mois, l’ESMA examinera la nécessité de prolonger ces mesures pour une nouvelle période de trois mois.

Depuis plusieurs années maintenant, l’Autorité des marchés financiers (AMF) multiplie les actions pour alerter le grand public sur les dangers de l’investissement dans certains produits risqués. Elle accueille donc très favorablement l’initiative de l’ESMA. En France, ces mesures d’interdiction ou de restriction à la commercialisation viendront compléter le dispositif existant d’interdiction de la publicité électronique sur les produits les plus risqués. Inscrite dans la loi dite Sapin II, cette mesure d’encadrement des communications à caractère promotionnel sur les contrats hautement spéculatifs et risqués est entrée en vigueur en janvier 2017.

A propos de l’AMF
Autorité publique indépendante, l’AMF est chargée de veiller à la protection de l’épargne investie en produits financiers, de fournir aux investisseurs une information adéquate et de veiller au bon fonctionnement des marchés. Visitez notre site www.amf-france.org

Retrouvez ici le communiqué de l’Autorité des marchés financiers sur son site web.

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