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Combien existe-t-il de crypto-monnaies dérivées du Bitcoin ou portant son nom ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises…

Epilogue de l’épisode précédent : l’épopée de gouvernance des blockchains est balbutiante. Et son impact sur les crypto-fans concernés variable : heureux ou malheureux selon les gagnants ou perdants. Mais l’épisode des tensions entre adeptes de solutions divergentes au sein de la blockchain Bitcoin, autour de l’adoption de Seg Wit avec rejet de Segwit 2X, a engendré un autre destin : la multiplication des bébés Bitcoin.

Difficile de s’y retrouver si l’on veut juste comprendre l’univers des crypto, et guère moins pour les investisseurs ou utilisateurs de Bitcoin débutants, qui achètent parfois des copies, refusées comme moyen de paiement et n’ayant pas les mêmes marchés et valeurs que l’original.

Après la lecture de l’aventure Segwit 2X, on s’interroge sur le destin des divergences de solutions techniques au sein des adeptes de la blockchain Bitcoin. N’y a-t-il toujours qu’un seul Bitcoin ? Non bien sûr. On avait déjà entendu parler du Bitcoin Cash, issue d’une de ces scissions. Mais combien y en a-t-il aujourd’hui ?

Reprenons la chronologie, notamment avec l’aide d’Investopedia (site de pédagogie financière grand public mais sérieux édité par le premier éditeur américain de magazines et de sites d’information Dotdash Meredith.

Rappelons en préambule, qu’il existe deux types d’aiguillages (fork) : soft fork (mise à jour compatible) et hard fork (scission forcée). Une soft fork actualise le protocole de la blockchain en gardant une compatibilité entre les anciens et nouveaux blocs, sans changer la cryptomonnaie. Une hardfork est un changement de protocole dans la blockchain rendant les anciens et nouveaux blocs incompatibles, créant donc une nouvelle cryptomonnaie dans la nouvelle branche de la blockchain, distincte de l’ancienne cryptomonnaie dans la blockchain d’origine.

« Lors d’un hard fork, le logiciel qui met en œuvre le bitcoin et ses procédures d’extraction est mis à niveau. Lorsqu’un utilisateur met son logiciel à niveau, cette version rejette toutes les transactions de l’ancien logiciel, créant ainsi une nouvelle branche de la blockchain. Toutefois, les utilisateurs qui conservent l’ancien logiciel continuent de traiter les transactions, ce qui signifie qu’un ensemble parallèle de transactions a lieu sur deux chaînes différentes », explique Investopedia.

Bitcoin XT (2014)

Bitcoin XT a été l’une des premières scission du bitcoin. Alors que la version précédente du bitcoin ne permettait pas plus de sept transactions par seconde, Bitcoin XT visait 24 transactions par seconde. Pour y parvenir, il a proposé d’augmenter la taille des blocs d’un mégaoctet à huit mégaoctets. Bitcoin XT a connu un succès de démarrage, avec plus de 1 000 nœuds exécutant son logiciel à la fin de l’été 2015. Mais le soufflé est vite retombé, abandonné par ses utilisateurs. Bitcoin XT a disparu du radar, comme son site Web d’origine.

Bitcoin Classic (2016 – BXC)

Malgré le déclin de Bitcoin XT, certains membres de la communauté souhaitant augmenter la taille des blocs, un groupe de développeurs a lancé Bitcoin Classic début 2016, avec des blocs de seulement deux mégaoctets (contre 1 pour BTC). Bitcoin Classic a connu un intérêt initial, avec environ 2 000 nœuds en 2016 et reste en service, mais très marginal. Il cotait un peu plus de 2 centimes d’euro le 13/7/22, pour une capitalisation de 14 000 euros.

Bitcoin Unlimited (2016)

Bitcoin Unlimited a aussi été lancé début 2016 par des développeurs n’ayant pas précisé quel type d’aiguillage (fork) il nécessiterait. Il se distinguait en permettant aux mineurs de choisir la taille des blocs qu’ils acceptaient sur leur nœud (j’vous jure), dans la limite de 16 mégaoctets (quand même !). Malgré un succès d’estime, Bitcoin Unlimited n’a pas réussi à s’imposer.

Segregated Witness (SegWit – BTC)

Pieter Wuille, développeur de Bitcoin Core (le logiciel libre original de minage et transactions de Bitcoin), a présenté l’idée de Segregated Witness (SegWit) fin 2015, visant à réduire la taille de chaque transaction pour augmenter la vitesse et les capacités de transaction. SegWit était techniquement un soft fork qui a pu aider à provoquer des hard forks après sa proposition initiale.

Bitcoin Cash (2017 – BCH)

En réplique à SegWit, des dissidents de la blockchain Bitcoin ont lancé un hard fork pour esquiver les mises à jour du protocole SegWit. A partir d’août 2017, les clients et mineurs ayant adopté le protocole Bitcoin Cash, qui refuse le protocole SegWit mais autorise des blocs de 8 Mo, se sont retrouvés dans une blockchain parallèle à celle du Bitcoin, dont les porte-monnaies de Bitcoin Cash rejetaient des transactions et blocs de bitcoins « SegWit » incompatibles.  

Bitcoin Cash a néanmoins prospéré grâce au soutien médiatique de nombreuses personnalités et plateformes de la communauté crypto. Hissé au 11ème rang des crypto à l’été 2021, il est retombé au 30ème rand à l’été 2022, cotant moins de 100€ pour 1,9 milliard de capitalisation.

Bitcoin SV (Sathoshi Vision) (2018 – BSV)

Le Bitcoin SV (BSV) est né en novembre 2018 d’une hardfork du Bitcoin Cash (BCH), lui-même né un an plus tôt d’une hardfork du Bitcoin (BTC). Autrement dit le Bitcoin SV est un petit-fils du Bitcoin… qui revendique pourtant un attachement plus pur que les autres à la vision du « créateur », comme l’indique son nom « Sathoshi Vision », et sa revendication d’être « le Bitcoin original », sinon « le Bitcoin d’origine ». Avouez que c’est perturbant pour les croyants ne sachant plus à quel Bitcoin Dieu se vouer…

Le Bitcoin SV cote un peu plus de 50€ avec une capitalisation de 990 millions (au 15/7/22) le plaçant au 49ème rang des cryptomonnaies, selon le site Coinmarketcap.

Le BSV s’est fait connaître par sa vulnérabilité aux « attaques 51% », une autre subtilité de la gouvernance des blockchains qui peuvent être bloquées, violées ou détournées par n’importe quel groupe de mineurs contrôlant la majorité du « hash rate » (capacité de minage ou « proof of work ») d’une blockchain. Apparemment BSV a déjà subi plusieurs « 51% attacks ».

Bitcoin Gold (2017 – BTG)

Alors qu’on pouvait miner des Bitcoins avec un ordinateur personnel, au début, c’est vite devenu impossible face aux contraintes exponentielles du minage et l’arrivée de circuits intégrés spécifiques aux applications (ASIC) créés spécifiquement pour le minage professionnel, rendant le minage à la maison illusoire.

En octobre 2017, les créateurs du Bitcoin Gold ont visaient à rétablir la fonctionnalité de minage avec des cartes graphiques (GPU) de base. Une spécificité du Bitcoin Gold était une  » pré-mine « , un processus par lequel l’équipe de développement a miné 100 000 jetons après que cette scission ait eu lieu, dont une partie placées en  » dotation « , destinée à financer l’écosystème de Bitcoin Gold et ses développeurs. Le bitcoin gold adhère à de nombreux principes de base du bitcoin mais diffère par l’algorithme de preuve de travail (PoW) qu’il exige des mineurs, et donc incompatible avec le « vrai » Bitcoin.

Il cote 15€ pour 17,5 million de BTG en circulation, soit 262 millions de capitalisation (13/7/22), au 102ème rang des cryptos, selon CoinMarketCap.com.

D’autres « Bitcoin » parallèles ont vu le jour sans être des scissions de la blockchain Bitcoin, mais plutôt des « customisations » ou « emballages » du Bitcoin BTC.

Wrapped Bitcoin (2019 – WBTC)

Ce « Bitcoin emballé » est un « Bitcoin tokenisé » selon investopedia. Si on comprend bien, ce serait une sorte de crypto dans la blockchain Ethereum (ETH) dont le « sous-jacent » serait le vrai Bitcoin lui-même (BTC). Il y aurait ainsi près de 250 000 WBTC en circulation, représentant autant de Bitcoins (donc comptés 2 fois), pour une capitalisation de 4,9 milliards au quasi-même cours que l’original (19 648$ le 13/7/22 17h43 GMT), au 17ème rand des crypto, en total doublon avec les BTC « tokenisés » en WBTC. On pourrait, selon les promesses n’engageant que ceux qui les croient, « convertir des BTC en WBTC et vice-versa via des changeurs-dépositaires spécialisés ». En gros vous déposez vos BTC contre des WBTC qu’on promet de vous rendre contre vos WBTC à la sortie. Oulala…

Bitcoin BEP2 (2019 – BTCB)

Bitcoin BEP2 (BTCB) est « un stablecoin lancé par Binance en juin 2019. Soutenu par les réserves de bitcoin (BTC), BTCB est indexé sur le prix du BTC », nous apprend le site Currency.com. Donc même principe que le précédent, une copie-miroir « gagée » par des BTC « conservés », en l’occurrence par le courtier Binance… Ce BTCB cote donc l’équivalent d’un BTC (20 000€ et qq le 15/7/22) avec une capitalisation de 2 milliards pour un peu plus de 100 000 BTCB émis (en doublons des BTC « convertis-conservés »), au 205ème rang des cryptos.

Dans le même genre on trouve un « RSK Smart Bitcoin » (RBTC), au 318ème rang des cryptos. Il cote aussi 1 BTC avec une capitalisation de 63 millions , soit environ 20 000 Bitcoins « tokenisés » en « stablecoin » via la plateforme RSK se présentant comme « la première plateforme de contrats intelligents à usage général sécurisée par le réseau Bitcoin ».

Bitcoin Standard Hashrate Token (2021 – BTCST)

Qui c’est celui-là ? « Le Bitcoin Standard Hashrate Token, ouBTCST pour les intimes est un token représentant une part de la puissance de calcul de la blockchain Bitcoin. En effet,1 BTCST est équivalent à 0.1 TH/s. En plus d’apporter de la liquidité au mining en offrant un tout nouveau marché pour les miners, ce token ouvrira le secteur du mining au plus grand nombre. Comment ? Tout simplement grâce au stake to mine », explique un partenaire du courtier Binance ayant lancé ce produit.

« Le stake to mine vous permet de staker vos tokens BTCST pour réclamer en retour les récompenses de mining que vous auriez obtenu avec une telle puissance de calcul si vous étiez un mineur. Nous avons donc là, la naissance d’une forme de cloud mining tirant partie du meilleur de la tokénisation tout en étant soutenue par Binance », poursuit ce porte-parole de Binance. Ce Bitcoin Standard Hashrate Token BTCST cotait 7,77€ pour une capitalisation de 95 millions le plaçant au 193ème rang des cryptos, au 15/7/22.

On croit rêver… En tout cas, vous avez compris que ce Bitcoin n’a rien à voir avec les Bitcoins eux-mêmes en tant que crypto-jetons, mais qu’il serait plus ou moins un « produit dérivé » pariant sur le « marché » du minage de Bitcoin. On ne le compte donc pas parmi les bébés du Bitcoin, c’est plutôt un petit cousin de leur mère, la comm’, un neveu de Binance.

Foire aux coins sans fin

Cette foire aux coins semble sans fin, tant l’imagination des vendeurs de rêves semble illimitée. En cliquant « charger plus » (plusieurs fois) en bas de la liste des 100 principales crypto-monnaies recensés sur le site CoinMarketCap.com, vous arrivez vite à plus de 1 000 crypto-jetons concurrents.

Parmi eux on croise encore de nombreux jetons utilisant le nom « Bitcoin », tel « Bitcoin Diamond » (BDC), au 483ème rang avec 30 millions de capitalisation pour un cours de 16 centimes d’euro (15/7/22) ; Bitcoin 2 (BTC2) au  821ème rang, cote 41 centimes pour 7,4 millions de capi ; Bitcoin Private (BTCP), 993ème crypto cote 80 centimes pour 3,8 millions € ; Oxbitcoin (OxBTC), 1150ème, cote 24 centimes pour 2,4 millions $ de capi ; BitcoinZ (BTCZ) 1175ème rang, cote environ 2 centièmes d’un centime d’euro (il en faut 10 000 pour 1,9 euro), avec 2,16 million de capitalisation ;  Bitcoin Atom (BCA), au 1252ème rang, cote environ 9 centimes d’euro, avec 1,6 million de capitalisation ou encore Lightning Bitcoin (LBTC), 1412ème cote 28 centimes pour 1 million d’euros de capitalisation (15/7/22) ; Bitcoin Plus (XBC) au 1676ème rang, cote €2,95 pour 550 000 euros de capitalisation ; suivi par un BitcoinHD (BHD), au 1681ème rang des cryptos avec un cours de 7,7 centimes pour 467 000 euros de capitalisation…

Le millième crypto affiche une capitalisation de 3,7 millions d’euros, et ils ont des capitalisations supérieures à 1 million d’euros jusqu’au 1435ème. Belle affaire pour leurs inventeurs, promoteurs et vendeurs. On a arrêté de les compter après

Que deviennent les crypto-monnaies fourchées ?

Une question à laquelle on trouve difficilement la réponse sur Internet est « que deviennent mes cryptos en cas de hardfork ? ». Certaines réponses disent « vous aurez le double de crypto : 1 nouveau crypto-coin pour chaque ancien crypto-coin détenu », ce qui serait en gros le système des actions « gratuites », pas vraiment gratuites, puisqu’elles diluent la capitalisation par le nombre d’actions, réduisant la valeur « intrinsèque » de chaque titre. Malgré tout ça reste plus simple pour les cryptos, puisqu’il n’y a aucune « valeur intrinsèque » derrière chaque titre. D’autres réponses indiquent « ça dépend », précisant que « si tout le monde accepte la mise à jour du nouveau code il n’y aura plus personne sur l’ancienne blockhain ».

En résumé : difficile de savoir à quelle sauce vos cryptos seront « fourchées ».

Sommaire: Bitcoin, saga d’une grande illusion (intro)
1- Le Bitcoin contre l’argent-dette
2- Bitcoin : l’actif sans passif
3- Cryptomonnaies, potentiel d’utilité réel
4- Bitcoin-dette et crypto-banks
5- Vols, pertes : 3 millions de Bitcoins disparus + 7,8 milliards volés en 2021
6- Faille méconnue de la blockchain: crypto risque surprise
7- Quand les cryptos déraillent : le piratage DAO brise la blockchain Ethereum
8- Les cryptos déraillent: 280 millions piégés par erreur de codage
9- Hardfork : le Bitcoin cherche à quelle blockchain croire
10- Hardfork : 7 bébés Bitcoin et des copies dérivées de l’original
11- Milliards de pertes et désolation au cimetière de Cryptoland

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