Chaque année, le rapport de la médiatrice de l’Autorité des marchés financiers (AMF) est l’occasion de passer en revue les sources de litiges et de réclamations des épargnants. Si les erreurs et les éventuelles fautes de professionnels sont à l’origine de certaines déceptions des épargnants, elles sont généralement sans commune mesure avec les ravages des arnaques pures et simples qui se propagent comme une épidémie par Internet.
2/ Les arnaques toujours en tête des réclamations auprès du gendarme boursier
A premier abord, on pourrait se rassurer d’assister à une baisse des réclamations liées aux arnaques du trading Forex et autres options.
- Les demandes relatives aux litiges sur le Forex ont très nettement diminué et amplifient la baisse déjà constatée en 2016. Avec 55 dossiers reçus visant des sociétés agréées (tandis que 43 cas ont été réorientés vers le procureur de la République, les entités étant illégales), il s’agit d’une chute de 50% par rapport à l’année précédente qui atteste de l’impact de la mobilisation du régulateur pour lutter contre ce phénomène. A ce titre, l’année 2017 aura vu l’entrée en vigueur de la mesure prévue dans la loi Sapin II interdisant la publicité sur les produits les plus toxiques. Cependant, les 27 dossiers de particuliers reçus en matière de diamants d’investissement révèlent un possible déplacement des tentatives d’escroquerie. Aucun professionnel de ce secteur n’étant à ce jour autorisé par l’AMF, comme il se doit désormais de l’être depuis mai 2017, le médiateur ne peut utilement intervenir, puisque ces saisines relèvent dès lors du pénal.
Certes, les efforts de pédagogie des autorités financières, conjugués aux alertes de Deontofi.com pour dénoncer l’industrie des escroqueries au Forex, semblent porter leurs fruits. Même si les sites de trading s’abritant derrière un agrément chypriote, à l’origine de 85% des arnaques de sites agréés, continuent de faire de la résistance.
La médiatrice de l’AMF note ainsi une forte diminution des réclamations portant sur des arnaques au trading Forex, de 172 réclamations en 2016 à 98 dossiers reçus en 2017 (55 concernant des sites de trading ayant des agréments, notamment chypriotes, et 43 concernant des sites illégaux pour lesquels les réclamations sont réorientées vers le procureur de la République en charge d’une enquête sur cette escroquerie tentaculaire). Mais la violence mentale de ces escroqueries reste inouïe, on parle de méthodes sectaires.
Aucune indulgence n’est possible avec les escrocs du trading. Ils n’ont pas le droit de vous téléphoner, Deontofi.com vous invite à être très très mal élevés avec tous les démarcheurs en trading, afin de les dissuader de vous démarcher, en leur criant très fort dans les oreilles, puis bloquer leur numéro sur votre téléphone. Bien sûr pensez à enregistrer les conversations avec ces escrocs et toutes preuves de leur illégalité. Répétons-le, ils n’ont pas le droit de vous appeler. La loi française le leur interdit. Dès lors qu’ils ne respectent pas nos lois, ils ne méritent aucun respect, verbal en tous cas. Le rapport du médiateur de l’AMF encourage d’ailleurs les épargnants en contact avec ce type d’énergumènes à conserver des preuves de tout, par tous moyens.
Parmi les détails de ces escroqueries au trading, la médiatrice de l’AMF donne un coup de projecteur dans son rapport annuel 2017 sur deux supercheries très répandues dans ces arnaques: les bonus et le « trading social ».
Le « trading social », ou « social trading », encore appelé « copy trading » est une supercherie popularisée notamment par des campagnes de publicité agressives pour l’application eToro, dont Deontofi.com avait dénoncé les fumisteries dès 2015.
Face à cette déferlante de pillards de l’épargne, l’interdiction de la publicité pour le trading Forex, en vigueur en France depuis décembre 2016, pourrait être suivie d’une tentative d’interdiction pure et simple de ce commerce en Europe.
Tout ceci concourt au tassement des réclamations liées aux escrocs du trading, mais comme l’observe la médiatrice de l’AMF, on peut craindre que cette source d’escroquerie ne se soit pas tarie mais simplement déguisée autrement, comme Deontofi.com le dénonce régulièrement. En ajoutant les 27 réclamations de victimes d’arnaques au diamants, sans compter la vague suivante des arnaques au Bitcoin et autres crypto-jetons (communément appelés crypto-monnaies pour faire croire à leur valeur illusoire), on peut dire que la baisse en trompe l’œil des réclamations sur le trading reçues par l’AMF dissimule mal le Tsunami des arnaques aux placements bidon déferlant tous les jours sur Internet avec la complicité des grands médias sociaux et moteurs de recherche comme Yahoo, Google et Facebook.
« Malheureusement, la courbe ascendante du nombre des victimes de placements en diamants assortis de promesses de rendement financier mirifiques, s’est croisée avec celle descendante des victimes du Forex. Plus grave, la médiation dans le cas du placement en diamant ne peut rien faire car les professionnels en cause ne sont pas, comme en matière de Forex, des sociétés agréées, le plus souvent à Chypre, pays membre de l’Union européenne, mais de simples fausses sociétés prête-noms, avec de fausses adresses et qui ont simplement disparu avec l’argent… », confirme la médiatrice de l’AMF dans son rapport 2017. (p.2)
S’agissant de ces placements en diamant, l’AMF a réagi très vite, puisqu’en quelques mois, elle a obtenu de la même loi Sapin 2, que lesdites sociétés faisant de telles propositions soient préalablement autorisées par le régulateur et ce, depuis le 17 mai 2017. À ce jour, aucun site internet (et ils sont plus d’une centaine, à cette même date, à s’être créés) ne dispose d’une telle autorisation. Les services du procureur poursuivent leurs investigations puisqu’il s’agit là d’une infraction pénalement constituée. (p.3) L’article 79 de la loi Sapin 2 a introduit une évolution du régime de l’intermédiation des biens divers, et l’article 550-1-II du code monétaire et financier a modifié le règlement général de l’AMF et conduit l’AMF à publier une instruction DOC-2017-06 qui interdit toute promotion de placements en biens divers sans un agrément préalable.
Comme Deontofi.com a aussi été un des premiers médias à le dénoncer sans ambiguïté face à l’esbroufe médiatique du Bitcoin à l’automne dernier, la médiatrice de l’AMF confirme notre analyse que toutes les publicités et propositions d’investissement dans de prétendu crypto-placements sont bel et bien des arnaques.