Revue de quelques questions traitées dans le cadre de nos interviews sur BFM Business TV.
1- On me propose des produits structurés CLN à rendement fixe pour la trésorerie, quelle différence par rapport aux placements classiques de cette catégorie ?
Philippe
Rappel EMTN, CLN. Les risques de ces derniers sont plus radicaux, car on-off selon incident de crédit. Ils sont souvent mal conseillés et leurs risques sous-estimés par les vendeurs CGP et en partie minimisés par la communication promotionnelle avec des exemples de scénario négatif irréalistes. L’affaire des CLN Rallye qui ne cesse de prendre de l’ampleur, avec la perquisition du domicile du président de Casino-Rallye et du siège de la société, ainsi que des locaux de l’éditeur de conseils boursiers Nicolas Miguet.
+ de nouvelles décisions de justice favorables aux victimes de ces placements :
- l’an dernier condamnation d’un CGP par la commission des sanctions 18 -3 -2021 sur les conditions de vente de CLN Abengoa
- Un cabinet de conseil en placements a aussi été condamné, avec son assureur RCP, à indemniser des clients trompés par des CLN Abengoa, par un jugement du tribunal du Mans obtenu l’été dernier par NLV-HFP.
- Un autre cabinet de CGP vient d’être condamné à indemniser cette fois des clients « professionnels », puisqu’il s’agissait d’une PME dont les CGP avaient placé la trésorerie dans ces CLN infernaux ayant tout perdu, par un jugement du TC de Paris du 2 juin 2022.
2/ Quelle différence entre un investissement immobilier classique et sous forme d’action d’une société immobilière ?
Christine
De plus en plus de propositions d’investissements dits « alternatifs » se font par le biais de fonds dits « non coté », ou « private equity », dans le jargon financier.
Les conditions de ventes de ces placements sont souvent en infraction avec les obligations réglementaires. Surtout, les performances annoncées des investissements non cotés sont probablement toutes gonflées et faussées par des manipulations de valorisations, comme l’a rappelé le
Selon Les Echos, Vincent Mortier, le directeur des gestions d’Amundi compare une partie de l’univers du private equity à une « pyramide de Ponzi », une expression qui désigne un système de fraude rendu célèbre par Madoff. Il voulait parler de valorisations jugées excessives (mais l’expression fait bondir les acteurs du capital-investissement).
Gary Gensler, président de la SEC, expliquait dans un discours en novembre dernier
https://www.sec.gov/news/speech/gensler-ilpa-20211110).
Il y a un débat sur la question de savoir si le capital-investissement surpasse les marchés d’actions cotées nets de frais, ou en tenant compte de l’effet de levier et de la liquidité[12].
Quand les gens débattent des frais et des performances des fonds communs de placement, ils s’appuient sur beaucoup d’informations et de données vérifiables. En revanche, les faits de base concernant les fonds non cotés ne sont pas aussi accessibles – ni pour le public, ni pour les investisseurs eux-mêmes.
Indépendamment du débat économique général sur la question de savoir si les diverses formes de fonds privés surpassent les marchés publics sur une base ajustée au risque, à la liquidité et à l’effet de levier, les investisseurs devraient disposer d’informations plus transparentes sur les paramètres de performance et les calculs de frais.
[12] See, for example, Michael Cembalest, “Food Fight: An update on private equity performance vs. public equity markets,” available at https://privatebank.jpmorgan.com/content/dam/jpm-wm-aem/global/pb/en/insights/eye-on-the-market/private-equity-food-fight.pdf,
Depuis dix ans que Deontofi.com dénonce les turpitudes de certains gérants private equity jamais inquiétés https://bit.ly/Non-Coté aussi dans Le Monde https://lnkd.in/e9VdqnEn sans oublier la mascotte https://lnkd.in/eJ8qgJwp
Là encore, on voit de plus en plus de sanctions de CGP par l’AMF pour des ventes de titres non cotés ne respectant pas les règles, ainsi que des condamnations de certains promoteurs de ces opérations à rembourser les clients lésés, comme CBRE anciennement Coldwell Banker Richard Elis, condamné deux fois à rembourser des clients trompés, par des arrêts de la Cour d’appel de Versailles du 16 septembre 2021 et du 14 juin 2022, défendus par Maître Hélène Feron-Poloni.
3/ On entend de plus en plus parler du Bitcoin et des projets pour mieux le contrôler, notamment avec des intermédiaires agréés, est-ce plus sûr maintenant ?
Vincent
Dans les épisodes précédents de notre Saga Bitcoin, nous avons vu que (1) le Bitcoin n’était pas vraiment une monnaie, (2) ni vraiment un actif. Nous avons vu que (3) la blockchain et les monnaies digitales ont un grand potentiel, mais que (4) les gens achètent et conservent leurs cryptos via des crypto-banks, et que (5) ces établissements n’en garantissent pas la sécurité.
Avec l’ex-conseiller Internet d’Obama, nous avons appris que (6) la faille originelle des cryptos est la gouvernance de leurs blockchains, (7) comme l’a vécu l’Ethereum après un piratage, ou (8) les wallets Parity après une erreur de codage. Vous avez aussi compris que (9) les blockchains pouvaient muter et se fourcher en plusieurs, et que (10) il existe déjà plusieurs Bitcoins concurrents, ce qui (11) multiplie les occasions de pertes, vols et disparitions.
Dans ce contexte, non ce n’est pas vraiment plus sûr maintenant, aucun intermédiaire en Bitcoin ou crypto n’offrant de garantie sérieuse de sécurité de ses dépôts et cryptos à ses clients.