Au-delà de nos enquêtes et articles liés à la déontologie financière, publiés sur Deontofi.com, je participe à diverses initiatives et démarches citoyennes pour améliorer la liberté de la presse et la déontologie de l’information, dans le respect des chartes professionnelles du journalisme (Observatoire de déontologie de l’information, syndicat des journalistes CFTC, intersyndicale des journalistes…). Dans ce cadre nous avons été reçus, avec mes confrères de l’intersyndicale des journaliste, à une réunion à l’Elysée pour rappeler au président de la République et à la majorité au pouvoir leurs engagements électoraux dans ce domaine. Deontofi.com reproduit ci-dessous le compte rendu publié sur le site du Syndicat des journalistes CFTC (SJ CFTC).

L’intersyndicale des journalistes reçue à l’Elysée le 27 novembre 2014 pour rappeler au président de la République ses engagements pour garantir une qualité et une déontologie de l’information au service du débat démocratique. De gauche à droite : Emmanuel Vire (SNJ-CGT, groupe Prisma), Gilles Pouzin (SJ CFTC, Deontofi.com); Dominique Pradalié (SNJ, France Télévision) et Gérard Fourgeaud (CFDT-Journalistes, Radio France).

L’intersyndicale des journalistes reçue à l’Elysée le 27 novembre 2014 pour rappeler au président de la République ses engagements pour garantir une qualité et une déontologie de l’information au service du débat démocratique. De gauche à droite : Emmanuel Vire (SNJ-CGT, groupe Prisma), Gilles Pouzin (SJ CFTC, Deontofi.com); Dominique Pradalié (SNJ, France Télévision) et Gérard Fourgeaud (CFDT-Journalistes, Radio France).

L’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de respecter ses engagements électoraux pour garantir une information libre et pluraliste

L’intersyndicale des journalistes était reçue à l’Elysée, jeudi 27 novembre 2014, par Madame Audrey Azoulay, conseillère culture et communication du président de la République François Hollande, pour lui demander de respecter ses engagements de campagne électorale pour « garantir une information libre et pluraliste » (point 3.2 du programme du PS), à la suite d’un « Appel solennel au président de la République » à l’occasion du centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 2014.

Qualité de l’information et indépendance rédactionnelle

Le centenaire de l'assassinat du journaliste et homme politique Jean Jaurès, à la Taverne du Croissant, rue Montmartre à Paris, était l'occasion de rappeler au président de la République ses engagements pour améliorer la liberté de la presse. (photo © GPouzin)

Le centenaire de l’assassinat du journaliste et homme politique Jean Jaurès, à la Taverne du Croissant, rue Montmartre à Paris, était l’occasion de rappeler au président de la République ses engagements pour améliorer la liberté de la presse. (photo © GPouzin)

Consciente des difficultés de la presse, l’intersyndicale insiste sur le fait qu’on ne peut les résoudre avec une logique économique et financière sans mieux prendre en compte la mission d’information des médias, essentielle à la confiance des citoyens dans une information libre et pluraliste contribuant au débat démocratique. Or, la concentration des médias entre les mains d’actionnaires puissants a réduit les moyens des rédactions, au détriment du pluralisme, de la qualité et de la déontologie de l’information, soumise aux pressions d’intérêts particuliers qui entravent souvent la liberté d’information des journalistes.

Pour garantir une information libre et pluraliste, l’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de proposer au parlement l’adoption de la « proposition de loi relative à l’indépendance des rédactions », déposée par les députés PS Patrick Bloche et Jean-Marc Ayrault le 22 janvier 2010.

Transparence et efficacité des aides à la presse

Alors que les dix premières fortunes de France et des groupes bancaires possèdent aujourd’hui les principaux titres de presse, l’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de remettre à plat les aides à la presse, qui profitent principalement aux actionnaires de la presse les plus riches, sans réelles contreparties ni contrôle.

Dans le sillage du rapport de la Cour des comptes dénonçant l’opacité des aides à la presse, l’intersyndicale des journalistes demande au président de la République quatre mesures phares sans coût supplémentaire pour les contribuables :

1- Remettre à plat le système d’aides à la presse en redéfinissant ses objectifs et ses critères d’éligibilité ;
2- Introduire des critères d’éligibilité aux aides liées à la qualité et la déontologie de l’information, en contrôlant la conformité des entreprises bénéficiaires ;
3- Permettre aux syndicats de journalistes de siéger aux côtés des éditeurs dans les commissions d’attribution et de contrôle des aides, pour garantir un équilibre d’information des pouvoirs publics sur le respect des critères d’éligibilité aux aides ;
4- Garantir la transparence des aides distribuées vis-à-vis des contribuables et des salariés des entreprises de presse.

L’illustration ci-dessous, présentée sur le site Data.gouv.fr, plateforme ouverte des données publiques françaises, permet de visualiser les aides à la presse de façon interactive.

Déontologie de l’information et fausse information institutionnelle

Comme les syndicats de journalistes, François Hollande était venu commémorer le centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès, au café du croissant le 31 juillet 2014, pour marquer son attachement à la liberté de la presse défendue par notre illustre confrère. (photo © GPouzin)

Comme les syndicats de journalistes, François Hollande était venu commémorer le centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès, au café du croissant le 31 juillet 2014, pour marquer son attachement à la liberté de la presse défendue par notre illustre confrère. (photo © GPouzin)

Concernant la qualité et la déontologie de l’information, l’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de mettre en place un dispositif améliorant le droit des citoyens à une information indépendante de qualité.
Dans cet esprit, l’intersyndicale suggère de reprendre les pistes du rapport de la magistrate Marie Sirinelli sur l’autorégulation de la déontologie de l’information. L’intersyndicale des journalistes rappelle que la réglementation de l’information financière considère déjà la diffusion de « fausse information » et « d’information trompeuse » comme des infractions ou délits, et s’étonne que les mensonges de sources institutionnelles aux médias dans d’autres domaines d’information aussi importants soient tolérés, sans possibilité de recours des journalistes et des citoyens qui en sont victimes.

L’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de remettre ces sujets, correspondant à ses engagements électoraux, à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, notamment dans le cadre de l’examen, prévu pour ce mois de décembre, de la « proposition de loi portant diverses dispositions tendant à la modernisation du secteur de la presse » déposée par le député PS Michel Françaix.

Protection du secret des sources des journalistes contre les représailles

Concernant la garantie de protection du secret des sources, ce dernier est essentiel pour garantir une information libre et pluraliste des citoyens contribuant au débat démocratique. Sur ce point, l’intersyndicale des journalistes demande au président de la République de respecter son engagement d’améliorer la protection du secret des sources des journalistes (point 3.2.1 du programme socialiste), par rapport à la loi du 4 janvier 2010 ayant insuffisamment rapproché la France d’une conformité au droit européen et à la Cour européenne des droits de l’homme. L’intersyndicale rappelle le « Projet de loi renforçant la protection du secret des sources des journalistes » en ce sens déposé par Madame la garde des sceaux Christiane Taubira, le 12 juin 2013, et demande au président de la République qu’il soit remis à l’ordre du jour sans la mention vague «aux intérêts supérieurs de la nation» trop souvent détournée pour identifier les sources des journalistes dans les affaires politico-financières.

A l'occasion du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès, les syndicats de journalistes étaient rappeler au président de la République ses engagements pour la liberté de la presse, au Café du Croissant, le 31 juillet 2014. De gauche à droite: Jean Tortat (CGT), Dominique Pradalié (SNJ), Gilles Pouzin (SJ CFTC) et Jean-François Cullafroz (Journalistes CFDT).

A l’occasion du centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès, les syndicats de journalistes étaient venus rappeler au président de la République ses engagements pour la liberté de la presse, au Café du Croissant, le 31 juillet 2014. De gauche à droite: Jean Tortat (CGT), Dominique Pradalié (SNJ), Gilles Pouzin (SJ CFTC) et Jean-François Cullafroz (Journalistes CFDT).

Attentive aux arguments et aux demandes concrètes de sa délégation, Madame Audrey Azoulay a confirmé à l’intersyndicale des journalistes son engagement à relayer ses préoccupations auprès du gouvernement et du président de la République, afin qu’ils reprennent les travaux législatifs et réglementaires sur ce sujets, conformément aux engagements électoraux de la majorité pour garantir la liberté de la presse et sa contribution au débat démocratique.

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