Oui, les banques françaises blanchissent l’argent détourné par des escrocs, dont elles surveillent moins sévèrement les comptes que les vôtres

Les banques françaises blanchissent aussi bien l’argent sale que les banques américaines, écrivait Deontofi.com en marge de la révélation, à l’automne 2021, du scandale des FinCen Files.

Le scandale des FinCen files mettait en lumière la façon dont les banques facilitent le blanchiment d’argent sale par leurs clients suspects, en effectuant des déclarations de soupçon tardives pour ne pas amputer leurs commissions, plutôt que de les bloquer comme la réglementation les y invite. En effet, les banques ont deux possibilités face à des clients suspects : les signaler [très tardivement] (auquel cas elles encaissent les commissions sur les opérations suspectes de blanchiment) ou les bloquer (auquel cas elles n’encaissent pas les commissions sur les opérations suspectes de blanchiment).

Le risque étant à peu près identique sur le plan de leurs responsabilités, les banque s’en balancent et préfèrent signaler les opérations de blanchiment le plus tard possible, après s’en être enrichi, plutôt que de les bloquer, comme le révélait l’enquête du Consortium international de journalisme d’investigation (ICIJ), célèbre pour ses nombreux scoops sur la finance occulte (Panama Papers, etc.), à laquelle avait participé Le Monde.

Comme nous l’expliquions avec de nombreux exemples, les banques françaises font preuve d’une hypocrisie particulièrement cynique en matière de lutte anti-blanchiment, dans la mesure où elles laissent blanchir leurs clients escrocs sans trop de scrupules (tant que c’est justifiable sans se faire pincer), alors qu’elles harcèlent leurs petits clients d’une inquisition souvent superflue et semblant davantage destinée à leur profilage commercial.

Au point que les banques françaises en oublient parfois leur responsabilité, en tant que lessiveuses, vis-à-vis des clients épargnants victimes des escroqueries dont elles aident à blanchir l’argent volé.

Dans ce type de situation, les banques françaises peuvent être jugées coupables de blanchiment, et condamnées à rembourser les victimes des escroqueries blanchies.

C’est le cas de l’Ecureuil, entendez la Caisse d’Epargne d’Île de France, et la Société générale, toutes deux récemment jugées coupables de blanchiment et condamnées à rembourser les épargnants victimes des escroqueries qu’elles avaient facilitées.

Deontofi.com consacre deux articles à l’examen des pratiques de blanchiment condamnées dans ces affaires, dans le groupe Caisse d’Epargne comme dans le groupe Société Générale. Mais leurs concurrentes auraient tort de leur jeter la pierre, car il y a peu de probabilités qu’aucune autre banque française n’ait été beaucoup plus vertueuse en la matière. On pense par exemple à BNP Paribas, déjà condamnée à 10 millions d’euros d’amende, en 2017, pour l’indigence de ses pratiques anti-blanchiment, quand la Société générale écopait de 5 millions d’euros d’amende pour les mêmes motifs le 19 juillet 2017.

En France les banques blanchissent aussi
1- Vivalavi et l’Ecureuil blanchisseur: Caisse d’Epargne condamnée
2- Revel: Société générale condamnée

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