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La vraie rentabilité des placements n’est pas celle que vous croyez. La fédération européenne des associations d’épargnants, Better Finance, dévoile dans son rapport 2015 les écarts inouïs entre les indices boursiers ou les taux d’intérêt et le rendement des fonds de retraite.

La fédération européenne des associations d’épargnants, Better Finance, soutenue par la Commission européenne pour apporter un éclairage indépendant des lobbies bancaires sur les qualités et performances des services et produits financiers proposés aux consommateurs, vient de réaliser une grande étude sur la performance des fonds de retraite dans quinze pays européens, dont la France. Quelle est la vraie performance des fonds de retraite par capitalisation en Europe ? Comment évaluer la performance réellement obtenue par les épargnants par rapport à l’évolution des marchés ? Les explications de Deontofi.com sur cette étude de Better Finance.

Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 09/11/2015
1/ Quelle est l’originalité de cette étude de Better Finance sur la perforamce des placements de retraite ?

– La grande qualité des travaux de Better Finance, par rapport à beaucoup d’études financières sur la performance des placements, est qu’elle ne se contente pas de commenter l’évolution des indices des différents marchés, comme les actions, les obligations ou les taux d’intérêt à court terme.
Pour comparer les mérites et les risques des différents types de placements, comme l’assurance vie en euros ou les placements boursiers en Sicav et dans les contrats vie multisupports, les professionnels, les autorités et les médias (y compris Deontofi) se réfèrent souvent aux performances des grandes familles d’actifs dans lesquelles ces placements sont investis, comme l’indice CAC 40 pour les actions françaises ou les indices Euro MTS pour la performance et le rendement des obligations d’Etat. Si ces comparaisons peuvent aider à appréhender les enjeux d’investir dans telle ou telle type d’actifs, elles sont en revanche très imprécises, pour ne pas dire complètement fausses, quand il s’agit d’évaluer la performance réelle des placements et produits d’épargne souscrits par les consommateurs.

2/ Pourquoi le rendement des placements n’est pas celui des indices boursiers ou de taux d’intérêt  ?
– D’abord parce que la composition des placements collectifs, que ce soient les Sicav ou les fonds d’assurance vie en euros et multisupports, est rarement identique à celle des types d’actifs pris en référence. Par exemple on prend souvent l’évolution des obligations comme référence de la performance à long terme de l’assurance vie, alors qu’on a vu dans une chronique précédente que le rendement de l’assurance vie en euros n’est que partiellement indexé sur celui des emprunts d’Etat. De même on prend souvent l’indice CAC 40 comme référence représentative des placements en actions, alors que beaucoup de Sicav en actions ont une composition différente, en dehors bien sûr des fameux fonds trackers cotés en Bourse (ou ETF pour Exchange Traded Funds), qui traquent précisément l’évolution de leur indice boursier de référence.
Ensuite, même quand un placement collectif ou un produit d’épargne a une composition proche d’un indice financier, ses performances réelles restent de toutes façons différentes de celles de cet indice en raison de l’impact des frais de gestion et des commissions diverses, sans parler de la fiscalité qui affecte aussi les comparaisons. Sur ce point, il faut rappeler que l’impact réel de la fiscalité est impossible à appréhender pour les différentes familles d’actifs, car il varie selon la fiscalité appliquée à chaque type de produit (Sicav, PEA, assurance vie…) et souvent en fonction de la situation de chaque contribuable (notamment pour l’impôt sur le revenu).

3/ Pourtant on voit des rapports très sérieux de l’OCDE ou de la Commission européenne sur la performance des produits de retraite, qui est un vrai sujet de préoccupation pour tous les citoyens dans le cadre des multiples réformes des retraites consécutives aux crises des années 2000. C’est fiable ? On peut leur faire confiance ?
– Absolument. Chaque année plusieurs grandes institutions réalisent des études pour éclairer les décideurs et les citoyens sur l’environnement financier des placements de retraite et leurs travaux sont tout à fait sérieux. Seulement, les comparaisons statistiques sont toujours délicates, et en particulier les comparaisons internationales qui sont souvent biaisées par les différences et spécificités de chaque pays. Chaque année, l’OCDE publie un rapport sur le marché des fonds de pension, mais il faut déjà se mettre d’accord sur ce qu’on entend par fonds de pension.
Dans la définition retenue par l’OCDE pour ses comparaisons, il s’agit des caisses de retraite par capitalisation et autres plans de retraite individuels, ce qui exclut les régime par répartition, comme le régime de base de l’assurance vieillesse et les retraites complémentaires Agirc-Arrco, ou encore l’assurance vie et les placements utilisés pour la retraite mais qui ne leur sont pas exclusivement destinés. Résultat, cette étude faisait comme si les fonds de retraite n’existaient pas en France, jusqu’en 2004, en gros jusqu’à la création du Perp, dont on a vu que ce n’était pas la panacée.

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La fédération des épargnants européens, Better Finance (une meilleure finance), publie une étude avec le soutien de Bruxelles sur « Les performances réelles de l’épargne retraite en Europe » (« Pension savings : the real return »).

4/ Alors à qui se fier pour avoir un panorama fiable des produits de retraite en France ?
– Dans leur ensemble les études de l’OCDE sont de grande qualité et ses travaux sur le marché des fonds de pension ont le mérite d’exister, puisque c’est même la seule étude internationale vraiment poussée sur ce sujet, mais il s’agit presque davantage d’une étude de marché pour les assureurs et professionnels de la gestion financière qu’un outil d’analyse pour les décideurs politiques et consommateurs, car ces comparaisons ont leurs limites, comme on le voit pour le marché français et pour d’autres pays européens quand on rentre dans le détail. Heureusement, la Commission européenne dispose d’une autre source grâce aux travaux de l’association Better Finance (une meilleure finance, en français), qui est une fédération des associations d’épargnants et d’actionnaires individuels européens, soutenue par Bruxelles pour apporter aux consommateurs et aux décideurs politiques une expertise indépendante des lobbies. C’est ce que fait notamment Better Finance dans le domaine des retraites puisqu’elle publie chaque année une étude intitulée « Les performances réelles de l’épargne retraite en Europe » (« Pension savings : the real return ») qui est une sorte de contre-rapport critiquant et approfondissant l’étude de l’OCDE tout en reconnaissant qu’elle a déjà le mérite d’exister puisqu’il n’y a aucune autre source d’information officielle sur cet enjeu important pour les épargnants.

Lire la suite : L’assurance vie en euros plus rentable que les multisupports boursiers ou à promesses

Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 09/11/2015

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