Avec la fin de la canicule d’un été déclinant, l’arnaque au Mosquitron a remplacé sur Internet l’embrouille du climatiseur-miracle. Pour vous distraire, Deontofi.com avait décortiqué en juillet 2018 une de ces innombrables escroqueries proliférant sur le web, celle du climatiseur-miracle CoolAir (lire ici). Comme on l’avait expliqué dans cet article, ces arnaques sont très simples, pour ne pas dire basiques. Les ingrédients sont les suivants:
- Une idée séduisante pour un public large et généralement crédule, ou disons peu méfiant et mal armé pour effectuer les vérifications essentielles. Cet aspect est le plus important. Pour plumer les pigeons il faut cibler leur faille avec des promesses qui les font rêver et qu’ils ne pourront pas refuser, par exemple « gagnez de l’argent sans risque rapidement avec le trading » pour attirer les épargnants en manque de bonnes combines, mais c’est aussi la recette de toutes les publicités pour perdre beaucoup de poids ou paraître beaucoup plus jeune;
- Une campagne de matraquage publicitaire sur les médias sociaux, Yahoo et Google en tête, mais aussi souvent Facebook, Twitter, voire des insertions non contrôlée dans des médias plus crédibles (par le truchement d’outils de monétisation publicitaires promettant des « contenus similaires sur le web »);
- Un site internet anonyme enregistré dans un pays hors de portée de la police, vers lequel redirigent les publicités pour présenter le produit ou le service vanté, afin de collecter les coordonnées des victimes, et/ou leurs coordonnées bancaires qui serviront à vider leur compte.
On retrouve ces éléments dans toutes les arnaques sur Internet, et en particulier dans les deux dernières campagnes les plus risibles épinglées par Deontofi.com cet été: le climatiseur révolutionnaire CoolAir, et la lampe anti-insecte Mosquitron. Le premier est quand même gratiné, avec sa description n’ayant rien à envier aux meilleurs scénaristes du cinéma humoristique belge: « il ne crée pas de l’air froid, il absorbe la chaleur » ! La seconde est plus banal, mais vaut le détour, puisqu’elle veut faire croire aux pigeons que « Victime de son succès en France, la société Mosquitron a décidé de limiter en quantité la vente du Mosquitron par foyer ». Dépêchez-vous, demain il n’y en aura plus ! C’est stupide mais ça marche toujours.
Evidemment, la climatiseur miracle et le Mosquitron sont des mirages qui n’existent pas. Attention, il existe bien sûr toutes sortes de dispositifs de refroidissement de l’air, autant que de lampes anti-moustiques. Le point de l’arnaque n’est pas là, mais dans le fait que les commerçants proposant ces produits n’existent pas, ce qui explique d’ailleurs la puissance de leurs campagnes publicitaires. Comme ils n’ont aucun coût, leurs marges sont très élevées, ce qui leur permet de dépenser des fortunes en achat d’espaces publicitaires auprès des sociétés de médias sociaux. Ils ne font en effet que piller des cartes bancaires d’internautes naïfs, sans livrer la moindre marchandise.
Le point commun amusant entre l’arnaque au Mosquitron et celle au climatiseur-miracle est qu’elles émanent de la même équipe et sont mises en oeuvre par les mêmes sites internet. Regardez. Comme dans l’arnaque CoolAir, vous avez d’abord une publicité pour le Mosquiton sur un média social très grand public, ici sur Yahoo dans notre exemple.
Si vous cliquez sur cette publicité, vous arrivez sur une page d’atterrissage (« landing page » comme disent les pros dans le jargon du e-marketing). Dans notre exemple de l’arnaque au Mosquitron, il s’agit à nouveau du site www.high-tech.ws, déjà épinglé par Deontofi.com pour son rôle crucial dans l’arnaque CoolAir. Comme expliqué à propos de l’arnaque au climatiseur-miracle, le suffixe WS ça fait chic.
C’est tendance un suffixe WS, dans l’imaginaire des financiers ce sont les initiales de Wall Street, la Bourse américaine. Mais non, voyons, dans l’annuaire mondial de l’internet c’est tout simplement le caillou de Western Samoa, perdu au milieu de l’océan Pacifique, à un demi-monde d’ici. Or, l’intérêt pour les escrocs d’enregistrer leur site dans cet archipel perdu du Pacifique, c’est que personne n’ira les y chercher. Déjà parce qu’ils n’y sont pas implantés physiquement, c’est juste une adresse qu’on achète sur Internet, mais surtout parce que la gestion de ces adresses est sous-traitée à des sociétés privées qui ne font aucune vérifications et ne posent pas de questions, contrairement par exemple au travail de l’Afnic pour déposer un nom de domaine avec le suffixe .fr.
Une fois harponné par le site de présentation de l’arnaque, une sophistication supplémentaire de cette escroquerie consiste à renvoyer les prospects sur un autre site, encore plus anonyme, où les escrocs vont collecter les coordonnées de leur carte bancaire afin de les piller. Exactement comme dans l’arnaque CoolAir, les pigeons sont donc renvoyés du site www.high-tech.ws vers un site de paiement à l’adresse Hypersteck.com. Pour hypersteck, il s’agit d’un site anonyme enregistré par les voleurs à Panama. L’avantage de Panama est qu’il s’agit d’un parfait paradis bancaire pour blanchisseur, peut-être même une des top 100 destinations de blanchiment dans le monde (soyons modestes car il y a énormément de prétendant au titre de champions du blanchiment). Donc un climat parfait pour vider les cartes bancaires des pauvres internautes ayant eu la crédulité de croire à ces publicités. Et pire, de croire qu’ils ne risquaient que le montant affiché de l’achat.
Car c’est bien là le clou de l’arnaque. Avec ces sites de faux commerçants, le risque ne se limite pas à ne jamais recevoir le produit acheté. La vraie punition est qu’une fois qu’on a donné ses coordonnées de carte bancaire à des escrocs, ils ne vont pas vous demander la permission pour se servir. En théorie, les résidents français sont un minimum protégés contre les ravages des fraudes aux moyens de paiement, car les articles L133-18 et suivants du Code monétaire et financier prévoient qu’en cas de fraude, le client qui le demande est remboursé par sa banque sans délai. C’est la théorie, même si trop de banques méprisent cette réglementation et refusent facilement de rembourser des victimes de fraudes. Mais le problème avec ce type d’arnaque est qu’une fois que les victimes ont volontairement donné leurs coordonnées bancaires, croyant faire un achat de bonne foi, il y a fort à craindre qu’elles aient du mal à se faire rembourser par leur banque en cas de fraude sur leur CB émanant des mêmes escrocs. Imaginez le dialogue de sourd:
– J’ai voulu acheter un Mosquitron et je n’ai jamais été livré, puis-je être remboursé de cette fraude ?
– Non monsieur, c’est un litige commercial, le commerçant vous a volé, mais pas une fraude, on ne vous a pas débité sans votre accord.
– Si, c’est une fraude, j’avais donné mon accord pour un paiement de 50 euros, mais j’ai été débité en réalité une première fois de 50 euros, puis j’ai vu sur mon relevé de compte d’autres débits que je n’avais absolument pas autorisé.
Quand on tombe dans ce type d’arnaque on n’en sort pas facilement sans l’aide d’un avocat ou d’une association de consommateurs aguerrie dans la défense des victimes de fraudes aux moyens de paiement. Il est donc primordial de toujours vérifier le pédigrée du commerçant auquel vous donnez vos coordonnées bancaires pour faire un paiement en ligne, car s’il n’est pas fréquentable, les risques de fraudes sont démultipliés.
Relisez aussi:
https://deontofi.com/ce-climatiseur-revolutionnaire-peut-vider-votre-carte-bancaire/
I almost bought it because I suffer a lot with mosquitoes in Brazil.
The Brazilian government made a test and the device did not show the expected effectiveness.
Do not buy !
Thanks for this comment. Deontofi.com suspects there is no product at all, or at least if the product exists, which would be confirmed by the above mentioned « Brazilian government test » (although I’d be interested to have proofs of such a test), we are convinced the website and Internet advertising campaign promoting and selling this product are a scam.
There is no chance any customer paying for products on this website will get anything at all for their money.