Agréés ou non, les sites de trading sur Internet (Forex, options, etc.) sont des escroqueries sans scrupule, destinées à plumer les épargnants jusqu’au dernier sou. Pour mieux piéger les Français, la majorité des escrocs arborent un agrément leur donnant une apparence de légalité, délivré par le gendarme boursier chypriote. Derrière ce faux décor de légalité, les sites de trading chypriotes sont de pures escroqueries, comme on le comprend dans ce rapport.
Deontofi.com reproduit ci-dessous le passage du rapport annuel 2015 du médiateur de l’Autorité des marchés financiers (p.19 à 21) sur les arnaques au trading via des sites légalement agréés à Chypre, malgré leurs pratiques trompeuses en totale infraction avec la réglementation [Deontofi.com a mis en gras quelques passages requérant votre attention].
Chaque année, le nombre de litiges liés au Forex (spéculation sur le marché des changes accessible au grand public) ne cesse de croître.
Cette année, le médiateur a, en effet, reçu 228 dossiers sur ce sujet, soit une augmentation de 62 % par rapport à 2014 et une multiplication par cinq au cours des cinq dernières années. 2015 ne fait malheureusement pas exception.
Ce qui retient plus particulièrement l’attention cette année est l’augmentation encore plus importante des saisines s’agissant de sociétés agréées, c’est-à-dire qui disposent d’un agrément provenant d’un régulateur européen pour être en droit de proposer des services financiers en France. Lorsque la société n’est pas agréée, ce qui constitue une infraction pénale, le médiateur doit se déclarer incompétent et transmettre le dossier au procureur de la République (article L. 621-20-1 du code monétaire et financier).
Or environ 85 % des demandes de médiation recevables ont concerné des sociétés agréées par le régulateur de Chypre, pays membre de l’Union européenne.
Par l’effet de la règle dite du « passeport européen », ces sociétés peuvent vendre leurs services dans toute l’Europe, mais ne sont sanctionnables que par le régulateur du pays d’origine, en l’occurrence la CYSEC.
Si, en 2014, 60 dossiers concernaient une société agréée dans un pays européen, cette année, ce sont 139 dossiers dans ce cas, soit une augmentation de 131 %. Cette situation peut s’expliquer en partie par la facilité avec laquelle ces sociétés parviennent à se faire agréer dans certains pays européens, comme Chypre. De plus, ces sociétés, absentes nécessairement des listes noires de l’AMF et de l’ACPR, qui ne visent que les sociétés non agréées, mettent en avant cet agrément pour donner au client un sentiment de sécurité et de sérieux. Mais cet agrément dont elles se vantent est souvent illusoire, les pratiques inquiétantes dont font état les plaignants mêlant harcèlement et manipulation psychologique. Le médiateur relève certaines de ces pratiques à partir des indices et courriels conservés par les clients au cours de l’instruction des dossiers : elles sont alors étrangement similaires à celles des sociétés non agréées.
Autre point nouveau observé en 2015, le profil des plaignants Forex est plus large qu’il y a quelques années : ce ne sont plus seulement les personnes les plus vulnérables économiquement sur lesquels ce piège se referme. Il touche désormais toutes les catégories socioprofessionnelles d’épargnants.
Dans un contexte où les taux d’intérêt des placements sont au plus bas, les sociétés de Forex et d’options binaires mettent en avant des rendements élevés, en minimisant, voire en occultant délibérément, les risques qui y sont associés. Elles n’hésitent pas à se présenter comme une alternative aux placements sans risques tels que le livret A.
En mordant à l’hameçon, le client est contacté, par téléphone le plus souvent, par un « conseiller » très avenant au départ dans le but de le former au trading ou de gérer son investissement. Les risques ne sont pas évoqués, des bonus sont offerts sans en expliquer les conditions drastiques qui les rendent quasiment fictifs. Le discours est rodé afin de mettre en confiance le client et lui faire croire qu’il pourra très facilement obtenir des gains réguliers.
Le client tombe alors dans une spirale où les gains et les pertes s’enchainent et où le « conseiller » va jouer un rôle crucial dans la manipulation. Ce dernier n’aura dès lors de cesse que d’inciter le client à verser toujours plus de fonds afin de récupérer ses pertes, tout en lui promettant que, cette fois, il gagnera gros. Dans un dossier, le médiateur a obtenu des échanges de courriels dans lesquels le « conseiller » qui avait véritablement siphonné toutes les économies du client, est allé jusqu’à l’inciter à souscrire un prêt à la consommation en lui fournissant une liste des établissements susceptibles de lui accorder un tel prêt.
Que ce soit leur mise de départ ou les économies de toute une vie (dans les dossiers reçus, les pertes vont de 200 € à 52 700 €), les clients n’ont quasiment pas d’espoir de récupérer leur argent. Dans la plupart des cas, le « conseiller » des débuts devient, en effet, totalement injoignable, et plus personne ne répond à leurs réclamations.
Dans certains cas néanmoins, lorsque le plaignant a pu conserver le maximum d’éléments de preuve et d’indices pour étayer les faits (courriels échangés, copies d’écran ou de conversation sur messagerie instantanée, etc.), le médiateur peut intervenir et, souvent après de longues négociations, obtient de bons résultats.
En 2015, ce sont 47 recommandations, dont 43 recommandations favorables, qui ont été rendues, toutes partiellement ou totalement suivies, ayant permis aux plaignants de récupérer un total de 379 209 € (214 057 € en 2014) qui représente 86 % de leurs pertes.
La circonstance que le médiateur soit adossé au régulateur montre là un effet positif et participe aux bons résultats obtenus. Malgré tout, il ne peut s’en satisfaire et, à l’heure où son écrites ces lignes, il est heureux de voir que la détermination de l’AMF pour combattre ce fléau a été entendu par les pouvoirs publics. Son projet d’interdire la publicité électronique pour ce type de produits a reçu, en effet, leur accord et doit figurer dans un projet de loi au printemps 2016 présenté par le ministre des Finances.
En chiffres
Dans les dossiers Forex / Options binaires clôturés en 2015, 43 recommandations favorables ont été rendues, dont 42 recommandations financières (24 recommandations favorables en 2014). Les montants recouvrés vont de 200 € à 52 700 €, avec une moyenne de 9 029 € et une médiane de 3 750 €. Le total de ces indemnisations s’élève à 379 209 € (214 057 € en 2014) et représente 86 % des sommes perdues.