De Madoff à Aristophil en passant par DomTomDéfisc, toutes les grandes escroqueries se propagent grâce à la complicité implicite d’intermédiaires malhonnêtes ou incompétents, grassement commissionnés pour apporter l’argent des épargnants aux escrocs. (photo © GPouzin)

Aucune arnaque de grande envergure ne peut prospérer sans la complicité, consciente ou inconsciente, des réseaux d’intermédiaires financiers rémunérés par les escrocs pour leur apporter l’argent des épargnants qui leur font confiance, comme nous l’avions démontré dans une formation réalisée par Deontofi.com pour le Master de droit pénal et sciences criminelles de l’université d’Aix-Marseille [« L’empire du faux et des faussaires en matière financière », formation Deontofi.com sur demande]. On retrouve cet élément dans l’escroquerie DTD, dont la propagation reposait sur le recrutement d’un agent commercial en relation avec les conseillers en gestion de patrimoine et autres intermédiaires en placements comme Hedios.

La distribution de l’arnaque DTD reposait sur Eric Esnault, chargé de commercialiser l’escroquerie DTD. On apprend qu’il a bénéficié pour sa part de commissions, produits de l’escroquerie, « pour un montant de plus de 1 500 000 euros dont il a tenté d’organiser la dissipation en les plaçant sur un compte au nom d’une première société à la banque Rietmu (…) sur le compte d’une société Radek, ouvert auprès de la même banque, et dont Eric Esnault admettait être le bénéficiaire économique » (p.210).

« La rémunération de M. Esnault dépassait celle d’un simple agent commercial, et représentait, selon Stéphane Jacob, 4,5% de la collecte de DTD », explique l’arrêt p.170.

Il faut dire que « le savoir faire d’Eric Esnault, ses liens avec les conseillers en gestion de patrimoine, a permis des collectes majeures qui après son départ ont été bien moindres » (p.211). Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ne sont pas tous égaux face aux propositions douteuses, selon leur compétence et expérience professionnelle, la culture orale dominant par ailleurs dans les activités commerciales (difficulté d’obtenir des informations contractuelles ou pré-contractuelles fiables). « Pour éviter tout risque de réitération de faits de même nature » (en clair pour qu’il ne vende plus jamais de placements douteux ou frauduleux), la Cour d’appel confirme l’interdiction à Eric Esnault d’exploiter les liens qu’il a tissés avec les CGP, ayant permis de collecter l’essentiel des économies pour le compte des escrocs.

Parmi les bénéficiaires des reversements effectués par M. Esnault sur les produits de l’escroquerie versés en commission, la Cour d’appel évoque un versement de « 100.000 euros le 19/12/2008 sur un compte ouvert à la Bank of China, au profit de Ousmane Tigana en paiement de commissions, au profit a-t-il précisé lors des débats d’un ami, M. Leroy ». Or, poursuit la cour « lors de la confrontation dans le cabinet du juge d’instruction, Jacques Sordes avait fait part du fait que Michel Leroy était le fondateur de la société Erivam qui avait réalisé sur deux années un chiffre d’affaires de 5,6 millions d’euros au détriment de DTD ». La Cour évoque encore un versement d’Eric Esnault de « 80.000 euros, le 4/12/2009, sur un compte ouvert à la Banco Antonia à Padoue, au profit de Christina et Roberto Fusco, beau-frère de Stéphane Jacob » (p.211).

Pour Eric Esnault, compte tenu d’une situation personnelle douloureuse, la Cour « réformera la peine d’emprisonnement prononcée en première instance et le condamnera à un emprisonnement délictuel de trois ans avec sursis, mise à l’épreuve avec l’obligation d’établir sa résidence dans un lieu déterminé, et de réparer en tout ou partie, en fonction de ses facultés contributives les dommages causés par l’infraction, même en l’absence de décision sur l’action civile » (p.211).

L’arrêt d’appel du 7 mai 2018 confirme par ailleurs « la peine complémentaire d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, administrer, gérer ou contrôler une entreprise ou une société à titre définitif », prononcée par le jugement du tribunal correctionnel du 24 février 2017 (p.221).

Le vendeur de l’arnaque DTD reste présenté en 2018 comme DG de Vaziva sur le site du Club d’affaires franco-allemand nord de France, malgré le démenti de son PDG.

Or, malgré cette condamnation interdisant à Eric Esnault de vendre des placements depuis le 24 février 2017, il aurait participé le 9 mars 2017 au lancement d’une émission d’obligations convertibles « OC Vaziva 2017 », dans des conditions qui n’ont pu nous être confirmées par le PDG de la société concernée, qui ne nous a pas répondu sur ce point. Selon le PDG de Vaziva, M. Eric Esnault aurait usurpé le titre de dirigeant qui lui est attribué sur l’invitation à la présentation de ces produits financiers réalisée par le cabinet Précision Courtage, toujours en ligne à l’été 2018 sur le site du Club d’Affaires Franco-Allemand Nord de France – Hauts de France.

Deontofi.com suit aussi ce dossier avec intérêt, dans l’attente de précisions sur les caractéristiques de l’opération « OC Vaziva 2017 », et des circonstances contestables de l’intermédiation du cabinet Précision Courtage pour promouvoir ce placement avec l’intervention affichée du super-vendeur de l’arnaque DomTomDéfisc.

Le PDG de Vaziva affirme que le vendeur de l’arnaque DTD n’a jamais été DG de Vaziva, mais il reste aussi présenté comme tel sur YouTube.

En effet, alors que le PDG de Vaziva a fait pression sur Deontofi.com avec des menaces de procès pour faire effacer des commentaires de lecteurs évoquant les liens de Vaziva avec Eric Esnault, apparus sur Internet à l’occasion de l’opération « OC Vaziva 2017 », ces informations sont toujours publiées sur Internet. M. Eric Esnault a non seulement été présenté comme DG de Vaziva sur l’invitation du cabinet Précision Courtage en 2017, mais il l’est également dans une présentation financière organisée par un autre intermédiaire financier du Calvados, A7 Finances. Or, malgré nos interrogations, la société Vaziva et ses avocats n’indiquent pas avoir intenté d’action judiciaire contre ces présentations, alors même que son PDG, M. Patrick Berthé, affirme que M. Esnault n’a jamais été DG de Vaziva. Si Vaziva n’a jamais été en relation avec Eric Esnault pour la commercialisation de son opération « OC Vaziva 2017 » ou de son précédent produit financier en 2016, pourquoi ne poursuit-elle pas les auteurs de ces affirmations, les cabinets Précision Courtage et A7 Finances ? Vaziva et le vendeur vedette de l’arnaque DomTomDéfisc n’ont-ils vraiment jamais eu aucune relation ? Ou ont-ils eu des relations dont ils voudraient aujourd’hui effacer les traces de façon sélective ? Pourquoi ? Pour l’instant, en dehors des menaces par l’entremise de ses avocats, Deontofi.com n’a obtenu aucune réponse de Vaziva à ces questions.

[mise à jour du 9/10/2018: pour des besoins de présentation chronologique dans l’infolettre de Deontofi.com, cet article publié le 27 août 2018 à 12h44 a vu sa date de publication modifiée ce jour, sans aucune modification depuis le 27/08/2018].

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