Quelle part de ses économies placer en Bourse ? Les conseils de Deontofi.com pour choisir la meilleure proportion de placements boursiers afin d'optimiser la rentabilité de votre patrimoine sans prendre de risques excessifs. (photo © GPouzin)

Face aux baisses de rendement des placements, les Français manquent de repères pour gérer leur argent. Quelles sont leurs attentes en matière de placements ? De conseil ? D’information ? Deontofi.com décrypte une étude de la Faider, fédération indépendante d’épargnants (photo © GPouzin)

Face à la baisse de rendement de leurs placements, les Français accroissent leurs efforts d’épargne et manquent de repères pour gérer leurs économies. Pour mieux connaître les préoccupations et attentes des Français vis-à-vis de leur épargne et des prestataires de placements, en particulier pour la retraite, la Faider (Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite) a commandé un sondage à l’institut OpinionWay, présenté à la presse le 17 février dernier. Deontofi.com y était.

Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 22/02/2016

1/ Quels sont les placements préférés des Français, ceux qu’ils détiennent le plus ?
– On retrouve avec ce sondage les grandes tendances déjà observées par d’autres mesures sur les placements des Français, même s’il faut bien rappeler que la cible choisie correspond à un échantillon représentatif des Français de plus de vingt cinq ans, soit environ 45 millions d’individus (44,861 pour être précis) sur les 66,6 millions figurant dans le recensement.

Sur ces 45 millions de Français, 92% possèdent un produit d’épargne, selon le sondage d’OpinionWay pour la Faider, dont 85% ayant un Livret A (soit 38 millions de détenteurs), 50% qui ont un contrat d’assurance vie (22,4 millions de souscripteurs), 37% un Plan d’épargne logement (PEL), soit 16,6 millions d’épargnants, 22% un Plan d’épargne en actions (PEA), soit environ 10 millions de PEA, 19% un compte titres en dehors du PEA (8,5 millions d’investisseurs) et 15% bénéficiant d’un Plan d’épargne entreprise (PEE), soit 6,7 millions d’épargnants salariés, le PEE n’étant accessible que dans le cadre d’une entreprise. Le taux de détention est bien plus faible pour d’autres types de placements d’épargne retraite comme les Perp, Perco ou contrats de retraite Madelin pour les indépendants et « Article 83 » pour les entreprises, qui concernent entre 2 et 9% des épargnants de plus de vingt-cinq ans, selon ce sondage.

2/ Quelles sont les principales craintes des Français pour leurs placements ?
– Un des intérêts de l’étude commandée par la Faider est effectivement, après ce constat sur l’état de l’épargne, de s’intéresser davantage aux préoccupations des épargnants, qui sont nombreuses, comme on peut s’en douter dans le contexte actuel de crise financière perpétuelle, avec un effondrement du rendement des placements sans risque et un accroissement du risque pour les autres. Pour appréhender ces inquiétudes, les sondés devaient dire s’ils étaient plutôt d’accord ou pas d’accord avec plusieurs affirmations. Sans surprise, quand on leur demande si la fiscalité sur les produits d’épargne est trop pénalisante, les trois quarts des Français (76%) sont d’accord, ce qui est d’autant plus légitime que la fiscalité a effectivement fortement augmenté depuis une dizaine d’années.

Ce qui est plus inattendu, mais aussi parfaitement légitime, c’est de voir que 51% des épargnants ont aujourd’hui des craintes sur l’avenir de certains produits d’épargne qu’ils possèdent. Il est vrai que la plupart des mauvaises surprises que l’on peut rencontrer avec des placements arrivent rarement lors de leur souscription, mais souvent bien longtemps après, quand les rendements promis ne sont pas au rendez-vous, qu’on a subi une perte en capital, que l’on ne peut pas récupérer son argent, qu’il est bloqué dans des actifs invendables, ou tout simplement qu’il s’est évaporé dans la nature comme des centaines de milliers, voire des millions d’épargnants l’ont découvert à leurs dépens.

3/ Les Français sont-ils bien conseillés pour placer leur argent ?
– Un autre atout du sondage réalisé pour la Fédération des associations indépendantes d’épargnants pour la retraite (Faider), est qu’il s’intéresse aux conditions de souscription et d’information des épargnants, contrairement à bien d’autres études réalisées par des banques. Du coup, ses observations sont beaucoup plus réalistes quant au désarroi des épargnants, qui sont souvent très démunis pour gérer leur épargne, compte tenu de leurs connaissances et de leur expérience, face à la complexité et la sophistication des placements.

Près de deux Français sur trois (62%) se reconnaissent dans l’affirmation « j’ai besoin de conseils sur les bons placements d’aujourd’hui ». Dans le même esprit près de six Français sur dix (59%) admettent avoir du mal à s’y retrouver entre tous les produits d’épargne à leur disposition.

Une autre question du sondage donne d’ailleurs une confirmation très concrète de cette confusion des consommateurs en matière d’assurance vie, puisque sept souscripteurs d’assurance vie sur dix (71%) pensent par exemple détenir un contrat individuel, alors qu’aujourd’hui quasiment tous les contrats, notamment ceux vendus par les banques, ne sont plus des contrats individuels, ces derniers ayant été remplacés par des contrats collectifs permettant à la banque de changer les termes du contrat sans l’accord contractuel de chaque souscripteur.

4/ Les épargnants sont-ils suffisamment bien informés sur les placements ?

"Que veulent les Français pour leur épargne ?" L'interview de Deontofi.com était la vidéo la plus vue sur Boursorama

« Que veulent les Français pour leur épargne ? » L’interview de Deontofi.com était la vidéo la plus vue sur Boursorama

– C’est une question très intéressante, car la réglementation a multiplié les obligations d’information des épargnants face aux présentations souvent biaisées et manipulatoires des promoteurs de placements, donc on ne peut pas dire qu’ils manquent d’information. Ils le reconnaissent eux-mêmes puisque près de six Français sur dix (56%) estiment que les informations mises à leur disposition sur leurs contrats sont suffisantes. D’ailleurs quand on leur demande si la réglementation de l’assurance vie est trop complexe, deux souscripteurs sur trois sont d’accord avec cette affirmation (67%). La réglementation est certes complexe, mais inadaptée aux besoins des épargnants, puisque plus de quatre souscripteurs sur dix (41%) estiment en même temps que les frais liés à l’assurance vie ne sont pas bien explicités, alors qu’ils seraient évidemment encore moins bien explicités avec moins de réglementation, comme c’était le cas pendant des décennies quand les assureurs pouvaient cacher aux épargnants la réalité des frais et des pièges de certains contrats.

5/ Les épargnants manquent donc d’informations utiles et adaptées à leurs préoccupations ?
– Exactement. Si l’on prend l’assurance vie, par exemple, d’un côté les souscripteurs croulent sous la documentation obligatoire, et près de quatre souscripteurs sur dix (39%) la jugent illisible et incompréhensible. Et d’un autre côté, 55% des épargnants estiment qu’il est compliqué de trouver des informations sur les différents produits d’épargne. Au final, 55% des épargnants disent avoir du mal à trouver des conseils pertinents sur les produits d’épargne (par opposition aux publicités et campagnes commerciales rarement pertinentes des marchands de placements).

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« La baisse des taux est une répression financière nuisible à l’économie car elle oblige les épargnants à accroître leur effort d’épargne au détriment de la consommation, pour compenser l’absence de capitalisation des intérêts », explique Jean Berthon, président de la Faider, Fédération d’associations indépendantes d’épargnants. (photo © GPouzin)

6/ Que faut-il en conclure ? Quels enseignements la Faider tire-t-elle de son étude ?
– Quand on interroge Jean Berthon, le président de la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (Faider), il tire deux grands enseignements de cette étude. Premièrement, il faut améliorer la qualité et la transparence des informations apportées aux épargnants sur l’univers des placements. Cela peut passer par une refonte de la réglementation. Concernant le devoir de conseil et les obligations d’information en assurance vie, par exemple, la Faider se bat à Bruxelles, au sein de la fédération des associations d’épargnants Better Finance, pour que les nouvelles directives sur les marchés d’instruments financiers (Mifid II) et sur l’intermédiation en assurance (insurance distribution directive, IDD) aboutissent à une meilleure information assimilable facilement par le grand public. En dehors de l’information diffusée par les promoteurs de produits financiers ou d’assurance, les épargnants ont certainement aussi besoin d’une presse d’information indépendante pour les guider dans leurs choix, avec des articles clairs et pédagogiques, comme ils peuvent en trouver sur Deontofi.com.

La seconde observation de Jean Berthon porte davantage sur l’environnement général de l’épargne et ses conséquences pour l’économie. Comme il l’explique, la préoccupation des Français pour leur épargne est un sujet de société qui va bien au-delà des placements ou de l’assurance vie, et qui est en grande partie lié à la baisse des taux d’intérêt décidée par les banques centrales pour sauver les banques, mais qui pénalise davantage la croissance qu’elle ne la stimule.

Pour stimuler la consommation, explique Jean Berthon, il faudrait plutôt remonter les taux d’intérêt. Du point de vue du petit épargnant qui a besoin d’un complément de retraite, si la rémunération de son épargne est nulle, il a besoin d’épargner de plus en plus pour compenser l’absence de capitalisation des intérêts qui se substituait dans le passé aux efforts d’épargne. Cette politique, qui a pris le nom de répression financière a un effet dévastateur sur la consommation, puisqu’elle oblige finalement les citoyens à rogner encore plus sur leur consommation pour continuer à mettre de l’argent de côté face aux incertitudes économiques pesant sur leur retraite et même leur emploi. Cette analyse est d’autant plus crédible et pertinente qu’elle était partagée, au cours de cette réunion, par Jacques de Larosière, membre du conseil de la Faider, mais surtout ancien gouverneur de la Banque de France et conseiller du président de BNP Paribas. On aimerait qu’un tel bon sens soit mieux partagé. Malheureusement, les dirigeants actuels des banques centrales semblent plus préoccupés par le soutien des banques que de leurs clients.

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Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 22/02/2016
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