Revenant sur le discours du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, lors des 23èmes rencontres parlementaires sur l’épargne, Deontofi.com a sélectionné pour vous les informations et messages à retenir.
Le gouverneur a rappelé en préambule « quelques éléments de cadrage et quelques pistes de réflexion » utiles sur l’épargne des Français : le taux d’épargne en France est l’un des plus élevés de la zone euro, à 16 % du revenu disponible brut des ménages, contre 13 % en moyenne dans la zone euro.
Où va cet argent ? En terme de stock (c’est-à-dire la valeur du patrimoine accumulé et non pas les flux d’épargne annuels) « La plus grande partie est investie dans l’immobilier. Le reste – un peu moins de 4 000 milliards d’euros – est réparti entre trois grands types de placements financiers : les contrats d’assurance-vie (environ 1 500 mds d’euros), les placements bancaires (1 300 mds) et les titres (1 150 mds). »
Le patrimoine d’épargne financière des Français, à 4 000 milliards d’euros, correspond à environ donc deux fois le PIB annuel de la France.
Côté utilité économique c’est « une source majeure de financement que les banques et les autres intermédiaires financiers doivent pouvoir mettre au service de l’économie » a rappelé le gouverneur avant de faire un point sur chacun de ces placements.
L’assurance-vie, d’abord, placement financier préféré des Français : « Entre janvier et septembre 2013, la détention de ces contrats a augmenté de 32 milliards d’euros, soit 12 milliards d’euros de plus que sur l’ensemble de l’année 2012. C’est le seul placement financier dont la progression en 2013 a été plus forte qu’en 2012 ».
A compter de 2014, la réforme de l’assurance-vie votée en décembre 2013 devrait aider à drainer une partie de l’épargne vers les actions, notamment via le nouveau contrat « vie-génération », ayant vocation à financer les PME et les entreprises de taille intermédiaire.
Soucieux que les banques puissent s’appuyer sur l’épargne bancaire (plus de 1 240 milliards d’euros), Christian Noyer a expliqué que ces ressources étaient « trop coûteuses » pour les banques du fait que les trois quarts de ces placements [930 milliards] sont « réglementés ».
A 1,25%, le taux du livret A et du LDD (360 milliards d’euros fin 2013) est « bien supérieur à celui des refinancements de l’Eurosystème, 0,25 % » d’autant qu’il « détermine largement ceux des livrets librement rémunérés, pour des motifs commerciaux évidents » ce qui « contribue donc en réalité à renchérir une grande partie des ressources bancaires et, in fine, se répercute sur le coût du crédit ». [NDLR, un argument fidèle aux revendications des banques, doublé d’un couplet comparable sur le PEL et son taux de 2,5%].
En incluant les intérêts, l’encours des PEL a progressé de 9,5 milliards d’euros en 2013 « car les fonds déposés sur les PEL sont bloqués pour seulement deux ans et non soumis à l’impôt sur le revenu, alors que les intérêts obligataires le sont et que le taux des OAT à 10 ans s’est établi à 2,2 % en moyenne en 2013 », a estimé Christian Noyer.
Le reste de l’épargne financière est principalement constitué de fonds non monétaires [NDLR le rendement des fonds monétaires étant proche de zéro à cause des frais et des taux de la BCE] et d’actions non cotées [NDLR le plus souvent patrimoine professionnel d’actionnaires d’entreprises familiales] évalués à « un peu plus de 1 150 milliards d’euros » au troisième trimestre 2013. « La création au 1er janvier 2014 du PEA PME et le relèvement du plafond des PEA pourraient attirer une partie de l’épargne des ménages vers le financement de l’économie et c’est une évolution qu’il faut soutenir », a ajouté Christian Noyer avant de fixer quatre objectifs jugés prioritaires par la Banque de France dans ses réflexions sur l’allocation de l’épargne :
– « orienter une plus grande partie des placements des ménages vers le financement de l’innovation et de l’investissement » ;
– permettre au système bancaire d’assurer son rôle d’intermédiation au service de l’économie, « dans le contexte de normes internationales les conduisant à améliorer le rapport entre les crédits et les dépôts »;
– assurer, après prise en compte de la fiscalité, une juste rémunération de l’épargne, qui soit fonction de la durée des placements et du risque encouru ;
– « permettre une transmission normale de la politique monétaire de la BCE, en réduisant les entraves à cette transmission que constituent les réglementations étatiques des taux d’intérêt dont on peut d’ailleurs se demander si elles sont bien conformes aux règles de l’Union monétaire fixées par le traité » [NDLR, une attaque en règle contre les placements réglementés comme le Livret A, et contre la fixation de leur rendement par l’Etat français, suspecté d’être en infraction avec les règles de la BCE, indépendante de tout pouvoir y compris de celui des citoyens].
Pour en savoir plus, retrouvez sur le site de la Banque de France le discours de Christian Noyer lors des 23èmes rencontres sur l’épargne.