Deontofi.com a appris avec tristesse le décès de Jean-Pierre Rondeau, conseiller en gestion de patrimoine (CGP), le 9 mars 2022, dans sa 75ème année.
Connu comme le loup blanc dans le milieu du conseil en gestion de patrimoine, Jean-Pierre Rondeau était aussi apprécié des journalistes s’intéressant aux questions d’épargne et de placements.
D’abord parce qu’il était un « bon client » des médias, comme on désigne les interlocuteurs toujours prêts à répondre aux sollicitations des journaux ou télés, avec des propos percutants et pertinents. Mais aussi parce qu’il avait à coeur de défendre l’intérêt final des clients de sa profession, les épargnants, en particulier pour les préserver des arnaques que toutes sortes de fripouilles tentent de diffuser par l’intermédiaire des conseillers en gestion de patrimoine.
Ensuite Jean-Pierre était apprécié parce qu’il n’avait pas peur de son ombre, ni de mettre les pieds dans le plat, pour défendre ses convictions, mais aussi pour défendre le droit à l’information des épargnants face aux mensonges et menaces des escrocs déployant tous les moyens et procès iniques possibles pour travestir la vérité, effacer leurs mensonges et manipulations, interdire toute critique.
Résister aux attaques des ennemis de l’information, tant qu’on le peut encore, est une urgence citoyenne contre l’ascension des Putin en tout genre. Bien sûr cela coûte plus cher de se faire des ennemis en refusant leur dictature, que de ne rien dire et les laisser prospérer, au prétexte que ce n’est pas nos affaires.
Jean-Pierre Rondeau avait le verbe haut et n’hésitait pas à dénoncer publiquement et à signaler aux autorités les arnaques que les fripouilles tentent de fourguer aux épargnants, comme celle des placements bidons en lettres et manuscrits d’Aristophil.
Le maître de cette entourloupe était connu du tout Paris, et jusque dans son comté niçois, comme un des plus habiles corrupteurs et mystificateurs de son temps. J’ai raconté comme il terrorisait les journalistes, et avait même mis en échec le gendarme des placements en l’obligeant à effacer la mise en garde émise en 2007 contre son arnaque aux lettres et manuscrits. Car c’en était bien une (procès attendu).
Alors qu’il était injustement poursuivi en diffamation par la cabot des lettres et manuscrits pour avoir maintenu sa critique, notre confrère Erwan Seznec du magazine Que Choisir, avait reçu le soutien de Jean-Pierre Rondeau, venu témoigner en sa faveur au Tribunal.
Quand on sait la quantité d’hypocrites, faux-culs et cyniques toujours prêts à se draper des plus hautes valeurs morales, sans jamais bouger le petit doigt pour les défendre en pratique, l’engagement de Jean-Pierre Rondeau pour venir témoigner en personne à un procès de presse, inspire le respect.
« C’était un excellent professionnel ayant une attention pour chacune et chacun », a réagi Maître Hélène Feron-Poloni, associée du cabinet d’avocats Lecoq-Vallon & Feron-Poloni, qui défend des milliers de victimes de l’arnaque aux lettres et manuscrits.
Je n’étais pas un proche de Jean-Pierre mais nous nous considérions comme amis, partageant certaines valeurs d’intégrité, même si elles ne s’exprimaient pas toujours de la même façon. J’aimais bien Jean-Pierre et je l’interviewais souvent, d’abord dans Le Revenu quand j’en étais rédacteur en chef (1999-2013), notamment au sujet de la norme ISO 22 222 de qualité du conseil en gestion de patrimoine, qu’il avait contribué à établir et promouvoir, avec notre ami Didier Pagel, autre conseiller en gestion de patrimoine malheureusement disparu prématurément.
Quand j’ai appris son décès, j’ai voulu lui rendre hommage, ainsi qu’au nom des journalistes qui l’appréciaient et ne pouvaient pas se déplacer (dont Erwan Seznec retenu en Bretagne), en me rendant à ses funérailles, ce mardi 15 mars à l’église de Saint-Nom-la-Bretèche (78), une des terminaisons de la ligne SNCF L au départ de Saint-Lazare, non loin du domicile familial.
J’avais un jour pris ces photos de lui que j’aimais beaucoup (lui et les photos), car il y était naturel et joyeux (un peu goguenard comme moi) malgré les soucis contre lesquels on se battait (comme les procès en diffamation des fripouilles).
La flatterie des médias recopiant les images de Deontofi.com serait d’ailleurs plus courtoise s’ils en citaient la source et avec autorisation.
Je me souviens de l’avoir photographié au pied levé (en amateur mais avec un vrai appareil) dans ce cocktail annuel de l’AFG (l’association française de gestion financière), où la lumière était belle, sur le fond de ce rideau gris faisant ressortir son regard malicieux. C’était le 3 juin 2014 à 18h34 selon l’horodatage de l’appareil, au Pavillon Gabriel de mémoire, un bel espace planté en dehors du temps dans les jardins des Champs-Elysées.
Quelques années plus tard, la maladie l’avait rattrapé. Ses proches ont souligné le courage avec lequel il avait mené son dernier combat, contre « le crabe » comme ils l’appelaient: son cancer. Cela ne l’empêchait pas de continuer à râler haut et fort contre toutes les réformes ou dispositions qu’il jugeait inappropriées, comme en témoigne la foule de communiqués qu’il m’adressait, jusqu’au dernier à l’été 2020.
Plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées dans la petite église de Saint-Nom, commune longtemps rurale avant sa gentrification stimulée par l’implantation d’un terrain de golf, entouré de luxueuses villas, où l’on croise quelques célébrités en retraite dorée, comme Daniel Bouton, ex-patron de la Société générale abasourdi par le mot Kerviel.
Malgré la distance (du périphérique), la petite église de Saint-Nom était pleine comme un soir de Noël. Les témoignages sur la vie de Jean-Pierre, notamment de son fils Pierre ou de ses amis anciens combattants (du temps de son engagement au 9ème régiment de chasseurs parachutistes), alternaient avec les chants liturgiques.
Après la communion des fidèles de Jean-Pierre, le curé les invita à lui manifester leur « dernier adieu » avec cette aspersion d’encens en signe de croix sur le cercueil, en expliquant qu’il s’agissait initialement d’une forme de « baptême des morts » pour leur accession à la vie éternelle, appelée absoute, vulgarisée en « dernier adieu » par le concile de Vatican II, dans les années 60, pour faciliter la compréhension du grand public. Les néophytes apprirent quelque chose.
En sortant de l’église, la pluie dégoulinant du ciel triste et gris depuis le matin avait cessé. Chacun cherchait d’éventuels visages connus dans la petite foule entourant le corbillard avant son départ. Après un dernier hommage au drapeau de ses amis de régiment, Marie-Caroline, fille de Jean-Pierre Rondeau, remercia tout le monde d’être venu en invitant ceux qui voulaient au pot de l’amitié, dans la salle des fêtes à Feucherolles, charmant village voisin réputé pour sa brocante de la Saint Michel, saint patron des parachutistes, commémoré chaque 29 septembre.
Parmi les personnalités du métier, je bavardais un moment avec Olivier Samain, compagnon de route historique des conseillers en gestion de patrimoine, dont il a été un ardent promoteur parmi les pionniers dans le cadre du développement d’AXA Théma (Coralis) pendant 25 ans, avec son compère Yves Bruttin (retenu à un séminaire cisalpin), avant son passage chez Generali (ex-Fédé Continentale) et depuis trois mois chez Ageas Patrimoine (ex-Fortis repris par l’Américain AIG).
Il y avait aussi Jean-Marc Bourmault, pilier historique du salon professionnel Patrimonia, 270 exposants 7000 visiteurs, racheté par infopro digital que le fonds Towerbrook, son actionnaire, a mis en vente). On évoqua la mémoire de Jean-Pierre Rondeau, en marge de confidences avec un confrère que j’évitais d’écouter.
Nous fûmes rejoints par Philippe Loizelet, conseiller patrimonial expert en gouvernance et affaires d’entreprises, qui parmi ses nombreuses activités pour ses clients et la profession, comme Jean-Pierre Rondeau, avait été mandaté par ce dernier pour céder son entreprise, Megara Finance, qu’il gérait en tandem avec son inséparable épouse Anne-Marie.
Pour les curieux légitimes, son site web consacre une page à l’origine du choix de ce nom Megara : fille du roi de Thèbes, épouse d’Héraklès (Hercule) puis de son neveu, ville de Grèce, faubourg de Carthage, héroïne de Disney, et même planète à sauver dans la série Capitaine Flam (“L’empereur de l’Espace”).
Jean-Pierre Rondeau avait donc finalement vendu, avec les états d’âmes, hésitations et caprices courants et compréhensibles dans cette profession, où les artisans de la gestion de patrimoine ne vendent pas seulement un fonds de commerce déshumanisé, mais généralement un type de relations qui a construit la confiance de leurs clients, dont beaucoup étaient ou sont devenus des amis au fil des décennies d’accompagnement dans leurs projets de vie.
Vendre ses amis, ça ne se donne pas à n’importe qui, et surtout jamais au plus offrant qui pourrait trahir cette confiance pour rentabiliser son achat en fourguant n’importe quels produits générateurs de belles commissions, par exemple des produits structurés ou des pièges de défiscalisation.
Parmi la dernière poignée de candidats sélectionnés sur la liste des finalistes, c’était finalement Yvan Viallon, fondateur du cabinet VYP Finance à Lyon, qui l’avait emporté. Il était bien sûr présent à la cérémonie. De même que Philippe Feuille, élu président de La Cie des CGPI quand Jean-Pierre avait préféré renoncer à ce mandat en 2015, pour une « retraite bien méritée ».
En complément des éléments de biographie en bas de page, Deontofi.com reproduit ci-dessous l’hommage de Philippe Loizelet, président de l’Association Nationale des Conseils Diplômés en Gestion du Patrimoine (ANCDGP), à qui Jean-Pierre avait confié la mission délicate de l’accompagner dans le choix de son successeur auprès des ses clients, bien qu’ils furent tous les deux dans des associations professionnelles parfois rivales et pas toujours d’accord.
Par Philippe Loizelet:
Jean Pierre n’est plus et c’est une page de la Gestion de Patrimoine qui se tourne.
Celle des pionniers qui ont décidé l’aventure de l’exercice libéral. Pour Jean-Pierre, alors que la carrière bancaire lui était déjà tout ouverte, c’était prendre un virage (je vous laisse deviner si ce virage était à droite ou à gauche…).
Puis rapidement, ce fut, en sus, un engagement syndical pour une profession à faire connaître, reconnaître.
Et qui connaît Jean Pierre sait ce qu’engagement voulait dire pour lui.
L’engagement de Jean-Pierre fut entier, batailleur, bateleur et passionné.
Jean-Pierre a su défendre la profession, l’incarner dans ce qu’elle a d’indépendante, de personnalisée, d’empathique et de captivante.
Mais penser à Jean-Pierre, c’est penser à Anne-Marie, sa femme, patiente, diplomate mais tout aussi pugnace, toujours à ses côtés.
Penser à Jean-Pierre, c’est penser à Anne-Marie…
Chez eux : l’antre de Jean-Pierre sous les toits, ses dossiers, les photos, ses engagements, ses passions, ses camarades, ses fidélités … et le jardin de Anne-Marie tout en soins, dressé pour un repas en paix.
Voilà l’image que je garderai, le Feu et l’Eau, un après-midi ensoleillé dans les Yvelines, une soirée étoilée, arrosée, un plaisir partagé, renouvelé.
Ses bougonneries surjouées, forçant la confrontation verbale, cherchant ou relançant la polémique, bousculant mon savoir-vivre d’invité.
La taquinerie amusée tendre apaisante d’Anne-Marie venant vous requinquer, si elle vous sentait un peu déstabilisé par l’assaut de Jean-Pierre « montant dans les tours ».
Découvrir Jean-Pierre a été un plaisir.
Le voir entouré de ses sœurs, un régal pour le taquin que je suis.
Le conseiller : un honneur et un défi.
Le voir se battre contre ses cancers : une source d’admiration.
Mes pensées à Anne-Marie, ses enfants, ses sœurs et tous les siens.
Bien à eux,
Philippe LOIZELET
Président de l’ANCDGP
Association Nationale des Conseils Diplômés en Gestion du Patrimoine
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Deontofi.com reproduit ci-dessous les éléments de biographie de Jean-Pierre Rondeau présentés sur son CV officiel:
Jean-Pierre RONDEAU, ex PDG de MEGARA Finance, CGP Indépendant
pour Particuliers, Entreprises, Institutionnels, Associations, Family office, Tutelles/CIF, IOBSP, Assurance, Immobilier, CJA
www.megarafinance.fr/revue-de-presse
Principaux engagements professionnels :
– PDG fondateur en 1994 de MEGARA Finance SA : www.megarafinance.fr
– Président fondateur en 2005 de La Compagnie des CGPI, (ex CIF-CGPC), organisation agréée par l’AMF pour assurer la représentation et le suivi des CIF, « syndicat de CGPI » : www.lacompagniedescgpi.fr
– Administrateur de la Chambre des Propriétaires : http://www.chdp.asso.fr
– Parrain de la première promotion de « Prépa diplômante » Finances du Lycée STANISLAS Paris.
– 2010-2009, trésorier, puis secrétaire général, puis vice-président de la CGPC : CGP Certifiés, regroupe salariés banque et assurance, indépendants, professions ordinales- affiliée au réseau FPSB (Financial Planning Standard Board), 155000 conseillers CFP (« Certified Financial Planners ») dans 25 pays Europe, Amérique, Asie et Proche-Orient
– Ex membre du Jury d’examen de la CGPC.
– Ex Secrétaire général de « CGPC Formation ».
– A participé aux travaux internationaux pour la Norme ISO 22222 en gestion de patrimoine
– Ex administrateur de la CIP (CNCGP)
– Ex administrateur fondateur de l’UCPI (groupements CGPI)
– Ex membre du Conseil scientifique du site « pierrepapier.fr »
– Diverses fonctions Divers établissements 1969 – 1974 · 5 ans
- 1970-1978 : SOCIETE GENERALE, employé démarcheur et « titrard », puis Directeur d’agence.
1978-1984 : INDOSUEZ, CGP, puis Directeur d’agence, puis « Directeur des Agences de Paris ».
1984-1988 : CREDIT DU NORD, « Directeur de la Clientèle privée Immeuble central », puis « Directeur de la « Gestion de Patrimoine IDF (75 agences à animer sur la politique de patrimoine).
1988-1989 : Banque du LOUVRE, « Directeur de la Gestion Privée ».
1989-1991 : Société de Bourse DLP James Capel (Groupe HSBC), « Directeur de la Gestion Privée ».
1991-1993 : Société de Bourse CHEUVREUX de VIRIEU (Groupe INDOSUEZ), « Directeur de la Gestion Privée ».
- 1970-1978 : SOCIETE GENERALE, employé démarcheur et « titrard », puis Directeur d’agence.
PDG MEGARA Finance – 1994 – Dec 2017 · 24 ans – 9 Place de la Madeleine75008 Paris, 9 Place de la Madeleine
- Président, Directeur général, Fondateur, société de Conseil en gestion de Patrimoine
Administrateur Chambre Nationale des Propriétaires 2005 – 2021 · 16 ans Paris
- Défense notamment contre l’Etat, Information des Propriétaires
La Compagnie des CGPILa Compagnie des CGPI 17 ans 3 mois
- Président d’Honneur Fondateur Mar 2017 – 9 mars 2022 · 5 ans 1 mois
- Déontologie Règlementation
- La Compagnie des CGPI – Au service des CGPI pour la défense de l’épargnantLa Compagnie des CGPI – Au service des CGPI pour la défense de l’épargnant Au service des CGPI pour la défense de l’épargnantAu service des CGPI pour la défense de l’épargnant
Président 2005 – Mar 2017 · 12 ans 3 mois 2005 – 34, Rue du faubourg Saint Honoré, 75008 PARIS
- Association agréée AMF pour suivre, contrôler, représenter les CIF, « syndicat » de CGPI, défense des Epargnants, défense de la Profession
