Le complément de retraite mutualiste (Corem) est une fois de plus dans la tourmente. Depuis la faillite du Complément de retraite des fonctionnaires (Cref), ses anciens adhérents ont été incités à accepter un produit de remplacement baptisé Corem. Ce dernier a prolongé le naufrage financier du premier, accroissant les déceptions et la ruine des épargnants ayant confié les économies de leur retraite à ces institutions trompeuses. En effet, leurs promesses financières n’ont jamais été tenues et leur opacité semble protégée par des régimes dérogatoires et un laxisme du gendarme des assurances, son autorité de contrôle.
Bonne nouvelle, la Loi Pacte permet depuis octobre 2019 de transférer les économies de sa retraite Corem vers les nouveaux Plans d’épargne retraite (PER), plus transparents et performants que le Corem.
Deontofi.com reproduit ci-dessous le communiqué publié par l’Arcaf :
COREM : chronique d’une catastrophe annoncée
L’ex-CREF va baisser les rentes des adhérents de 13% dès le 1er janvier 2022, ajoutant à une perte du pouvoir d’achat des rentes de plus de 25% depuis 2002.
Le 4 mai 2021
Le COREM vient d’écrire à ses quelques 330 000 adhérents pour leur annoncer une baisse de leurs droits à rente de 12,6 % dès le 1er janvier prochain. Il s’agit d’une baisse de leur valeur nominale. La perte de pouvoir d’achat sera encore plus forte, et ce d’autant plus que l’inflation repart à la hausse.
L’ARCAF avait sonné l’alarme dès 2015 et encore à la fin de l’année dernière, en titrant « Alerte rouge au COREM … La valeur nominale (avant même l’impact négatif de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des rentes) risque fort de diminuer elle aussi. »
L’UMR, l’union de mutuelles « héritière » du CREF en 2002, leur a expliqué que « tous les placements financiers sont confrontés à cette situation » ! Le courrier de l’UMR omet pourtant de rappeler l’insuffisance chronique des réserves du régime, les pertes massives déjà subies par les adhérents de l’ex-CREF, soit lors de leur transfert au COREM en 2002, soit suite à leur démission, auxquelles s’ajoutent les pertes non moins importantes de leur pouvoir d’achat depuis lors : la perte de pouvoir d’achat cumulée – c’est-à-dire de la valeur réelle et non pas nominale des rentes – atteignant 25% en 2020. Les rentes COREM n’ont en effet jamais été revalorisées depuis 2013 et en-dessous de la hausse des prix auparavant.
De plus en 2014, le COREM a exigé deux années de plus de cotisations pour liquider les droits à taux plein (de 60 à 62 ans), ce qui veut dire que pour ceux qui n’avaient pas encore liquidé leurs droits, la perte est encore bien supérieure en raison de l’amputation de leurs rentes futures (deux années de moins leur seront versées).
Pire, ces pertes subies par les adhérents du COREM sont cachées aux épargnants : ces informations clé pour la performance de ce produit d’épargne retraite sont en effet introuvables dans la présentation du produit sur son site internet public, de même que les informations sur la situation gravement déficitaire du régime. La longue page web de présentation du COREM sur le site de l’UMR se contente en effet de vanter de supposés mérites du produit, omettant totalement ses très graves risques et faiblesses. Même cette baisse massive des rentes pour le 1er janvier prochain y est occultée [1] , tout comme dans la page Actualités du site ! L’ARCAF avait obtenu auprès des Pouvoirs publics en 2015 qu’au moins mention soit faite sur la page d’accueil du site public de l’insuffisance de réserves face aux engagements minimum pris envers les adhérents. Même cette mention a disparu aujourd’hui.
Enfin, les adhérents du COREM n’ont aucun moyen de faire valoir leurs droits puisque – contrairement aux adhérents des associations souscriptrices de produits d’assurance vie et de retraite – ils n’ont pas le droit de participer aux assemblées générales de l’UMR, ni – a fortiori – d’y voter. Le COREM [2] a obtenu en 2019 (Loi « Pacte ») une exemption à la règle commune à tous les contrats d’épargne retraite individuels (les nouveaux « PER » – Plans d’Epargne Retraite), qui doivent être « gouvernés par une association représentant les intérêts des épargnants » ; et ce malgré les protestations des associations d’épargnants.
L’ARCAF réclame depuis longtemps aux Pouvoirs publics (déjà condamnés à plusieurs reprises dans le scandale de son prédécesseur le CREF) :
de faire enfin respecter les règles d’information des épargnants, qui doit être claire et non trompeuse ;
d’aligner la gouvernance du COREM sur celle des autres PER en donnant aux adhérents le droit de participer et de voter aux assemblées générales de l’UMR ;
et de fermer d’urgence ce régime à tous nouveaux versements, alors qu’il a osé reprendre sa commercialisation en 2019 sans informer clairement les « prospects » des faiblesses et des risques considérables de ce produit d’épargne retraite.
Notes
[1] Il faut cliquer tout en bas du menu déroulant un lien peu visible, et apparemment sans rapport – « voir toutes les dispositions réglementaires COREM » – pour ensuite arriver sur une autre page intitulée « Comprendre COREM » puis lire cette longue page en détail pour trouver l’information.
[2] Ainsi que les associations PREFON et CGOS
Retrouvez ce communiqué sur le site de l’Arcaf ici.
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