Les mesures prises pour endiguer la propagation du coronavirus sont très pénalisantes pour l’économie. Ces mesures sans précédent paralysent en effet de nombreux secteurs de production de biens et services qui sont à l’arrêt. Une semaine après la mise en œuvre du confinement, les économistes ont planché sur de premières estimations de son impact, en partant de l’exemple de la Chine, qui expérimentait déjà cette situation depuis le confinement instauré à Wuhan à partir du 23 janvier 2020. « Les rares indicateurs disponibles en provenance de Chine depuis le début du confinement nous ont donné une idée du degré de paralysie subi par ce premier pays à y avoir eu recours », indiquait Véronique Riches-Flores le 23 mars. Du côté de la demande, elle notait une chute de 80 % à 90 % des ventes automobiles, des transactions immobilières et du trafic de passagers au niveau national, ou encore de la consommation de charbon. Au niveau de l’offre, elle observait un retrait de 50 % minimum de la production de voitures, d’habillement, de ciment au cours des deux premiers mois de l’année par rapport à la moyenne des quatre années précédentes sur la même période de l’année. Cela n’incluait pas le mois de mars encore plus mauvais avec l’intensification de l’épidémie. Au final, on apprenait mi-avril que l’économie chinoise a vu chuter son PIB de 6,8 % sur un an au 1er trimestre 2020.
En France, l’Insee a publié une première estimation de l’impact du cantonnement sur l’économie le 26 mars. Voici son décryptage livré par l’IEIF le 2 avril : « Côté offre, la baisse d’activité instantanée sur le PIB est de l’ordre de 35 %. La contribution la plus élevée, à hauteur de 20 points, est sur les services marchands (36 % de baisse, 56 % du PIB). Cette estimation conforte l’observation de l’industrie immobilière via l’arrêt des activités des locataires dans l’hôtellerie, la restauration et les commerces. La perte d’activité la plus violente est liée au secteur de la construction (baisse de 89 %, 6 % du PIB), suivie par celle de l’industrie hors agroalimentaire (baisse de 52 %, 12 % du PIB). Les secteurs des services non marchands et de l’industrie agroalimentaire sont relativement moins impactés. Face à cette situation, les garanties de prêts de l’Etat sont de l’ordre de 15 % du PIB avec pour objectif de maintenir solvables la plupart des entreprises.
Côté demande, la baisse de la consommation est aussi de l’ordre de 35 %. La contribution la plus élevée, à hauteur de 33 points, est sur les biens durables (60 % de baisse) et les services marchands (33 % de baisse). Les seules dépenses en hausse sont liées au secteur alimentaire.
Au total, pour l’Insee, l’effet d’un mois de confinement sur le PIB annuel serait de -3 % et de -6 % pour un confinement de deux mois. La situation est plus ou moins la même en zone euro et pour l’ensemble des pays européens ».
Mi-avril, le Fonds monétaire international (FMI) a publié des prévisions encore plus sombres. Le FMI prévoit une chute de 3 % du PIB mondial en 2020, la plus grave récession depuis la Grande Dépression de 1929. La zone euros serait la plus pénalisée, avec une chute de PIB de 7,5% en moyenne, dont une récession de -6,5% au Royaume-Uni. Les Etats-Unis verraient aussi leur PIB chuter de 5,9 %. Le FMI prévoit une récession de -7,2 % en France, mais la Banque de France prévoit pour sa part une chute d’au moins 8% du PIB cette année. Cette dépression serait près de trois fois plus grave qu’en 2009, lors de la crise bancaire, quand le recul du PIB avait atteint 2,9% en France.