En plaçant Emmanuel Macron en position d’être élu président de la République, les Français ont opté pour la continuité des réformes des retraites visant à sauvegarder les régimes de retraite par répartition tout en développant de nouveaux fonds de retraite par capitalisation. Dans l’attente des projets qui seront précisés par le gouvernement de coalition en préparation dans le contexte des élections législatives, les Français peuvent déjà mesurer l’impact des réformes passées sur l’évolution de leurs droits à la retraite.
L’Insee a publié récemment une étude très instructive sur l’impact des réformes des retraites, dont Deontofi.com reproduit ci-dessous les principales conclusions.
Report de l’âge de la retraite et taux d’emploi des seniors : le cas de la réforme des retraites de 2010
Quatre réformes des retraites se sont succédé en France depuis le début des années 1990 : en 1993, 2003, 2010 et 2014. À partir du milieu des années 2000, le taux d’emploi des séniors a augmenté significativement après une longue période de baisse. Il est difficile de cerner la contribution de chacune des réformes dans cet accroissement, car leurs effets interfèrent et sont en général progressifs. La réforme de 2010 fait exception par son caractère rapide et contraignant : elle a augmenté de deux ans l’âge d’ouverture des droits, à raison de quatre puis cinq mois par an entre les générations 1951 et 1955. Les conditions de sa mise en œuvre la rapprochent d’une situation d’ « expérience naturelle », au sens des méthodes d’évaluation. La comparaison entre les générations affectées par la réforme et celles qui les ont immédiatement précédées permet d’en apprécier l’effet causal, non seulement sur l’âge de liquidation mais aussi sur les situations d’emploi avant liquidation.
De fait, entre les premières générations concernées par la réforme de 2010 et celles immédiatement antérieures, le taux d’activité à 60 ans a augmenté fortement : de 24 points pour les hommes et de 22 points pour les femmes. Avant la réforme, le taux d’activité à 60 ans était de 32 % pour les hommes et de 43 % pour les femmes.
Cette élévation du taux d’activité à 60 ans s’est traduite surtout par un accroissement de l’emploi. Pour la même catégorie de personnes, la probabilité d’occuper un emploi a progressé de 17 points pour les hommes et de 16 points pour les femmes, dont respectivement 3 et 7 points sous forme d’emploi à temps partiel. Mais le chômage s’est également accru : de 7 points pour les hommes et de 6 points pour les femmes. Dans le même temps, l’inactivité hors retraite a également légèrement augmenté pour les hommes (+ 3 points).
L’effet dominant de la réforme à court terme aurait été de figer les situations atteintes à l’approche de la soixantaine dans l’attente du nouvel âge d’accès à la retraite : c’est surtout par l’allongement de la durée d’emploi des personnes encore en emploi entre 58 ans et 60 ans que la réforme aurait permis d’accroître l’emploi global.
Retrouvez le dossier complet sur le site de l’Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2546882