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Flambée des fruits et légumes, baisse de l’essence et du gaz, hausse de l’électricité… (photo © GPouzin)

Les prix augmentent-ils avec la crise sanitaire ? Au début du confinement, on a pu craindre que les contraintes pesant sur l’approvisionnement des commerces ne se traduisent par des hausses de prix.

En effet, les commerces ont été fortement pénalisés par la crise sanitaire. Ceux qui restaient ouverts avaient moins de clients, les livraisons étaient plus compliquées, le trafic de marchandises ralenti. On pouvait craindre une pression sur les prix, surtout pour les denrées alimentaires fortement demandées, et les produits frais. Pour ces derniers, les difficultés de la chaîne logistique allaient jusqu’au stade de production. Car avec le confinement et l’arrêt du travail dans de nombreux secteurs, les agriculteurs avaient plus de difficulté à fournir leurs produits.

Les dernières statistiques d’inflation, à fin mai, nous donnent un panorama plus détaillé de l’évolution des prix dans différents domaines.

Alimentaire: +25% sur les légumes et +18% sur les fruits

En mai 2020, les prix de l’alimentation ralentissent légèrement, après la forte accélération du mois précédent : +3,5 % sur un an après +3,7 % en avril et +1,9 % en mars. Les prix des produits frais sont un peu moins dynamiques (+17,3 % sur un an après +17,8 %). Les prix des légumes frais (+24,8 % sur an après + 30,3 %) et des poissons frais (+10,3 % après +19,0 %) ralentissent nettement alors que les fruits frais se renchérissent (+18,0 % sur an, après +10,8 %).

Hors produits frais, les prix de l’alimentation décélèrent également, à +1,2 % sur un an, après +1,4 % le mois précédent. Les prix du lait, fromage, œufs se replient de −0,2 % sur un an après +0,1 %. Ceux des farines et autres céréales (−2,0 % après −1,6 %) et des huiles et graisses (−0,4 % après −0,3 %) baissent davantage et les prix des boissons alcoolisées ralentissent (+0,3 % après +0,5 %). En revanche, les prix du riz (+0,7 % sur un an après −0,3 %) et du sucre (+0,8 % après −0,3 %) rebondissent, et ceux des fruits en conserve accélèrent (+1,1 % après +0,5 %).

Rebond du prix des transports

Sur un an, les prix des services accélèrent fortement en mai, après un net ralentissement en avril : +1,2 % après +0,6 %. Les prix des services de communication rebondissent (+1,6 % sur un an après −1,0 %). Fortement affectés par les mesures de confinement, les prix des services de transport se redressent en mai (+0,8 % sur un an après −6,0 %) dans le sillage des transports aériens (+4,5 % sur un an après −12,6 %). Les prix des « autres services », dont la consommation a été aussi fortement limitée pendant le confinement, accélèrent : +1,6 % sur un an, après +1,4 %. En revanche, les prix des loyers, eau et enlèvement des ordures ménagères sont un peu moins dynamiques (+0,2 % sur un an après +0,3 %). Enfin, les prix des services de santé augmentent de 0,4 % sur un an, comme le mois précédent.

Baisse de l’essence et du gaz, mais hausse de l’électricité

Sur un an, la baisse des prix de l’énergie s’accentue : −11,0 % en mai, après −8,6 % en avril 2020. Il s’agit de leur plus forte baisse depuis octobre 2009. Les prix des produits pétroliers reculent de nouveau : −21,2 % sur un an, après −17,0 % en avril ; sur le mois, ils baissent, mais moins que le mois précédent (−3,8 % après −7,4 %), alors qu’ils étaient en hausse en mai 2019 (+1,3 %). Les prix du gaz baissent également davantage sur un an : −13,6 % après −13,2 % en avril.

Les prix de l’électricité augmentent en revanche de 9,7 % sur un an, comme les trois mois précédents.

Baisses des ventes et prix des produits manufacturés

L’évolution des prix des biens manufacturés est moins significative, quand on sait l’évolution de la consommation dans ces domaines. En avril 2020, les dépenses de consommation des ménages en biens avaient chuté de 20,2 % en volume par rapport à mars. Il s’agit du second mois consécutif enregistrant une baisse historique depuis le début de la série en 1980. L’évolution des dépenses de consommation des ménages en biens de mars 2020 avait été revue à la hausse (–16,9 % au lieu de –17,9 %). Pour les services, on n’en sait rien.

En avril, la consommation de biens fabriqués chute de nouveau très lourdement (–42,6 % après –42,1 %), les dépenses en énergie chutent fortement (–22,8 % après –10,2 %) et la consommation alimentaire se replie nettement après une forte hausse en mars (–5,4 % après +9,2 %).

Du coup, l’évolution des prix observée en mai devra être confirmée quand la consommation de biens retrouvera un niveau plus normal.

Sur un an, en mai 2020, les prix des produits manufacturés reculent de 0,7 %, après −0,5 % le mois précédent. La baisse des prix de l’habillement et chaussures sur un an est davantage prononcée que le mois précédent (−2,7 % sur un an après −0,9 %). Les prix des « autres produits manufacturés » augmentent à peine : +0,1 % sur un an, après une stabilité le mois précédent. Les prix des petits appareils ménagers rebondissent (+0,4 % après −1,8 %) et la baisse des prix des produits d’entretien et de nettoyage s’amenuise (−0,6 % sur un an, après −0,9 %). En revanche, les prix de la verrerie, vaisselle et ustensiles de cuisine ralentissent (+0,6 % sur an après +1,3 %) et ceux des articles d’hygiène corporelle, de bien être et produits de beauté reculent davantage (−2,5 % sur un an après −1,3 %). Enfin, les prix des produits de santé diminuent de 2,1 % sur un an, après −2,4 % en avril.

Des services à l’arrêt

La crise sanitaire liée au Covid-19 et le confinement ont eu un impact très important sur la fréquentation hôtelière. Une première estimation de la chute de fréquentation a été réalisée à partir des données de trois grandes enseignes sur les quatre premiers mois de l’année. Sur ce champ, le nombre de chambres occupées chute de 61 % en mars 2020 par rapport au même mois de l’année précédente, et de 79 % en avril. En moyenne sur les quatre premiers mois de l’année, la baisse est de 37 % par rapport à 2019.

En mars 2020, le nombre de nuitées passées par les résidents dans l’ensemble des hébergements marchands en France métropolitaine a été divisé par deux (− 49 %). La différence avec la chute globale de fréquentation (-61%) s’explique par l’absence des étrangers.

Sources:

Inflation mai 2020 : https://www.insee.fr/fr/statistiques/450721
Dépenses de conso avril 2020: https://insee.fr/fr/statistiques/4500749

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