On revient sur l’examen des appartements, cette fois celui de Mr Pierre Teulé-Sensacq, ex-trésorier général du Cref. « Quand j’ai occupé ce logement, c’était dans une logique de remboursement de frais de déplacements, explique-t-il. A partir de mes agendas réels j’ai fait un calcul et j’arrive à un montant comparable au niveau du loyer, on peut donc considérer le logement comme une contre valeur de frais ». Maître Terquem lui demande pourquoi faire cette comparaison en incluant les frais de repas mais se fait stopper par la présidente : « On peut le discuter, concède-t-elle, mais monsieur a fait son calcul comme ça le jour où on lui a demandé de s’expliquer ». L’intéressé complète néanmoins son explication : « C’est parce qu’il y avait une règle à l’Education nationale, quand on était en déplacement, si le train arrivait à 21h59 il n’y avait pas d’indemnité de repas, mais s’il arrivait à 22h oui ». La présidente passe ensuite à l’appartement de madame Monique Escande, visiblement la moins bien logée malgré sa « sujétion » de trésorier général-adjoint. « C’était un appartement de 70m2 au rez-de-chaussée sur rue, explique-t-elle. On ne voyait jamais le soleil. Les quatre fenêtres donnaient sur la rue si bien qu’on ne pouvait pas les ouvrir à cause du bruit et du passage ». Les deux dernières années elle avait pu déménager dans celui d’au-dessus qui s’était libéré. Le trésorier lui disait que 10% des appartements n’étaient pas loués et elle avait pu en visiter plusieurs. Elle avait choisi celui là car le quartier lui plaisait. Il faut dire que la Rue de la Bucherie est presque en face de Notre-Dame depuis le Quai de Montebello, rive gauche. « Avant j’habitais un appartement dans une école comme directeur d’école, poursuit-elle. Plutôt une villa dans l’enceinte de l’école, rectifie-t-elle. Il faut bien loger quelque part. Et il y avait eu une étude de Mr Teulé-Sensacq qui par comparaison établissait que c’était moins cher que l’hôtel. »
Arrive ensuite le tour du sénateur-maire ex-ministre René Teulade, dont l’appartement retient davantage l’attention tant il est chargé d’histoire. Situé Rue de Solferino, ce logement de quatre pièces principales avait la particularité de jouxter le siège historique du Parti Socialiste, au numéro 10. Et il semblait impensable de le louer à n’importe qui, car ses fenêtres donnaient, paraît-il, sur le bureau du premier secrétaire du parti au pouvoir.
L’histoire de ce logement est une histoire de cinquante ans, confirme René Teulade. Quand le président de la mutuelle est venu en 1972 me chercher car j’étais le principal militant syndical, il m’a dit j’ai besoin de toi, j’ai répondu que c’était impossible sans logement. Le secrétaire général de l’époque m’a dit oui, il faut que tu sois logé pour ne pas recommencer mon aventure car j’ai divorcé. A l’époque je n’avais pas de patrimoine immobilier, on m’a donné un logement de la ville de Paris rue Lecourbe. Quand on a construit rue de Solferino des bureaux avec un parking de 60 places et 4 logements, il m’a dit de l’occuper et qu’on payerait le loyer aux caisses départementales propriétaires des logements plutôt qu’à la ville de Paris. Je paye le loyer depuis 1999 et j’y suis encore. C’est un appartement de 70m2 avec trois chambres, un séjour, un petit bureau au 5ème étage. Aujourd’hui le loyer est de 2288,13 euros plus 442 de provisions pour charges, que je paye avec mes charges du Sénat. Je le quitterai quand je ne serai plus au Sénat et que je rejoindrai ma Corrèze.
Il serait intéressant de vérifier si le siège du Parti Socialiste rue de Solférino ne fait pas partie d’appartements, voire en ce cas d’immeuble, faisant partie du patrimoine immobilier prudentiel du CREF et occuppés gratuitement ou concédés à des loyers symboliques à des membres du PS ou à des personnalités dans son orbite, en spoliation des intérêts des cotisants, majoritairement modestes employés de l’Education Nationale….volés par l’ un des leurs.
On doit aussi rappeler que dans les années 2000 à 2002, M.JOSPIN ,visant l’élection présidentielle , ne souhaite pas traiter le problème du régime vieillesse de la Sécu qui va dans le mur – ce serait impopulaire – et demande à un expert (!!!) M. TEULADE (qui dirige le CREF à sa perte) de rédiger un rapport pour le parlement visant à montrer qu’il n’y aucune urgence car le régime se réequilibrera de lui-même par la baisse du chomage à 5% de la population active, une croissance supérieure à 3% et une démographie dynamique, hypothèses volontairement irréalistes… rapport accueilli par une bronca des parlementaires mais qui permet de toujours repousser le problème .
Feu Monsieur TEULADE était suppléant de François HOLLANDE. En remerciement de ses services cités plus haut il a même obtenu un poste de ministre.
Peut-être que exerçant dans un cadre mutualiste et élu d’un parti qui s’arroge le monopole de la morale finissait-il par confondre son intérêt personnel avec l’intérêt collectif ?