Le Bitcoin, après le trading sur devises, les terres rares ou les livrets diamants, est devenu la nouvelle égérie des vendeurs d’escroqueries industrielles en 2017.
Comme Deontofi.com était le premier média à le signaler à ses lecteurs, le Bitcoin est devenu un support d’escroquerie dès que sa popularité médiatique a permis d’attirer l’attention des victimes crédules.
Dès le mois de décembre 2017 les escrocs ont commencé à alterner leurs publicités sur les grands médias sociaux, comme Google et Yahoo, pour y afficher des annonces faisant la promotion de prétendus placements en Bitcoin.
En janvier, même si la rechute du Bitcoin rendait sa promotion moins aisée par les sites d’escroquerie, ces derniers diffusaient toujours des publicités reprenant la rengaine classique déjà éculée pour les arnaques au trading, dans l’espoir de faire croire aux épargnants crédules qu’il y aurait un réel engouement, totalement inventé, pour ce non-placement.
Il faut aller voir les sites se cachant derrière de telles publicités avec un regard critique et une certaine expérience du monde des placements, de la finance et de l’épargne, pour comprendre la mécanique de l’arnaque.
En cliquant sur la pub, on arrive sur le site CryptoMoneySecrets qui est une supercherie avec un beau design, comme généralement pour les sites d’arnaque. Le soin mis à la réalisation tend à faire oublier qu’il s’agit d’un décor de cinéma sans rien derrière.
Effectivement, il n’y a rien derrière. L’hébergeur du site semble localisé quelque part aux Etats-Unis aux fins fonds du Kansas, mais son nom a été déposé par un intermédiaire panaméen garantissant l’anonymat du propriétaire officiel du site d’arnaque.
Panama ! Et dire que des épargnants français arrivent encore à s’y faire engloutir leurs économies, 140 ans après le scandale du canal de Panama… Il s’agit de sites d’hameçonnage.
Le but est d’abord d’éveiller la curiosité des épargnants les plus crédules, à la recherche des bons plans cachés pour s’enrichir. L’appât consiste à leur raconter de belles histoires pour les mettre en appétit, qu’il s’agisse de s’enrichir avec le trading, les diamants ou les Bitcoins, tous les prétextes sont bons.
Un site anonyme qui n’a rien à vendre, mais pas rien à prendre !
Le principe de ces sites est toujours le même : ils sont anonymes, ce sont des décors de cinéma sans rien derrière, ni personne de recommandable. Ceux qui se cachent derrière ces sites ne sont pas des lanceurs d’alerte craignant pour leur sécurité parce qu’ils dénoncent les fraudes des puissants. Non, ce sont les équipes de marketing de l’industrie des escroqueries à l’épargne sur Internet. L’objet de ces sites est uniquement de récolter vos coordonnées, les précieuses coordonnées de curieux qu’ils vont savamment approcher pour les démarcher.
Sur le site CryptoMoneySecrets, par exemple, la plupart des accroches pour faire mordre les victimes à l’hameçon visent à les faire cliquer sur un lien qui ouvre invariablement une boîte de dialogue contenant un formulaire pour collecter leurs coordonnées. Comme si le Bitcoin était une affaire d’éligibilité ! L’appât est stupide mais efficace.
Collecter les coordonnées des pigeons pour mieux les piéger par la suite est la clé de ces escroqueries. Dès qu’une personne a l’imprudence de renseigner les escrocs, elle sera contactée par démarchage téléphonique et par courriel, afin de l’amener à faire un versement.
Ensuite on fera croire aux pigeons qu’ils s’enrichissent avec des gains factices, afin de les convaincre de déposer toujours plus d’argent. Ou à l’inverse on leur laissera d’abord espérer des gains avant de leur faire croire qu’ils perdent de l’argent, afin de les inciter à en déposer davantage pour se refaire. Ce n’est qu’au moment où ils commencent à vouloir récupérer leur argent que les victimes découvrent plus ou moins rapidement qu’ils sont piégés : ils ne pourront rien récupérer le jour où ils tenteront le moindre retrait, car c’est la règle comme dans le scandale Madoff, et comme dans les escroqueries au trading dont les enquêtes judiciaires ont officiellement démasqué et décrit les pratiques dans le cadre des procès en cours.