Un communiqué oublié de la banque HSBC a refait surface dans nos archives de sujets en retard. Pour Déontofi, le recrutement par la banque d’un ancien procureur général des Etats-Unis illustre une dualité dont l’avenir dira la vraie nature : améliorer vraiment le contrôle interne et la conformité de la banque, ou s’acheter une image d’honorabilité en débauchant un haut fonctionnaire pour neutraliser ses critiques ?

De quoi s’agit-il ? Dans un communiqué du 30 janvier 2013, la banque HSBC annonçait l’arrivée à son conseil d’administration, effective le 4 mars 2013, de James Brien Comey, un ancien « deputy attorney general » des Etats-Unis, c’est-à-dire l’équivalent de l’avocat général ou du procureur de la République dans le système judiciaire français. Et pas n’importe lequel, puisque ce juriste de 52 ans était procureur du district sud de l’état de New York de 2002 à 2003, où il avait la responsabilité de poursuivre, au nom de la puissance publique, les délinquants en cols blanc, notamment les dirigeants de sociétés accusés de fraudes boursières. Il y avait même créé une unité spécialisée dans la poursuite des cartels internationaux de la drogue. Ses succès dans sa mission lui avaient valu une promotion, de 2003 à 2005, à la haute fonction de procureur général adjoint de la nation (United States Deputy Attorney General) au sein du ministère de la justice, en charge de la force spéciale du Président des Etats-Unis pour lutter contre la délinquance d’entreprise (« the President’s Corporate Fraud Task Force »).

Choisi par la banque HSBC pour siéger à son Comité de vulnérabilités du système financier (Financial System Vulnerabilities Committee), la question reste de savoir s’il aura toute la liberté pour lutter contre les risques de dérives de cette institution financière, et s’il disposera de moyens et d’informations suffisants pour le faire, ou si son honorabilité et ses compétences seront utilisées par la banque pour crédibiliser son image et défendre son innocence en cas d’incident.

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