En un quart de siècle, les inégalités de revenus se sont accrues en région parisienne, davantage qu’entre Paris et la province, révèle une étude de l’Insee. En dehors de Paris et des hauts-de-Seine, les départements où se concentre le plus de richesse sont ceux abritant les grandes métropoles régionales.
Deontofi.com reproduit des extraits de cette étude:
Le revenu fiscal est plus élevé en Île-de-France, dans les grandes agglomérations et près de la Suisse
En 2018, dans 17 départements, le revenu fiscal par habitant est supérieur à la moyenne nationale (figure 1a). Parmi eux, il y a les départements de la région Île-de-France, sauf la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise. Cinq de ces 17 départements sont centrés sur de grandes agglomérations (Lyon, Toulouse, Nice, Bordeaux, Strasbourg), quatre départements sont limitrophes ou proches de la Suisse (Haute-Savoie, Ain, Haut-Rhin, Savoie) et deux départements sont situés sur le littoral du sud de la France (Var et Pyrénées-Atlantiques). La plupart de ces départements avec les revenus les plus élevés en 2018 se trouvaient déjà dans la même situation en 1984, à l’exception notamment de certains départements proches de la Suisse
Entre 1984 et 2000, le revenu fiscal par habitant de l’Île-de-France était supérieur d’environ 50 % à celui de la province. L’écart s’est réduit à 33 % en 2013 mais remonte à 37 % en 2018.
Les disparités de revenu fiscal entre les départements d’Île-de-France ont augmenté significativement entre 1984 et 2018 alors qu’elles étaient faibles en 1984. En fin de période, elles contribuent même presque autant que les disparités entre l’Île-de-France et la province. En effet, au cours des trente dernières années, les évolutions sont divergentes dans les huit départements franciliens (figure 4). L’avance de Paris s’accentue, les Hauts-de-Seine et les Yvelines se maintiennent nettement au-dessus de la moyenne nationale. Dans quatre départements (Val-de-Marne, Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise), le revenu fiscal moyen se rapproche du niveau national alors qu’il était nettement supérieur à la moyenne en 1984. Enfin, en Seine-Saint-Denis, où le revenu moyen était initialement le plus faible d’Île-de-France mais proche de la moyenne nationale, le revenu moyen, rapporté à la moyenne de la France métropolitaine, diminue fortement et de façon continue (– 30 points sur la période) ; il s’agit de la plus forte baisse de tous les départements français. Depuis les années 1980, les situations de pauvreté se sont amplifiées dans ce département. Le taux de chômage, qui était proche de la moyenne nationale en 1984, y est désormais supérieur de 3 points. Les nouveaux emplois créés en Seine-Saint-Denis ces dernières années sont souvent occupés par des personnes qui ne résident pas dans le département. Ainsi, le nombre d’emplois dans le département a augmenté de 8,2 % entre 2007 et 2017, alors que le nombre d’actifs occupés résidant dans la zone n’a progressé que de 4,6 % sur la même période.
Entre les départements de province, les disparités sont plus limitées et restent assez stables au cours du temps. Les contributions des départements de province à ces disparités varient peu durant la période, sauf pour la Haute-Savoie, où le revenu moyen a le plus augmenté. Inférieur au niveau national en 1984, il est supérieur de 29 % en 2018. Cela s’explique par l’essor du travail frontalier : le nombre de personnes résidant en Haute-Savoie et travaillant en Suisse a plus que doublé au cours des quinze dernières années.
Cette étude est complétée par un autre travail récent de l’Insee, publié en juin dernier, sur les disparités de niveau de vie régionales et territoriales.
Des niveaux de vie proches dans 10 régions métropolitaines
En 2017, en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, 27 875 000 ménages fiscaux regroupent 63 938 000 personnes. Cette population a un niveau de vie annuel médian de 21 030 euros. Cela correspond à un revenu disponible de 1 750 euros mensuels pour une personne seule ou de 3 680 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. Les écarts entre régions (figure 1a) s’expliquent par des différences liées à la spécificité de leur tissu productif et au profil de leur population (âge, niveau de diplôme, etc.). Ainsi, le niveau de vie médian est plus élevé en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, régions qui concentrent aussi plus de la moitié des très hauts revenus. L’Île-de-France détient la proportion de cadres la plus forte des régions (30 % pour une moyenne nationale de 18 %). Le niveau de vie médian est le plus faible dans les Hauts-de-France ainsi qu’en Martinique et à La Réunion, où les taux de chômage sont plus élevés et la part des cadres et des professions intellectuelles supérieures plus faible.
Le niveau de vie médian à Paris est 1,8 fois supérieur à celui à La Réunion. Dans quatre départements, le niveau de vie médian est supérieur à 25 000 euros : Paris, les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Haute-Savoie (figure 1b). La proportion de travailleurs frontaliers avec la Suisse contribue à la situation de ce département. À l’opposé, le niveau de vie médian est inférieur à 19 000 euros à La Réunion et en Martinique et dans cinq autres départements : la Seine-Saint-Denis, l’Aude, le Pas-de-Calais, la Creuse et les Pyrénées-Orientales. Le faible niveau en Seine-Saint-Denis s’explique par une surreprésentation des jeunes et des personnes au chômage.
Les disparités de revenus sont plus marquées à Paris, dans les Hauts-de-Seine et les DOM
Dans les communes denses, les inégalités sont plus importantes. Le rapport interdécile, qui mesure l’écart entre le niveau de vie « plancher » des 10 % les plus aisés et le niveau de vie « plafond » des 10 % les plus modestes, est de 4,2 pour les communes denses, comparé à 2,9 pour les communes très peu denses. Ce rapport s’établit globalement à 3,5 pour la France métropolitaine, la Martinique et La Réunion. Les inégalités sont plus fortes en Île-de-France (figure 2a), notamment à Paris (6,3) et dans les Hauts-de-Seine (4,9), mais aussi à La Réunion (4,4) et en Martinique (4,2) (figure 2b). Si, en Île-de-France, les inégalités sont principalement dues aux forts niveaux de vie des plus aisés, c’est l’inverse dans les deux DOM où elles sont plutôt liées aux faibles revenus des plus modestes. En revanche, les inégalités sont plus faibles (rapport inférieur à 2,9) dans les Pays de la Loire et en Bretagne, où les niveaux de vie se concentrent plus autour de la médiane.
Au niveau intercommunal, le rapport interdécile va de 2,2 dans la communauté de communes du Pays de Saint-Fulgent – Les Essarts en Vendée à 7,3 dans la communauté d’agglomération du Pays de Gex dans l’Ain.
Des situations de pauvreté plus présentes dans les communes denses
Avec un taux de 18,2 %, la pauvreté est plus importante dans les communes denses. Ces dernières regroupent 37 % de la population des ménages fiscaux et 46 % de la population pauvre. Elles se situent dans les grandes agglomérations, où se trouvent notamment les quartiers prioritaires de la politique de la ville. À l’inverse, dans les communes peu denses, ces proportions sont respectivement de 30 % et 21 %, avec un taux de pauvreté de 10,8 %. Dans les autres types de communes, la part de population et de personnes pauvres sont identiques.
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