Face à l’inflation des tarifs bancaires et à la généralisation des frais de tenue de compte dans les grandes banques à réseaux d’agences, beaucoup de clients veulent changer de banque pour payer moins de frais. La concurrence s’améliore et des dispositifs ont été créés pour faciliter la mobilité bancaire. Mais dans la pratique, changer de banque est encore un parcours d’obstacle dont il faut connaître les étapes. Deontofi.com vous explique comment changer de banque sans faux pas.
Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 18/1/2016
1/ Est-ce que les Français changent plus de banque qu’avant ?
Comme la plupart des consommateurs européens, les Français changent très peu de banque. On disait à une époque que les gens changent plus souvent de conjoint que de banque. Même si la mobilité bancaire s’est améliorée, cela reste sans doute vrai si l’on compare les statistiques de divorces et de changement de banque. Jusqu’au début des années 2000, à peine 4% des gens changeaient de banque, tandis que cette proportion a presque doublé pour atteindre 7% des Français qui déclarant avoir changé de banque, selon l’Eurobaromètre 373 d’avril 2012 cité par la Fédération des banques françaises.
2/ Pourtant beaucoup de gens sont mécontents de leur banque ?
C’est vrai, selon les années entre 15 et 20% des Français se déclarent mécontents de leur banque et veulent en changer, ce qui représente tout de même entre 1 client sur 7 et 1 client sur 5. Mais en pratique, beaucoup de ces clients mécontents hésitent ou renoncent à changer de banque pour toutes sortes de raisons liées au manque de concurrence entre les banques ou à la perception culturelle de ce manque de concurrence.
Beaucoup de gens disent « changer de banque ne résoudra pas le problème puisque les autres banques ne valent pas mieux », ce qui est en partie vrai face aux tarifs élevés pratiqués par les grands réseaux d’agences.
Dans le même esprit 27 % des Français pensent que changer de banque coûte cher, selon un sondage Ifop de mai 2013 cité par la FBF, c’est plus d’un Français sur quatre, mais la tendance s’améliore puisqu’ils étaient 41 % à craindre le coût d’un tel changement en 2010.
Enfin beaucoup de gens diffèrent ou abandonnent l’idée de changer de banque simplement parce que c’est compliqué et que cela prend du temps.
3/ Peut-on changer de banque plus facilement qu’avant ?
En théorie, les procédures pour changer de banque s’améliorent. Sous la pression des pouvoirs publics les banques ont fait des efforts pour faciliter la mobilité bancaire, au moins en façade ce qui est important pour l’image et dans l’esprit des consommateurs. Depuis quatre ans (novembre 2011), « presque 100% » des détenteurs de comptes bancaires en France peuvent bénéficier d’un « service d’aide à la mobilité » pour changer plus facilement de compte bancaire principal, en le demandant à leur ancienne banque (celles qu’ils quittent).
En théorie, ce service se charge faciliter la clôture du compte et le changement de banque de son client. Selon la Fédération bancaire française :
Elle ferme le compte dans un délai de 10 jours ouvrés à compter de la demande de clôture du compte. La clôture des comptes de dépôts et comptes sur livret (LDD, LEP, Livret A…) est gratuite depuis le 1er janvier 2005. Si des chèques sont présentés sur ce compte clos, la banque s’efforce de prévenir son ancien client pour lui permettre de régulariser sa situation. La banque de départ propose de fournir un récapitulatif des opérations récurrentes et automatiques transitant sur le compte au cours des 13 derniers mois (virement, prélèvement…). La banque dispose de 5 jours ouvrés maximum pour mettre à disposition ce document au client qui le souhaite.
3/ Est-ce que ce dispositif d’aide au changement de banque fonctionne bien ?
Non, malheureusement. En pratique c’est beaucoup plus compliqué pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la mauvaise volonté dans certaines agences, et les difficultés pour faire changer les coordonnées de virements ou de prélèvements par des organismes multiples avec des bureaucraties lourdes, comme en témoigne un lecteur de Deontofi.com à la suite de notre article pour payer moins de frais bancaires.
Ensuite, il faut se rappeler que le dispositif d’aide à la mobilité bancaire avec la fermeture gratuite du compte courant ne concerne que ces services de base, mais les transferts de placements sont des opérations plus sophistiqués qui ne sont pas gratuites. Par exemple si vous avez un Livret A dans une banque que vous quittez, il est plus efficace d’en demander la fermeture gratuitement et d’en ouvrir un autre dans votre nouvelle banque, plutôt que de vous lancer dans un transfert qui vous coûtera facilement dans les 50 euros de frais en plus des tracas administratifs pour obtenir l’exécution complète et correcte de son transfert.
Pour les autres placements comme un Plan d’épargne logement, un compte titres ou un PEA, c’est encore plus compliqué et il faut bien mesurer les enjeux en terme de frais et de procédures si vous voulez les transférer, ou en terme de frais, de fiscalité et d’éventuelle perte d’avantages si vous préférez les fermer pour en ouvrir de nouveaux.
4/ Alors comment procéder concrètement pour changer de banque ?
Pour changer son compte courant principal d’une banque à une autre, il faut prendre son temps, comme le conseille d’ailleurs la FBF. Pour simplifier, il faut procéder en 4 étapes :
- Ouvrez un compte dans la nouvelle banque que vous avez choisie (après un sérieux comparatif pour déterminer celle qui vous convient) ;
- Communiquez votre nouveau RIB à tous les organismes effectuant des virements ou des prélèvements sur votre ancien compte pour leur demander d’actualiser vos coordonnées (employeur, sécurité sociale, mutuelle d’assurance complémentaire santé, EDF, Gaz, téléphone, etc) ;
- Arrêtez d’utiliser votre ancien compte pour qu’il soit purgé de toute opération en cours (chèque émis non encore encaissé, virement attendu, etc.) ;
- Après quelques jours ou semaines, selon le délai des étapes précédentes, vous pourrez enfin clôturer votre compte et dire adieu à votre ancienne banque sans regret.
Avant de fermer cet ancien compte, vérifiez bien néanmoins qu’il ne vous reste pas d’autres comptes, placements ou crédits souscrits auprès de votre ancienne banque dont le destin serait lié à ce compte, ce qui nécessiterait des dispositions particulières (par exemple prévoir que le prélèvement de mensualités de crédit soit aussi réalisé sur votre compte dans la nouvelle banque, ou mettre en place un virement spécifique, etc.).
5/ Quelles sont les dernière chose à retenir pour changer de banque sans faux pas ?
Le meilleur conseil pour changer de banque sans faux pas est sans doute d’être déterminé, patient et méthodique. Quand on se décide à changer, il s’agit souvent d’une décision qu’on a déjà, bien mûrie et reportée depuis des mois voire des années, alors ce qui est important est de ne pas changer d’avis et passer à l’acte, mais on n’est pas à une semaine ou un mois près.
Il faut prendre son temps pour bien préparer ce changement et surtout s’assurer que toutes les démarches ont été effectuées auprès des organismes qui font des prélèvements sur votre compte, comme le fisc pour les contribuables ayant opté pour la mensualisation (plus de 70%) ou le prélèvement à l’échéance (10%).
Enfin, pour ceux qui ont beaucoup de placements dans la banque qu’ils veulent quitter, le bon conseil est de commencer par faire le tri entre les placements à résilier ou vendre et ceux qu’il peut être préférable de transférer (principalement le PEA) avant d’envisager la fermeture de leur ancien compte courant. Cette précaution permettra de ne pas ajouter à la confusion, car les transferts des compte titres et de PEA sont des opérations complexes auxquelles Deontofi consacrera des articles spécifiques car elles méritent une attention particulière.
Super Article. Mais quand est il des gens qui voudraient changer de banque en ayant un prêt en cours (prêt équipement par exemple)?
Merci cher lecteur, un principe général du droit de la consommation veut que les dettes soient « quérables mais non portables ». En d’autres termes, cela signifie que c’est au créancier de venir chercher le paiement des mensualités, et non à l’emprunteur de lui apporter.
Par ailleurs, obliger un emprunteur à détenir un compte courant dans l’établissement prêteur serait une clause abusive au regard du droit de la concurrence.
S’il semble correct de vous enquérir des moyens d’éviter un malentendu sur le remboursement d’un crédit en cours prélevé sur un compte ouvert dans l’établissement qui vous l’a accordé, rien ne semble s’opposer à ce que vous fermiez ce compte si l’évolution de ses conditions tarifaires ne vous satisfait pas.