Acteur clé de l’arnaque DTD, tenu par Jack Sword à qui il a fait allégeance contre un sauvetage financier, Stéphane Jacob le lâche en pleine déconfiture pour monter sa propre entourloupe, FSB Holding. (photo © GPouzin)

Si Jacques Sordes apparaît comme le cerveau et chef d’orchestre de l’arnaque DomTomDéfisc, il aurait en réalité trouvé l’idée de son improbable tour de prestidigitation pour faire disparaître l’argent de ses victimes, auprès de Stéphane Jacob, second protagoniste central de cette affaire, qui deviendra lui-même le cerveau d’une seconde escroquerie comparable.

Stéphane Jacob, qui était un des principaux complices de Jacques Sordes dans l’escroquerie DomTomDéfisc, se préparait pour sa part à le doubler avec une nouvelle escroquerie aux panneaux solaires. Avec la Financière de Saint-Barth, plus connue sous le sigle FSB Holding, Stéphane Jacob a en effet monté une autre escroquerie du même acabit que DTD, ayant englouti 65 millions d’euros volés aux épargnants. Le château de carte s’est écroulé en 2015 et la pyramide de Ponzi FSB a été mise en liquidation le 10 juillet 2016. Son procès est en attente.

Stéphane Jacob, sous contrôle judiciaire, montait une nouvelle escroquerie

« Considérant que Stéphane Jacob est actuellement détenu pour une autre cause », commente pudiquement la cour d’appel, les juges rejettent d’ailleurs sa demande « d’aménager immédiatement la peine d’emprisonnement » (…) « quand bien même il serait élargi dans l’autre procédure instruite au tribunal de grande instance de Paris » (p.212), considérant « qu’il a été mis en examen à Pointe à Pitre, en juin 2010 pour des faits commis à Saint Martin, Saint Barthélémy en Guadeloupe à partir de novembre 2004 et placé sous contrôle judiciaire ; qu’il a été placé en détention provisoire le 19 octobre 2016, dans le cadre de la procédure suivie à Paris dans laquelle il a été mis en examen du chef d’escroquerie en bande organisée, taux et usage, abus de confiance, abus de biens sociaux et blanchiment de ces délits, faits commis courant 2010 à 2016 lors de son contrôle judiciaire dans la présente affaire ».

La biographie professionnelle dispersée de Stéphane Jacob lève un coin de voile aussi instructif sur son passé professionnel. « Il a suivi ses études en Belgique. Il a un niveau bac+1 en sciences économiques et comptabilité et des formations en assurance. Il a travaillé pendant plus de dix ans dans des cabinets d’assurance en Belgique. En 2000, il est parti vivre à Saint-Martin où, avec un associé, il a acheté une plage. En 2001, il a travaillé toujours à Saint-Martin pour un cabinet d’assurance, puis a créé son propre cabinet, avant de s’installer en Guadeloupe », comme le raconte l’arrêt d’appel (p.181 de l’arrêt).

Sa rencontre avec l’escroc-gourou Jacques Sordes aurait marqué le vrai début de ses embrouilles à grande échelle. Mis en contact une première fois avec l’as de l’arnaque, il aurait d’abord résisté à ses avances (p.170).


Mais « assailli de procédures » et dans une situation catastrophique, Stéphane Jacob pactise finalement avec ce diable de Jack Sword qui lui promet de le renflouer s’il fait allégeance à sa machine d’escroquerie infernale (p.171).

Finalement quand DTD s’écroule début 2010, après sa dénonciation par le fonctionnaire de Bercy un temps corrompu pour la crédibiliser, Stéphane Jacob claque la porte, doucement, sans faire de bruit.

Mais comment abandonner le monde merveilleux de l’arnaque quand on y a pris goût ? Tout semble si facile quand il suffit de vendre du vent pour faire briller les yeux des clients, et de disparaître avec leur argent. Stéphane Jacob abandonne Jack Sword, mais garde les doigts dans le pot de confiture. Il se met à son compte avec la belle arnaque FSB Holding (à suivre).

Concernant Stéphane Jacob, « la peine doit à la fois sanctionner les faits reprochés, prévenir le risque de récidive et s’assurer que Stéphane Jacob indemnise les parties civiles » (p.212)

L’ex de l’escroc, pas si ingénue qu’elle le dit

Compte tenu de la complicité de Michelle Scholastique, l’ex-épouse de Jacques Sordes, bien plus grave qu’elle ne tentait de le faire croire, la Cour d’appel « réformera la peine d’emprisonnement délictuel prononcé dans le sens d’une aggravation (…) à deux ans, mais en l’assortissant d’un sursis avec mise à l’épreuve pour la totalité de la peine pour une durée de trois ans (…) avec les obligations fixées au dispositif de permettre notamment l’indemnisation des parties civiles » (p.213).

La cour confirme par ailleurs la confiscation de plusieurs biens immobiliers acquis avec le produit de l’escroquerie, ainsi que ses deux Mercedes GLK [ndlr, des modèles vendus neufs entre 36 000 et 66 000 euros en 2018, selon le site Caradisiac] (p.213 et 214 de l’arrêt).


A plusieurs reprises l’arrêt rappelle le rôle de l’AGRASC chargée de récupérer les biens confisqués aux escrocs afin de les valoriser au profit des victimes à indemniser. L’Agrasc (Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués), est une institution récente (créée par la loi n° 2010-768 du 9 juillet 2010) dans l’arsenal répressif, sur lequel les professionnels placent beaucoup d’espoirs, estimant qu’il n’y a qu’en « frappant au portefeuille » qu’on dissuade les escrocs et qu’on désorganise les réseaux criminels.

La vraie nouveauté de cet arrêt de la cour d’appel est d’accorder plus de considération au préjudice moral subi par les victimes de l’escroquerie Dom Tom Défisc. Surtout, la cour ne manque pas de discernement entre les vraies victimes et les profiteurs.

Lire la suite: 4- Hedios s’est enrichi en vendant l’arnaque DomTomDéfisc, dit la Cour d’Appel
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