Engagé pour la déontologie de l’information, qui est une des clés de la déontologie financière, Deontofi.com dénonce de longue date toutes les atteintes à l’honnêteté de l’information, les conflits d’intérêts et les stratagèmes des puissants ou des truands pour escamoter la vérité et manipuler l’opinion. Une initiative positive méritait aussi d’être soulignée.
Entre les erreurs ou biais de certains journalistes, les manipulations des sources avec leurs présentations tronquées ou mensongères, et les pressions des annonceurs, actionnaires ou dirigeants de certains médias en fonction de leurs intérêts personnels, les entorses à la déontologie de l’information financières sont fréquentes, comme des articles de Deontofi.com le rappellent souvent.
Exemple d’articles sur quelques atteintes à la déontologie de l’information financière du public :
- Des espoirs de Carmat au coeur des pigeons
- Les mensonges de l’ex-DG d’Alcatel pour planquer son pactole de 13 millions
- Le crime du mensonge et son mobile financier
- Messier relaxé, actionnaires déboutés : la Cour d’appel légalise le mensonge boursier !
- Les dirigeants d’Altran « au courant de rien » s’enfermaient dans le mensonge
- Les escrocs du trading au bal des ventouses, faux reportage et pubs racoleuses
- L’Ecureuil condamné pour publicité mensongère sur Doubl’Ô
- Halte aux mensonges et procès abusifs qui faussent l’information du public !
- Comment améliorer la déontologie de l’information en France ?
Déontofi ayant été un des premiers média à s’intéresser aux progrès souhaitables pour améliorer la crédibilité de l’organisme d’autodiscipline des éditeurs d’informations financières, Fideo, nous tenions à signaler et encourager sa récente initiative en ce sens. Deontofi.com reproduit ci-dessous l’article initialement publié par l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI.media) :
Fideo s’ouvre aux réclamations, un progrès pour la transparence de l’information financière
Les menaces pour la déontologie de l’information sont nombreuses dans tous les domaines, et notamment dans celui de l’information financière, compte tenu des enjeux d’argent pouvant altérer son honnêteté. Un pas vient d’être enfin franchi pour une meilleure autorégulation de la déontologie de cette information : l’association Fideo accepte enfin les réclamations du public.
Pour éviter de répéter certains travers observés lors de la bulle boursière de l’an 2000, les pouvoirs publics se sont préoccupés d’améliorer la déontologie de l’information financière plus sérieusement et plus précocement que dans d’autres domaines. La directive « abus de marché » (2003/125/CE) transposée en France par la loi du 26 juillet 2005 pour la confiance et la modernisation de l’économie, a ainsi abouti à la création, le 7 novembre 2006, de l’association Fideo avec pour mission « d’assurer le respect par ses membres du code de bonne conduite des médias sur la présentation équitable des recommandations d’investissements et la mention des conflits d’intérêt » (source Fideo).
Si l’intention était louable, Fideo manquait de volonté et de direction au cours de ses premières années d’existence, comme le notaient le site de la déontologie financière Deontofi.com en 2011 et l’ODI dans son rapport annuel 2013. Il a fallu attendre par exemple fin 2014 pour que Fideo dispose enfin d’un site Internet (http://fideo-france.org) révélant son existence et ses missions au grand public. Un autre défaut de jeunesse reproché à Fideo, était l’impossibilité de saisir cette instance de déontologie, pour les lecteurs qui auraient constaté une entorse à l’honnêteté de l’information financière par un média dans sa présentation d’une recommandation d’investissement.
Dans son rapport pour le ministère de la culture « Autorégulation de l’information : Comment incarner la déontologie ? », Marie Sirinelli notait ainsi que « Le système s’apparente à une autorégulation limitée, du fait notamment des règles régissant les saisines. En effet, suivant ses statuts, l’association ne peut être saisie qu’à l’initiative d’un de ses membres ou de l’AMF (cette possibilité ayant toutefois été récemment élargie à son propre conseil d’administration, suivant une logique d’auto-saisine) » (février 2014).
Signaler des entorses à la déontologie de l’information financière
Deux ans plus tard, l’ouverture tant espérée est en cours, et l’ODI ne peut que s’en féliciter et l’encourager. Par un communiqué du 11 février 2016, Fideo annonce en effet la mise en place sur son site Internet d’un formulaire de signalement, permettant « à tous témoins d’entorses à la déontologie de la profession de les lui signaler ». Son site web www.fideo-france.org a été aménagé pour permettre ces échanges : dans la rubrique « FIDEO à votre écoute « , tout actionnaire, épargnant ou association les représentant peut poser ses questions, déposer des alertes, voire une plainte ». Point important pour concrétiser cette ouverture en direction du public, elle sera relayée par une grande campagne de publicité dans les pages des journaux et magazines adhérents à l’association Fideo (une vingtaine de titres dont Les Echos, Le Figaro, Challenges, Valeurs actuelles, Investir, Le Revenu, Mieux Vivre Votre Argent…).
Concrètement, comme son site l’explique, en cas de réclamation sur un écart de déontologie de l’information dans une recommandation d’investissement, « FIDEO, dans un premier temps, transmettra le détail de votre plainte au média concerné, jouant le rôle de médiateur. Passé ce stade, si vous maintenez votre plainte, ce sera au Conseil d’Administration de FIDEO de statuer sur sa recevabilité. Vous devez savoir que, pour des manquements liés au non-respect d’un article précis de notre code de bonne conduite, si votre plainte est jugée recevable, FIDEO se substitue à l’Autorité des Marchés Financiers, juridiction normalement chargée de ce type de contentieux, selon le Principe de l’autorégulation, pour seulement les médias membres de l’association. FIDEO se charge alors de l’instruction du litige et peut décider d’éventuelles sanctions. »
L’ouverture de la possibilité de saisine externe passera donc dans un premier temps par l’intermédiaire d’une médiation suivie d’une éventuelle auto-saisine de Fideo, dans l’attente d’une modification de ses statuts validée par son conseil d’administration fin août 2015 mais qui devra être confirmée par un assemblée générale extraordinaire en juin 2016, selon les informations recueillies par l’ODI auprès de Jean-Antoine Bouchez, président de Fideo et ancien patron-fondateur du magazine Mieux Vivre Votre Argent (revendu au groupe Express Roularta).
Associer les journalistes ?
Autre point essentiel pour améliorer la crédibilité et la pertinence de Fideo en matière d’autorégulation de la déontologie de l’information financière, l’instance n’est encore composée que de représentants des éditeurs, les journalistes n’y étant pas représentés. Interrogé sur ce point Jean-Antoine Bouchez estime qu’associer les journalistes au fonctionnement de Fideo serait une bonne chose, et il souhaiterait d’ailleurs sensibiliser davantage les rédactions des titres adhérents à Fideo aux questions de déontologie de l’information financière. A cette fin, le président de Fideo se propose de venir présenter les missions de cette instance d’autodiscipline, son rôle et les textes juridiques encadrant l’obligation de présentation équitable des informations et recommandations d’investissements, aux rédactions qui le souhaitent.
Après les doutes entourant la naissance de Fideo, ces initiatives marquent de réels progrès qui méritaient d’être soulignés et soutenus par les encouragements de l’Observatoire de déontologie de l’information.
Gilles Pouzin, Journaliste à Deontofi.com, le site de la déontologie financière, membre de l’ODI