Légitimement échaudés par les crises et les dérives financières, beaucoup d’épargnants pénalisés par la baisse des taux d’intérêt de la BCE se détournent des placements classiques. Une aubaine pour les camelots qui séduisent leurs victimes en promettant des gains illusoires liés à des investissements en biens divers tels que grands crus, œuvres d’art, lettres et manuscrits, veaux, vaches, cochons… Attention ! Lisez Deontofi.com pour sauver votre argent !

Contrairement à ce que croient 40% des épargnants par naïveté, les placements "pseudo-financiers" liés à des biens divers (art, vin, diamants, timbres, lettres ou manuscrits , wagons ou mobile-homes) sont souvent aussi bidon que risqués (photo © GPouzin)

Contrairement à ce que croient 40% des épargnants par naïveté, les placements « pseudo-financiers » liés à des biens divers (art, vin, diamants, timbres, montres ou bijoux, lettres et manuscrits, éoliennes ou mobile-homes…) sont souvent aussi bidon que risqués (photo © GPouzin)

Diamants, timbres, lettres et manuscrits, montres de luxe et bouteilles de vin, éoliennes ou panneaux solaires, mobile homes ou villas au bout du monde, holdings nourrices et autres élucubrations exotiques font partie de la palette des placements divers dans lesquels beaucoup d’épargnants ont englouti leurs économies. L’idée n’est pas nouvelle, de tenter la fortune en participant à une aventure commerciale ou en achetant des biens précieux que l’on espère revendre plus cher. En 1637, les bulbes de tulipe ont valu jusqu’à vingt fois le salaire annuel des artisans d’Amsterdam, avant de s’écrouler sur les spéculateurs crédules. La flambée de certaines œuvres d’art élitistes, dans les ventes aux enchères internationales, suscite aussi des vocations.

Aujourd’hui «quatre Français sur dix (40%) considèrent ainsi que le vin, l’art ou la forêt sont des placements relativement peu risqués (contre 10% seulement pour les actions) et un Français sur trois (33%) considère que placer dans le vin, l’art ou la forêt est une bonne façon de conserver ses économies (contre 20% pour les actions) », selon un sondage Ifop de novembre 2013, commenté par l’Autorité des marchés financiers lors d’un récent point presse consacré à ce thème.

Certes, investir en Bourse comporte des risques, mais confier ses économies à un intermédiaire en biens divers est encore plus dangereux. Attention à ne pas croire n’importe quoi, dit ou écrit par n’importe qui. Depuis des années, par exemple, des épargnants se voient proposer d’investir dans des lettres et manuscrits promettant soi-disant 8 ou 8,5% de gains par an ! Comme dans l’affaire Madoff, dans la bulle des tulipe ou tout autre château de cartes spéculatif, les gains virtuels ne sont alimentés que par les nouveaux versements et le ré-investissement d’épargnants naïfs convaincus de s’enrichir sans risque, jusqu’à ce que ces pyramides s’écroulent sur leurs victimes dont le nombre augmente avec les années.

Une première vague d’escroqueries et de scandales liés à ces investissements bidon avait nécessité une législation spécifique pour protéger les épargnants. L’article L 550-1 du Code monétaire et financier prévoyait ainsi de soumettre ces montages à la supervision du gendarme boursier « lorsque les acquéreurs n’en assurent pas eux-mêmes la gestion ou lorsque le contrat offre une faculté de reprise ou d’échange et la revalorisation du capital investi », obligeant les intermédiaires en biens divers à avoir un agrément de l’AMF et à respecter des obligations d’information claire et non trompeuse.

Le gendarme boursier était désarmé face aux charlatans

Pour continuer à plumer les épargnants en toute tranquillité, des charlatans avaient trouvé un moyen de contourner cette réglementation. L’astuce consistait à faire croire aux épargnants à la certitude d’un gain ou d’un rendement, sans rien leur promettre qui s’en rapproche juridiquement. Par exemple en laissant entendre qu’un rendement de 7% serait garanti à l’issue du contrat, en indiquant ces 7% dans une phrase alambiquée réduisant ces 7% à une option de rachat pour le camelot, sans aucun engagement réel vis-à-vis de l’épargnant.

En voulant protéger les épargnants contre de telles impostures, l’AMF avait pu tester le culot de ces margoulins. Voici quelques années, le gendarme de la Bourse avait ainsi publié une mise en garde contre un pseudo-placement en biens divers qui sentait l’arnaque. Mais son promoteur, particulièrement retors et manipulateur, entouré d’une armée d’avocats payés avec l’argent de ses crédules clients, avait obligé l’AMF à effacer cette mise en garde de son site web. Son argument : puisque en fait de placements, il ne promettait que du vent, contrairement à ce que laissaient entendre les boniments de ses publicités quasi-financières, il échappait à la supervision de l’AMF. Le même roi de l’embrouille a fait menacer des journalistes et en a poursuivi d’autres en diffamation, avec des résultats mitigés, quand leurs écrits alertaient un peu trop les épargnants.

A suivre… Le pouvoir renforcé de l’AMF contre les arnaques en biens divers (art, vin, manuscrits…)

3 commentaires

  1. Sounion, le

    Peut-être devriez-vous voir sous un autre angle tout ce qui est collection et qui peut à la fois être un placement avantageux et procurer une occupation et des liens précieux. Les timbres, le vin, les pièces de monnaie, les cartes postales procurent une autre jouissance aux collectionneurs qui lui valent parfois des désillusions mais quel plaisir de passer des heures à chercher la pièce qui vous manque ! Pour ma part je collectionne les planches de BD et c’est la meilleure affaire de ma vie. A bon entendeur…

  2. boisseau, le

    Je connais bien le milieu des conseillers et je ne peux qu’abonder dans votre sens.
    L’appât du gain de certains intermédiaires peu scrupuleux est un moteur également essentiel (rémunération jusqu’à 10% de la somme investie)
    Attention néanmoins à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les oeuvres d’art, les chevaux, etc…peuvent trouver leur place dans une stratégie patrimoniale diversifiée mais à faible dose, et uniquement quand ils sont proposés par des intermédiaires ayant pignon sur rue (galeristes, etc…) dont c’est le métier, et bien sûr sans aucune garantie de rendement…juste du plaisir.

    • Gilles Pouzin, le

      Deontofi.com estime pour sa part que les biens divers (oeuvres d’art, vin, bijoux, etc.) peuvent avoir leur place à faible dose dans un patrimoine diversifié, uniquement s’ils sont acquis « au prix du marché », c’est-à-dire en connaissance des prix de revente réels, et détenus directement par leur propriétaire sans « emballage » sous forme de pseudo-placement ni aucun projet de rentabilité financière qui serait de toute façon illusoire ou trop aléatoire.

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