Stéphane Jacob (photo), a-t-il vendu un brevet d’escroquerie à Jacques Sordes, comme le soupçonne le procureur de la République ?

Jacques Sordes (photo), a-t-il muri son escroquerie avec Stéphane Jacob ? Explication du procureur.

13ème épisode du procès de Dom Tom

Défiscalisation, la plus grosse escroquerie à l’investissement défiscalisé en panneaux solaires Girardin industriel. Tout le sommaire des articles de Deontofi.com sur cette arnaque photovoltaïque ici.

Suite du réquisitoire du procureur de la République réclamant la condamnation des accusés au nom de l’autorité judiciaire.

L’escroquerie Girardin révèle la faiblesse du montage initial, mais il faut quelqu’un au bout de la chaine qui va poser, c’est un problème. Il faut le trouver et limiter le montage. S’il faut des gens pour recevoir l’investissement, c’est un problème. Si on les supprime, il n’y a plus personne à trouver, c’est le génie qui explique le boom des investissements. 2006 : 843 000 euros, 2007 : 4,45 millions, 2008 et 2009 : 25 millions, et encore 3 millions en quelques mois en 2010.

On crée un produit détaché du sous-jacent, qu’on peut vendre a n’importe quel couillon, qui n’est pas limité par la demande, le médecin peut faire des ordonnance sans recevoir le patient.

C’est de l’escroquerie. Jacques Sordes dit que c’est Gilles Apatout, mais il oublie cette explication quand il est interrogé par le juge d’instruction. Il est gentil, il n’a pas de mémoire. Il se fout du monde, il incrimine Harry Guilé, menace de déposer plainte. C’est l’excuse habituelle de l’escroquerie de l’autre.

Il y a Jacques Sordes, toujours là. Il connaît le montant des SEP, la surfacturation phénoménale, mais aussi les fausses factures, tout est sur son ordinateur, il est gérant de fait de DTD, ne cherchez pas plus loin. Plus malin que les fausses factures, il faut faire disparaître l’entreprise locale. Il faut louer à l’entreprise locale pour investir dans le produit. S’il y a une entreprise locale il faut monter les panneaux. Là, il y a manœuvre frauduleuse. Ce n’est pas l’absence de volonté de faire, il y a une volonté de ne pas faire. Il ne faut surtout pas installer les panneaux, car il faudrait couvrir tous les toits, ce qui n’est pas possible, et alors on arrête la collecte et on tue la poule aux œufs d’or. L’ouverture du robinet de sortie soulèverait des questions sur les volumes. Et ça ferait perdre du temps sur la collecte. Le but c’est la collecte, pas l’investissement.

C’est hyper-intelligent, bien monté, saucissonné. Il y a une volonté de ne pas installer, et c’est pour ça qu’on ne fait pas grand chose à chaque alerte.

Jacques Sordes a pensé et réalisé l’escroquerie Girardin artisanale, les 2 millions payés à Stéphane Jacob ressemblent l’achat d’un brevet de délinquance, pour dédommager ses parties civiles : « je te le rachète à 2 millions et je te fais une petite rente mensuelle ». C’est ma version, elle n’est pas démontrable mais c’est une hypothèse.

Ce n’est pas une escroquerie simple, mais en bande organisée. Il faut caractériser le rôle pénal de chacun et de tous.

Je ferai un avant propos sur la méthode de Sordes pour faire tomber les gens dans ses griffes. Il a une façon de recruter, pas sur compétence, mais ayant un rapport clair à l’argent, des gens qui ne vont pas refuser. « Tu as besoin de mon argent et je te teste », la liasse de 10 000 euros est posée sur la table, si on le prend, oui il comprend qu’il peut y aller. C’est signer le contrat.

Stéphane Jacob dit qu’il cherche de l’aide et se fait faucher son idée industrielle qu’on retrouve dans le classeur d’un autre. Il faut cette dépendance économique : « Si tu as besoin d’argent, t’en veux, tu poses pas de questions, tu obéis, tu rentres ». Tout le monde est embauché comme ça chez Sordes.

Ouamama, George Thoma, c’est idem pour le contrôleur général pourri, il va palper, par des réseaux détournés, on ne fait pas de demande de rescrit, on fait le tour, on pose une liasse, si ça mord c’est parti. Tous ces gens là, manipulés, se retournent.

Villain accepte d’être le gérant de paille de DTD, il fait la compta sans s’occuper du reste, voit passer des sommes énormes qui vont sans complexe sur les comptes personnels de Jacques Sordes. Il comprend les surfacturations, est au premier rang, connaît l’absence de moyens : « j’ai dû harceler Franck Bernabé qui ne voulait pas me répondre », il délivre les attestations fiscales, c’est la cheville ouvrière de l’escroquerie.

Il ne se pose pas de question, ne fait aucune recherche, il n’y a rien sur place, un décor complet, et il délivre des attestations disant que tout est bon. Mais c’est le deal, il ne pose pas de question, il ne connait pas le prix des panneaux photovoltaïques.

En terme de moralité, je suis désolé de le dire, mais il n’a pas de problème à antidater convention de trésorerie. Benoît Villain a fait en connaissance de cause les faits qui lui sont reprochés.

Eric Esnault connaît l’importance des sommes, car il organise la collecte. Il connaît la disproportion des sommes au regard de la situation en Martinique, il voit passer la collecte colossale, il voit sa rémunération de 4%, il va aux Antilles et ne voit rien, puisqu’il n’y a rien. Il dit « je croyais, je les ai vus dans le hangar », mais personne ne s’inquiète d’installation. Tout le monde comprend la surfacturation d’investissement qui ne sera pas productif.

Entre les ennuis et dénonciations, il y a des coups de chaud. Il voit l’opposition au voyage des CGP et de Vautel qui se dit « Pourquoi on ne veut pas que j’y aille ? J’y vais quand même ».

Puis il organise des voyages pour montrer le décor. Il participe à la défense du produit chaque fois que de besoin. Ouamama dit bien qu’il avait dit à Eric Esnault, « c’est le bordel en Martinique », mais il se dit « si je ralentie les souscriptions je gagne moins ». Il semble tellement nécessaire de réduire les souscriptions, que Vautel dit qu’il faut les limiter à 12 millions en tout pour assurer la pause. Esnault dit ok mais ne le pas fait.

Sur ses conditions de départ, j’ai cherché. Il faut être poussé pour arriver à ce rapport de force avec Jacques Sordes.

On n’informe surtout pas les victimes ou les autorités, il se limite à Vautel, il y a le compte Haiggle. Pour quelqu’un censé expliquer le produit financier, il ne suffit pas de s’appeler Franck Bernabé pour pouvoir dire c’est Jacques Sordes. Tout le monde dit c’est la note. Personne ne l’a lue.

Ça fait longtemps qu’ils collectent de l’argent à millions et qu’il n’y a rien d’installé. On participe à l’escroquerie, on sait bien que c’est bidon, que c’est du flan. On sait bien que dans le domaine financier ce qu’on vend est souvent bidon, parfois légal. Mais là, quand on accepte des liasses contre le fait de ne pas se poser de questions, et qu’on empêche les autres de s’en poser, alors on participe a l’escroquerie en bande organisée.

Qu’Eric Esnault soit dans les griffes de Jacques Sordes, je veux bien le croire, mais qu’il soit obligé de continuer à vendre une escroquerie dont il sait bien qu’il n’y a rien de vrai… Il est allé sur place participer aux manœuvres et leur mise en place, il l’a vendue à tout le monde, sans le dire aux clients quand ils versaient 5 000 euros.

La timidité à aborder Jacques Sordes sur ce problème évidemment ne me convainc pas du tout.

Pour Stéphane Jacob, il y a une chose étrange sur le plan juridique, c’est la personne qui a la collaboration la plus longue avec Jacques Sordes et à qui on reproche le moins, il a « permis de faciliter le transfert de fonds ». Il a la responsabilité et la connaissance du circuit, et sert de double signature sur les flux. Ce rôle dépasse sa période de prévention. L’interrogatoire que j’ai lu dans une autre instruction confirme bien qu’il rencontre Jacques Sordes pour parler Girardin en 2004, pour qu’il débrouille ses problèmes, il s’y connaît. C’est peut-être lui, selon Gilles Apatout, qui a eu l’idée du Girardin photovoltaïque sur petite surface, ma théorie est qu’il l’a vendue à Jacques Sordes pour son sauvetage, petit à petit par liasses.

Le travail sur GEM [ndlr Grand Empire Management], objet de son travail initial, je ne le vois pas. Pendant ce temps il donne ses sociétés aux Antilles à Jacques Sordes, en juillet 2008. Il gère l’embauche d’Abdelkader Ouamama en février 2009. On envoie le secrétaire général balader les CGP, lors de leur second voyage. Lui qui assure le lien avec les gens venant de milieux d’affaires, qui a un rôle de bras droit, que tout le monde décrit mais que lui conteste : « Vous voulez faire pousser des oranges au Groënland, allez voir Jacob, il vous présentera Sordes ».

Mail de Sordes de février 2010 : « Stéphane garde ma confiance mais ne lui mettez plus en copie les flux financiers ». Quand il reprend DTD il a tout en mains, il sait le problème et n’en parle pas, il organise une grand-messe à la tour Montparnasse en janvier 2010, alors que l’affaire est dans la période la plus critique. Il y a déjà eu des alertes qu’il a réussi à faire rentrer dans la gorge d’Axone, qui a dû se rétracter alors qu’ils avaient raison, c’est bien une escroquerie.

Stéphane Jacob a bien facilité et permis, dans ces conditions, assurant les transferts financiers, il a aussi participé à escroquerie générale. Comme Benoît Villain ou Eric Esnault, ils savaient qu’ils pompaient l’argent des investisseurs sans rien derrière, et ils étaient indispensables à l’escroquerie.

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