Déontologie financière et santé au travail
D’un côté, les dirigeants financiers ont un discours uniforme sur la nécessité d’entretenir le plus haut niveau de déontologie dans leurs institutions. De l’autre, bien des clients ont l’impression que leurs intérêts passent après ceux des banques, compagnies d’assurance ou sociétés de gestion dont ils payent les services ou à qui ils confient leur argent. Entre les deux, les salariés sont le relais concret sur lequel repose la mise en œuvre de la déontologie. Mais ils sont souvent soumis à des injonctions contradictoires entre l’intérêt des clients et les exigences de profits, objectifs commerciaux et autres pressions de productivité incompatibles avec les bonnes pratiques déontologiques.
Les objectifs contradictoires des salariés du secteur financier nuisent autant à leur santé qu’à l’intérêt des clients. Plusieurs suicides témoignent du mal être dans les banques, dont celui d’une responsable de déontologie de BNP Paribas le 23 octobre 2010, confirmé par une grande étude menée depuis dix ans sur les conditions de santé au travail en France, dans le secteur financier (lire Libération du 22/12/2010 p.12 suicide en sourdine a la bnp paribas et la lettre ouverte au président de la BNP, aux dirigeants et actionnaires adressée par Médiapart le 16/11/2010 ).
Le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles ( mv3p ), coordonné par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses.fr) a publié un bilan sur plus de 200 000 consultations pour des problèmes de santé au travail dans 32 hôpitaux entre 2001 et 2009. Les pathologies ou symptômes psychiques tels que les syndromes anxio-dépressifs, représentent 22 % des pathologies officiellement en relation avec les conditions de travail, ce qui en fait le second plus grand fléau professionnel après les pathologies respiratoires (24%).
Ces pathologies entrainent comparativement plus de consultations dans les secteurs tertiaires, « notamment pour les activités financières », citées en tête de liste par les auteurs de l’étude. Ils observent une « sur-notification » de ces pathologies par rapport à d’autres dans le secteur financier, les problèmes de santé observés ayant 11 fois plus de chances d’être d’origine psychique que d’une autre nature (pages 8-9-74 et 75 du rapport). Lire les conclusions générales et l’intégralité du rapport de 282 pages.