Ne comptez pas sur la retraite par répartition pour financer vos vieux jours ! C’est le leitmotiv des marchands de placements, réformateurs et assureurs soucieux de promouvoir des retraites par capitalisation plus lucratives pour leur propre avenir. En réalité, la retraite par répartition n’est pas comparable à la retraite par capitalisation : les deux systèmes ont leurs atouts et faiblesses dans des contextes historiques et financiers variables, qui s’avèrent favorables ou calamiteux pour la retraite par capitalisation ou par répartition, selon les époques. Surtout, les Français ont quelques réserves d’épargne pour compléter les pensions de leurs régimes par répartition qui ne sont pas tous aussi désargentés qu’on l’entend. Même las caisses de retraite par répartition ont plusieurs centaines de milliards d’euros en réserve.
Quelles sont les réserves des régimes de retraite en France ? Difficile à évaluer, tant les sources sont disparates. Deontofi.com en fait un rapide inventaire pour éclairer des confrères anglo-saxons sur cette épineuse question, avec l’aide des travaux du Conseil d’orientation des retraites (COR) et d’autres sources financières (assureurs, sociétés de gestion).
Les réserves accumulées par l’ensemble des régimes de retraite français de base et complémentaires financés en répartition (donc hors RAFP, Fonds de réserve pour les retraites et régime complémentaire des pharmaciens financé en partie en capitalisation) s’élèvent à 131 milliards d’euros en 2013, soit 6,2 % du PIB. Près d’un quart de ces fonds sont destinés à couvrir des besoins de trésorerie à court terme.
Le Fonds de réserve pour les retraites (FRR), qui dispose de 36,1 milliards d’euros de réserves en 2013, concourt au financement de la CADES depuis le 1 er janvier 2011et finance ainsi partiellement la dette de la CNAV et du FSV; ses versements annuels représentent 13 % des ressources de la CADES.
Par ailleurs, le régime additionnel de la fonction publique (RAFP), de par sa nature de régime en capitalisation, constitue des réserves pour couvrir en totalité ses engagements de retraite. À la fin de l’année 2013, son actif financier est de l’ordre de 15,4 milliards d’euros – soit une couverture de 107 % de ses engagements, estimés à 14,4 milliards d’euros, lesquels augmentent rapidement du fait de la montée en charge des droits en cours de constitution.
Au total, les réserves constituées au sein du système de retraite représentent 8,9 % du PIB au 31 décembre 2013 : 6,2 % du PIB pour les régimes en répartition (dont 3,9 % du PIB pour les régimes complémentaires AGIRC et ARRCO), 1,7 % du PIB pour le FRR, 0,7 % du PIB pour le RAFP et 0,2 % du PIB pour les régimes en capitalisation de la CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales).
[NDLR: Ces recherches ayant été effectuées pour nos confrères britanniques, la suite est traduite ou rédigée en anglais]
The retirement reserve fund (FRR) managed €36.bn in long term reserves in 2013. FRR contributes to the financing of CADES since january 2011, thus partially financing debts of Social security retirement insurance (CNAV) and aging solidarity fund (FSV). FRR contributions represent 13% of CADES annual ressources.
The additional retirement regime for public workers (RAFP), being a funded retirement scheme, builds long term reserves to cover its retirement liabilities. By the end of 2013, its financial assets were about €15.4bn, covering 107% of its liabilities, estimated at €14.4bn but growing fast in line with the rise of new retirement rights.
As a whole, reserves built accross French 1st and 2nd retirement pillars reach 8.9% of GDP at the end of 2013 : 6.2% of GDP for pay-as-you-go schemes (of which 3.9% of GDP for Agirc-Arrco), 1.7% for FRR, 0.7% for RAFP and 0.2% of GDP for funded DB regimes of CNAVPL (federation gathering several second pillar schemes for employees of independent professionals).
As of the end of 2016, Agirc-Arrco reserves reached €66bn, or 3% of GDP, according to the Retirement orientation council (COR, Conseil d’Orientation des Retraites), 2017 annual report.
This french pension reserves calculation doesn’t include corporate supplementary savings and pension schemes, such as PEE (enterprise savings’ plans) and Perco (collective retirement savings’ plans). Their assets under management reached €117bn at end 2016 (€103bn for PEE and €13bn for Perco), according to data compiled by French asset managers organisation AFG.
Retirement assets in France are also measured by product types and the nature of financial instututions managing them. Insurance retirement products for corporations are split between several kind of contracts, totalling €109bn insurance reserves at the end of 2015 (2016 figures expected end July 2017), they’re often subscribed in the interest of executives : article 82 of CGI (French tax Code General des Impôts) supplementary pension contracts (3% of the €109bn mathematical provisions), end of carreer indemnities (golden parachutes, reach 12% of reserves), article 39 of the CGI are defined benefit corporate retirement plans (accounting for 37% of the €109bn reserves, or €40.33bn), and article 83 of the CGI are corporate retirement savings plans (reaching 48% of the of the €109bn reserves, or €52.32bn).
All in all, retirement reserves in France can be approached with these mixed sources.
Assuming French 1st and 2nd retirement pillars maintained their reserves around 8.9% of GDP (2013 figures), that would amount to near €200bn (8.9% of €2235bn annual GDP 2016Q2-2017Q1). Adding up €117bn in enterprise savings and retirement savings financial products, plus €109bn in insurance corporate retirement products, that counts for little more than €400bn in retirement reserves (cautious estimate with our calculation closer to €425bn).
Two points must be remembered. First, these retirement reserves are not always “long term” reserves, especially for unfunded pay-as-you-go schemes like Arrco-Agirc (a fourth of these PAYG retirement reserves, or about €30bn cover short term needs). Second, it doesn’t account for the individual retirement savings pool, mostly life insurance products in France, which now amounts to more than €1650bn long term reserves.
Les dettes et les réserves des régimes, p.95/96
Merci cet article est fort intéressant mais pouvez-vous m’éclairer sur certains points.
Vous dites :
« Les réserves accumulées par l’ensemble des régimes de retraite français de base et complémentaires financés en répartition (donc hors RAFP, Fonds de réserve pour les retraites et régime complémentaire des pharmaciens financé en partie en capitalisation) s’élèvent à 131 milliards d’euros en 2013, soit 6,2 % du PIB. »
Qu’entendez-vous par réserves ? Est-ce de l’argent qui n’est pas nécessaire au versement de nos retraites…
« Près d’un quart de ces fonds sont destinés à couvrir des besoins de trésorerie à court terme. »
Quel court terme ? Un an, deux ans, trois ans de nos retraites ?
Que peut-on conclure de tout cela ? Que nos système de retraite par répartition n’est pas si menacé ?
En réponse à votre première question, les réserves des régimes de retraite complémentaire par répartition sont bien sûr nécessaire au paiement des retraites dans le cadre d’un pilotage lissé de leurs paramètres. Les régimes par répartition sont basé sur l’équilibre entre les cotisations collectées et les retraites versées. Dans leur sagesse, les partenaires sociaux ont anticipé le déséquilibre démographique dû à l’allongement de l’espérance de vie, en ne distribuant pas toutes les cotisations quand les actifs étaient jeunes, mais en mettant une partie en réserve pour plus tard, quand il y aurait plus de retraités par rapport aux actifs. En plus, les régimes peuvent connaître des à-coups conjoncturels, comme avec la crise économique et le chômage qui ont réduit les cotisations. Les réserves sont alors utilisées pour payer les retraites, avant d’être reconstituées dans les périodes moins tendues.
En réponse à votre deuxième question, les réserves à court terme correspondent au besoin de trésorerie lié au décalage de quelques semaines (ou mois dans certains cas) entre le paiement des retraites et l’encaissement des cotisations, c’est un peu l’équivalent du fonds de roulement pour une entreprise.