Créé au printemps 2009 afin de coordonner l’action des banques centrales et des institutions internationales face à la crise bancaire et financière, le Conseil de stabilité financière tenait sa réunion annuelle à Zurich le 28 janvier 2013. Deontofi.com republie l’article rédigé à l’époque par Gilles Pouzin.

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La « stabilité financière » est aussi un terrain glissant, pour ne pas dite « casse-gueule ». (photo © GPouzin)

Instance de coordination, le Conseil de stabilité financière (FSB en anglais, www.FinancialStabilityBoard.org), a franchi une étape importante en 2012 pour se transformer en réelle organisation mondiale de la finance à caractère permanent, comme les pays du G20 en avaient exprimé le souhait en juin 2012, après l’affaire du délit d’initié de son vice-précédent président, Philipp Hildebrand, aussi président de la banque centrale suisse, contraint à la démission début 2012.

Le FSB a adopté un statut d’association qui le dote d’une personnalité juridique, une gouvernance améliorée et une capacité renforcée à développer et mettre en place des politiques de réglementations bancaire en lien avec la Banque des règlements internationaux (BRI) qui l’héberge.

Outre les chantiers en cours, comme la réforme des « procédés de fixation des indices financiers de référence », consécutive au scandale de manipulation des taux Libor et Euribor par les banques, le FSB a fait un bilan des vulnérabilités du système financier.

Trois points sont à souligner parmi les enjeux, zones d’ombres, et nouveaux risques des activités bancaires.

1/ La baisse des taux d’intérêt profite plus aux banques qu’à l’économie.

Pour les citoyens, créditeurs nets de l’économie par leur taux d’épargne, en direct et à travers les institutions d’intermédiation (assurance vie, fonds de retraite…),  le vrai coût du sauvetage des banques est la politique monétaire accommodante décidée par les banques centrales pour relancer l’économie. Pour inciter les banques à financer l’activité, les banques centrales ont réduit leurs taux à presque 0%, entraînant une baisse des rendements et une envolée des cours des obligations, sans que les entreprises profitent d’un accès facilité à ce financement bon marché. « Les taux d’intérêt historiquement bas dans de nombreux pays posent des défis aux investisseurs institutionnels ayant des engagements à long terme », note le FSB. En clair, ce que les banques gagnent avec la baisse des taux, les fonds d’assurance vie et les caisses de retraite le perdent en rémunération de leurs réserves.

2/ L’opacité des banques entretient la méfiance des marchés à leur égard.

Pour les banques, le coût de l’opacité correspond à la faible valorisation de leur cours et à la méfiance des actionnaires qui réduit leur capacité à augmenter leurs fonds propres. « La faible valorisation de marché des banques reflète en partie les inquiétudes des investisseurs concernant leurs pratiques de valorisation », note le FSB selon qui « une valorisation prudente, transparente et cohérente des actifs bancaires pour le calcul des fonds propres réglementaires, en particulier pour les actifs illiquides et complexes, contribuerait à améliorer la confiance dans le bilan des banques ».

3/ Un nouveau risque lié aux « transformations de collatéraux »

Selon une traduction littérale du communiqué : « Le FSB a débattu de l’usage croissant des transformations de collatéraux par des acteurs du marché. Le FSB continuera à contrôler la croissance et les risques potentiels de cette activité et le rôle de la transformation de collatéraux dans l’atténuation de la pénurie de collatéraux ». La « transformation de collatéraux » est un jargon ésotérique comme la finance en produit à chaque nouvelle mode. Cette pratique part d’une bonne intention, issue de la loi Dodd-Frank de séparation des activités bancaires spéculatives, pour rendre les 700 000 milliards de dollars de produits dérivés plus transparents, en faisant enregistrer ces contrats optionnels par une chambre de compensation (clearing). Seulement, en garantie des contrats optionnels et transactions à terme (ce qui est le cas des produits dérivés) les chambres de compensation réclament aux banques qu’elles leur déposent des actifs appelés « collatéraux » de bonne qualité (facilement vendables). Comme il y a une pénurie d’actifs de bonne qualité, les banques qui en manquent peuvent emprunter de bons « collatéraux », pour les apporter en garantie de leurs produits dérivés, en payant un taux en plus du prêt de leurs mauvais « collatéraux ». Les risques liés à ces « transformations de collatéraux » sont nombreux.

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