En explorant les performances réelles obtenues par les épargnants européens avec les différents placements de retraite qui leurs sont proposés, l’étude de Better Finance observe des écarts élevés par rapport aux performances théoriques des indices boursiers et de taux d’intérêt, notamment en raison des frais, de l’inflation et de la fiscalité.
Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 09/11/2015
Lire le début ici : Better Finance révèle la vraie rentabilité des placements de retraite en Europe
5/ Quelles sont les conclusions de l’étude de Better Finance sur la vraie rentabilité des placements retraite en Europe et surtout en France ?
– L’étude de Better Finance est très instructive sur plusieurs points. C’est d’abord un travail très détaillé et très riche puisque l’étude complète qui a été présentée à Paris la semaine dernière fait près de 400 pages avec des conclusions transversales et un chapitre détaillé pour 15 pays dont la France.
Du côté des conclusions générales, la plus inquiétante est que les régulateurs et décideurs politiques européens sont très mal informés de l’impact des dispositifs d’épargne retraite qu’ils mettent en place et pilotent, puisque aucune autre étude ne les éclaire sur l’efficacité réelle de ces dispositifs censés répondre à la double préoccupation de préparation de la retraite et de financement de l’économie. Comme l’explique Jean Berthon, le président de Better Finance : « l’épargne retraite semble être l’un des rares services de détail où ni les clients, ni les superviseurs publics ne sont correctement informés sur la performance nette réelle des services rendus ».
Comme on l’a vu, les auteurs du rapport de Better Finance déplorent qu’il n’existe aucune données fiables sur la performance des placements de retraite en Europe en dehors de celles de l’OCDE qui ne sont pas complètes (données manquantes, comme pour la France ; historique trop court) ni pertinentes (les performances retenues sont celles des indices et pas celles des vrais placements, et leur composition ne correspond pas à celle du portefeuille de placements des épargnants). Selon l’autorité européenne des marchés financiers ESMA (European Securities and Markets Authority), les placements financiers des épargnants européens sont composés en moyenne pour 35% de dépôts en comptes courants et autres dépôts (rapportant bien moins que le taux Euribor), 32% en assurance vie, produits retraite et fonds de pension, 17% en actions ; 7% en Sicav et autres fonds d’investissements collectifs, et 5% en obligations et emprunts d’Etat. Or, les performances théoriques retenues par l’étude de l’OCDE ne correspondent pas du tout à cette réalité, non seulement en terme de composition, mais aussi en terme de frais et commissions pénalisant la rentabilité réelle pour les épargnants.
6/ Et pour la France, quelle est la vraie rentabilité des placements de retraite ?
– Comme on l’a vu, Better Finance a une bonne connaissance du marché français puisqu’elle est présidée par Jean Berthon, qui préside aussi la Faider, la fédération des associations indépendantes d’épargne retraite, créée en 2004 par Guillaume Prache (qui en demeure vice-président), Jean-Pierre Bégon-Lours et François Perrin-Pelletier, longtemps président de l’association indépendante développant le contrat d’assurance vie Gaipare malheureusement décédé le 25 octobre dernier à qui nous rendons hommage car c’était vraiment un homme de conviction d’une grande honnêteté. Je me souviens d’une de nos dernières conversations, à l’été 2014, sur les déboires judiciaires des fondateurs d’associations d’assurance vie comme l’Afer d’Aviva et l’Agipi d’AXA, où il m’avait dit : « finalement, je suis le seul à ne pas m’être enrichi avec mon association d’assurance vie, et j’en suis fier ». Un autre pilier de Better Finance est son délégué général, Guillaume Prache, bien connu des lecteurs de Deontofi.com avec son livre sur les Scandales de l’épargne de retraite et ses alertes récurrentes sur les déboires du Cref et de l’UMR Corem, ou encore l’opacité de la Préfon.
Pour Guillaume Prache, les deux points à retenir pour la France concernent la performance de l’assurance vie en euros et celle des supports boursiers sur les contrats multisupports en unités de compte. Premièrement, comme on n’arrête pas de le dire sur Deontofi.com, il en ressort que l’assurance vie en euros reste le placement sans risque le plus rentable, avec un gain de pouvoir d’achat quasiment tous les ans (sauf en 2011) même en tenant compte des prélèvements sociaux et de l’inflation, à condition de bien choisir son contrat. Au passage, l’étude confirme que l’assurance vie est solide comme Deontofi.com le rappelait dernièrement, avec encore plus de 100 milliards d’euros de réserves de plus-values à fin 2014.
7/ Mais il y a des différences entre les contrats d’assurance vie et les types de placements multisupports ?
– Il y a effectivement de grandes différences de performances selon que l’on s’adresse au guichet de sa banque ou que l’on souscrive un contrat géré par une association d’épargnants plus indépendante, même si l’on sait bien que tout n’est pas parfait non plus dans certaines de ces associations comme l’Afer. Pour l’année 2014, par exemple, le rendement de contrats d’assurance vie en euros était de 2,5% en moyenne, mais il était en réalité inférieur pour les contrats classiques des banques et assureurs avec un rendement moyen de 2,38%, alors que les contrats vie d’associations indépendantes d’assurés affichaient un rendement moyen de 3,09%. Selon Guillaume Prache, cette différence de 0,71% au détriment des clients des grands réseaux correspondrait à un supplément de frais et commissions de 5 milliards d’euros prélevés par les banques et assureurs sur leurs contrats et fonds d’assurance vie en euros.
8/ Les autres placements en unités de compte sur les contrats multisupports sont-ils plus rentables à long terme que l’assurance vie en euros ?
– Là aussi, une des conclusions de l’étude de Better Finance va à l’encontre des idées reçus, ou plutôt des idées « vendues » selon lesquelles il faudrait absolument diversifier son assurance vie en supports boursiers ou en placements à promesses pour améliorer son rendement, car on observe plutôt l’inverse, en moyenne. Si l’on tient compte des frais et des performances moyennes de tous les supports souscrits par les épargnants, leurs économies placées en unités de compte auraient subi une perte de pouvoir d’achat de 11% sur quinze ans, contre un gain moyen de 22% pour les fonds en euros (de début 2000 à fin 2014). Là encore, c’est une moyenne un peu théorique, car elle correspond aux résultats de l’ensemble des contrats, certains épargnants ayant pu avoir de meilleurs résultats quand d’autres subissaient des pertes beaucoup plus fortes. Mais au bout du compte, cela fait de l’assurance vie multisupports en unités de compte « le produit d’épargne à long terme le moins performant des 15 pays européens couverts par l’étude », conclut Guillaume Prache.
Première partie ici : Better Finance révèle la vraie rentabilité des placements de retraite en Europe
Bonjour, vous écrivez au chapitre 7 de votre article (très intéressant par ailleurs !) : « les contrats vie d’associations indépendantes d’assurés affichaient un rendement moyen de 3,09% « .
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces « associations indépendantes », et nous en citez quelques unes, parmi les plus importantes et « solides » ?
merci par avance
Bonjour, les associations indépendantes mentionnées dans l’étude de Better Finance recoupent plus ou moins les associations d’assurés réunies au sein de la Faider, dont le Gaipare, l’Asac-Fapès, mais aussi dans une certaine mesure l’Afer et l’Agipi, même si ces associations sont respectivement sous contrôle tacite des assureurs Aviva et AXA.
Espérant que cette réponse vous aura été utile, merci de partager les articles de Deontofi.com avec vos contacts et réseaux sociaux.
Y-a-t-il une réelle adéquation entre les termes associés assurance-vie et la réalité de ce qu’elle est ?
N’est-elle pas avant tout une assurance-mort , i-e intéressante pour les héritiers en cas de décès ?
Est-elle si étrangère que ça de la pyramide de Ponzi ?
Merci
Bonjour cher lecteur et merci pour vos commentaires qui méritent quelques éclaircissements.
1- Il existe effectivement une confusion de beaucoup d’épargnants entre l’assurance vie et l’assurance décès. Une assurance décès est une assurance qui ne verse un capital qu’en cas de décès, contrairement à une assurance vie qui est un produit d’épargne permettant de récupérer son capital à tout moment « en cas de vie ». L’assurance vie permet néanmoins de désigner une personne bénéficiaire de son capital, en cas de décès du souscripteur avant qu’il ait retiré son argent. L’assurance vie est donc bien différente de l’assurance décès, ou de l’assurance mort, terme rarement utilisé.
2- L’assurance vie est totalement sans rapport avec les escroqueries dites « pyramides de Ponzi », qui consistent à payer des intérêts faramineux aux premiers souscripteurs avec l’argent des seconds, pour attirer et voler plus de victimes, comme dans le cas de Bernard Madoff. Au contraire, l’assurance vie fait l’objet d’exigences de solvabilité très fortes obligeant les assureurs à disposer d’actifs solides en contrepartie des contrats d’assurance vie souscrits.
En espérant que cette réponse vous aura été utile, bonne lecture et partagez avec vos contacts les articles de Deontofi.com qui vous intéressent.