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Attention voici une belle arnaque aux placements dans le vin. Avec l’été, les épargnants peuvent être moins vigilants. Un vin frais et léger est apprécié à l’apéro, un rouge plus costaud peut-être au dîner, mais à consommer avec modération, bien sûr. Car le risque en buvant un petit coup de trop serait de croire qu’on peut faire des affaires avec les placements « vin ». Surtout les placements vins bidon. Pas en cubi, ni en tonneau. Non, en bidon tout court, avec rien que de l’arnaque dedans. On pourrait raconter les déboires de nombreux placements vins plus ou moins légaux, disons ayant officiellement existé avec de vrais agréments avant de s’éventer ou s’écrouler dans des conditions souvent douteuses.

Mais là il s’agit simplement d’une belle arnaque: une escroquerie aux placements comme il y en a tant sur Internet.

Cela saute aux yeux et chacun peut le vérifier très simplement en examinant trois indices.

1er indice d’arnaque: un rendement élevé !

Cette publicité est illégale et mensongère. Aucun placement vin n’ayant d’agrément pour promettre un rendement, même vague, c’est une arnaque.

Un rendement élevé, c’est bien si c’est vrai. Mais pour que ce soit vrai il faut montrer patte blanche aux autorités. En France, pour avoir le droit de solliciter les épargnants en leur faisant miroiter un rendement élevé, ou ne serait-ce même que la possibilité d’un gain, il faut désormais franchir de nombreuses étapes réglementaires destinées à mieux protéger les épargnants. Il faut d’abord un agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour proposer ce type de placement dit « en biens divers ». Par opposition aux placements financiers (titres de sociétés, déjà supervisés par l’AMF), aux placements d’assurance (assurance-vie et autres placements supervisés par l’ACPR), et à certains placements immobiliers (SCPI, OPCI, SCI, etc) aussi supervisés par l’AMF et/ou l’ACPR selon leur cadre de commercialisation, tous les autres placements dans des actifs divers entrent dans la catégorie des placements en biens divers (diamants, or, vin, art, bijoux, collections, Bitcoin, crypto-jetons et prétendues monnaies, terres rares ou métaux rares, éoliennes, panneaux solaires, etc.).

AUCUN PLACEMENT EN BIEN DIVERS AUTORISÉ EN FRANCE

Or, aucun marchand de placements en biens divers n’a le droit de proposer ce type de placement aux épargnants français sans une autorisation préalable de l’Autorité des marchés financiers depuis le 17 mai 2017. L’article 79 de la loi Sapin 2 a introduit une évolution du régime de l’intermédiation des biens divers, et l’article 550-1-II du code monétaire et financier a modifié le règlement général de l’AMF et conduit l’AMF à publier une instruction DOC-2017-06 qui interdit toute promotion de placements en biens divers sans un agrément préalable, comme le rappelle la médiatrice de l’AMF dans son rapport annuel 2017 (lire les extraits du rapport de l’AMF sur ce point ici).

Toute proposition d'investissement laissant espérer un gain économique doit faire l'objet d'un agrément préalable. Aucun agrément de ce type n'ayant été accordé, ces propositions sont toutes illégales: ce sont des escroqueries !

À ce jour, aucun site internet ne dispose d’une autorisation de l’AMF. Dès lors, ce type de publicité pour un placement en biens divers faisant miroiter un gain, même non garanti, constitue une infraction pénalement constituée, comme l’explique la médiatrice de l’AMF dans son rapport annuel 2017 à propos des sites de placements diamants relevant du même genre d’escroquerie (p.3).

2ème indice d’arnaque: l’usurpation d’identité d’un média crédible

Pour tromper les épargnants, l’arnaque est présentée avec des titres de médias crédibles, journaux et télévisions d’information, ça fait sérieux mais c’est bidon. Aucun de ces médias n’accrédite cette arnaque !

Vous avez vu cette publicité pour investir dans le vin: « ça a l’air sérieux puisque c’est dans Le Point », pourrait-on se dire en voyant le bandeau en haut, usurpant le nom du magazine Le Point. Tous les codes sont assez bien imités. La police est la même, les couleurs, jusqu’à l’icône « P » s’affichant sur l’onglet de votre navigateur internet, tout indique que cette publicité semble émise par ou avec la bénédiction de l’hebdomadaire français d’actualité Le Point. Mais c’est faux. Heureusement qu’un média crédible ne se laisse pas entraîner dans la complicité avec ce type d’arnaque, contrairement aux médias sociaux dont la responsabilité dans la diffusion de telles escroqueries n’est plus à prouver.

Comment sait-on que cette arnaque aux placements vin n’a rien à voir avec l’hebdomadaire Le Point, dont elle usurpe le nom et la présentation ? Il faut pour cela vérifier l’identité de l’annonceur, c’est-à-dire du site internet diffusant cette publicité. On commence par chercher ses mentions légales, ce qui n’est pas forcément une référence car elles peuvent être aussi fausses que le reste. Mais là c’est encore plus simple, il n’y en a pas. Il y a bien un lien « mentions légales », mais il n’y a rien dedans.

3ème indice d’arnaque: un site web anonyme caché dans un pays lointain

Puisque cette publicité semble revendiquer un lien avec le magazine Le Point, allons vérifier d’où elle vient vraiment. Pour cela, on commence par vérifier l’adresse internet de la page étudiée, c’est-à-dire son URL, ou Uniform Ressource Locator, comme on dit dans le langage informatique passé dans le langage courant. Ici l’adresse usurpe encore l’identité du magazine Le Point, pour maquiller au mieux la tromperie. En se présentant à ses futures victimes sous l’adresse « le-point-economie.com », ce site d’escroquerie entretient une confusion assez habile avec le magazine Le Point, dont l’adresse officielle est plus simplement « lepoint.fr ».

Si ce site n’est pas celui du magazine usurpé, qui est-ce ? Qui est « le-point-economie.com » ? Who is « le-point-economie.com » (en anglais) ? Pour le savoir, il faut poser la question en anglais, la langue administrative officielle de l’Internet. Tous les sites web sont en effet enregistrés dans l’annuaire mondial des sites Internet, géré par l’Icann ( Internet Corporation for Assigned Names and Numbers ICANN, ou Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet en français).

Il existe de très nombreux sites web donnant accès à cet annuaire international des sites web. On les trouve en tapant « WHO IS » dans n’importe quel bon moteur de recherche (comme le Français Qwant).

On vérifie donc qui possède ce site louche, et on trouve un anonyme caché dans un pays lointain. Comme vous pouvez le constater sur la fiche d’identité de ce site, il cache son nom. A la rubrique « name » (nom en français), on lit « Registration private » (enregistrement privé), ce qui ne nous indique rien du tout sur l’identité de l’individu ou la société ayant déposé ce nom. Ce seul indice confirme qu’il n’y aura aucun recours possible puisque vous ne savez pas à qui vous vous adressez.

On voit ensuite la localisation de l’enregistrement du site, dans les rubriques « City » (Ville) et « State/Province » (Etat/Région), voire « Country » (Pays). Ici, le site litigieux est enregistré à Scottsdale, petite bourgade de l’Arizona, aux Etats-Unis. Les Etats-Unis sont un pays où la liberté d’expression est grande, mais la coopération judiciaire en matière d’arnaques peu protectrice pour les épargnants européens, comme on l’a vu dans l’escroquerie de Bernard Madoff ou celle de Dom Tom Défisc. Le fait qu’un site soit enregistré anonymement aux Etats-Unis n’est pas plus rassurant que s’il était planqué dans un paradis bancaire pour mafieux comme Panama ou d’autres états peu coopératifs réputés pour abriter toutes les turpitudes du blanchiment international.

Ne donnez jamais vos coordonnées à un site d’arnaque, surtout pas votre numéro de téléphone mobile !

Sur les sites d’arnaque, tous les prétextes sont bons pour collecter votre adresse de courriel et votre téléphone mobile.

Cette publicité est illégale, ce prétendu placement vin est une arnaque, son site web est une usurpation grotesque d’un organe de presse, mais ce n’est pas tout. Son objectif est de collecter les coordonnées de prospects peu vigilants, pour mieux les arnaquer. Ainsi, tout prétexte est bon pour collecter votre adresse de courriel et votre précieux numéro de téléphone mobile. Or, comme les lecteurs de Deontofi.com le savent, le smartphone est la clé du smartvol ! Quand des escrocs ont le mail et le téléphone mobile d’un prospect crédule intéressé par les bons plans et qui ne vérifie pas leur authenticité, la moitié du travail est fait. Il n’y a plus qu’à tendre quelques pièges pour récupérer des coordonnées bancaires, pirater le smartphone et piller le compte bancaire du pauvre pigeon.

Si vous aimez le vin, gardez votre argent pour celui que vous boirez avec modération, cela vous coûtera moins cher que celui que vous seriez tenté de boire pour oublier que vous aviez eu le malheur de croire à de telles publicités frelatées.

À votre santé, avec les compliments de Deontofi.com, vous avez encore échappé à une belle arnaque !

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