Si le rebond des dernières semaines a permis à la Bourse de limiter ses pertes, rien ne garantit que la baisse soit terminée. Car de nombreuses menaces planent encore sur l’économie et les entreprises, dans le contexte du confinement et après. Pour l’instant, toutes les conséquences de la crise ne se font pas encore sentir. Au début de l’année, les sociétés ont publié des résultats satisfaisants pour 2019, même si le ralentissement de leur croissance était attendu. Les dividendes devaient aussi atteindre des records. Mais ce ne sera probablement pas le cas. Dès le 27 mars, le président Emmanuel Macron annonçait que les dividendes devraient être suspendus quand les sociétés bénéficient de reports d’échéances fiscales et sociales. Dans la foulée, la BCE et l’ACPR ont démandé aux banques et aux compagnies d’assurance de réduire aussi leurs dividendes, afin de préserver leur solvabilité future.
Dans beaucoup de secteurs, la perte de chiffre d’affaires dégradera la rentabilité et la situation financière des entreprises. Outre la baisse probable du niveau général des dividendes, la baisse des bénéfices et les difficultés financières auxquelles seront confrontés de nombreux groupes devraient peser sur leur cours de Bourse. En France, le déficit budgétaire s’envole à 9% du PIB. Par comparaison, Les deux déficits les plus élevés en temps de paix avaient été enregistré en 1993 (6,4 %) et en 2009 (7,2 %), rappelle Le Cercle de l’Epargne. L’effort de dépenses publiques pour atténuer les conséquences de la crise représente 5% du PIB, et les dépenses publiques devraient atteindre 60,9 % du PIB en France, un record absolu au sein de l’OCDE, estime le Cercle de l’Epargne. La dette publique pourrait atteindre 115 % du PIB en France. Le dérapage des déficits budgétaires et la nouvelle augmentation des dettes publiques, soutiendront l’activité à court terme. Mais à long terme, leur assainissement risque d’accroître la pression fiscale. Les dernières prévisions anticipent un déficit de la Sécurité sociale de 46 milliards d’euros en 2020, principalement en raison de l’assèchement des cotisations lié aux arrêts d’activité.
Dans ce contexte, le plongeon de mars 2020 n’est probablement qu’un épisode de baisse parmi ceux auxquels on peut s’attendre, avant que les séquelles de cette sombre période commencent à s’estomper. La baisse des marchés financiers pourrait donc être plus prolongée et plus profonde.
Si l’on prend les deux derniers grands krachs de la décennie 2000, l’indice CAC 40 a perdu à chaque fois environ les deux tiers de sa valeur. Entre le record historique du CAC 40, à 6945 points en séance le 4 septembre 2000 et son creux du 12 mars 2003, à 2403 points, la baisse avait atteint 65%. Et une seconde fois, entre le pic de 6168 points atteint le 1er juin 2007, et le creux de 2465 points en séance le 9 mars 2009, la baisse avait encore atteint 60 %. Ensuite il y aussi eu d’autres épisodes de baisse, comme ceux que les Bourses européennes ont traversé en raison de la crise des finances publiques consécutive à la crise bancaire.
Lors de la crise de l’euro, en 2011, l’indice CAC 40 a reperdu 33% en sept mois, entre son pic du 16 février 2011, à 4170 points, et son creux du 22 septembre 2011, à 2771 points.