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La remontée du pétrole et des prélèvements sociaux ont grignoté le pouvoir d’achat (photo © GPouzin)

Si la baisse des charges sociales et patronales a pu améliorer le pouvoir d’achat de certains salariés et les marges de certaines entreprises, le relèvement des prélèvements sociaux depuis début 2018, de 15,5% à 17,2%, a pénalisé les autres revenus non salariaux, rognant notamment le pouvoir d’achat des retraités. De même, la remontée des prix du pétrole, entraînant dans son sillage un gonflement des taxes sur l’essence et les carburants, a globalement effacé les gains de pouvoir d’achat attendus des mesures gouvernementales, révèle une récente étude de l’Insee (Insee Focus-149 publié le 12/3/2019).

En octobre 2018, les gains des réformes des prélèvements sociaux contrebalancés par le renchérissement des produits pétroliers

Entre janvier et octobre 2018, le pouvoir d’achat des ménages a été affecté par la remontée des cours du pétrole brut ainsi que par plusieurs mesures sociales et fiscales : hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et bascule des cotisations sociales vers la CSG.

Au total, en octobre 2018, la hausse des prix des produits pétroliers a fait plus qu’annuler le gain dû à la bascule des cotisations sociales vers la CSG. Le niveau de vie (corrigé des dépenses de carburants et de fioul domestique) est inférieur de 0,4 % en moyenne à ce qu’il aurait été en l’absence de ces évolutions. Les ménages en emploi sont légèrement gagnants (+ 0,2 % en moyenne), alors que les ménages retraités sont perdants (– 2,0 % en moyenne). Les effets conjugués de ces évolutions sont plus défavorables dans les territoires ruraux et les petites unités urbaines

Salariés peu gagnants,
retraités perdants

Les effets conjugués diffèrent cependant pour les personnes en emploi et les retraités, la bascule des cotisations sociales vers la CSG les affectant de manière très différenciée. Les ménages dont la personne de référence est en emploi (dits ménages en emploi) ressortent très légèrement gagnants au total. Leur niveau de vie corrigé est supérieur en moyenne de 0,2 % (+ 5 euros par mois) à ce qu’il aurait été en l’absence de la hausse des prix des produits pétroliers et de la bascule des cotisations sociales vers la CSG.
Cette bascule accroît leur niveau de vie mensuel de 17 euros en moyenne, alors que la hausse des prix des carburants et du fioul domestique le réduit de 12 euros.
À l’inverse, les ménages dont la personne de référence est retraitée (dits ménages retraités) sont perdants. Leur niveau de vie corrigé est inférieur en moyenne de 2,0 % (soit – 39 euros) à ce qu’il aurait été en l’absence de ces évolutions. En effet, la bascule des cotisations sociales vers la CSG réduit leur niveau de vie mensuel de 27 euros en moyenne, auxquels s’ajoute une perte de 12 euros due à la hausse des prix des carburants et du fioul domestique.

Ruraux et villageois plus touchés par le pétrole que les urbains

Les effets négatifs de la hausse des prix des produits pétroliers décroissent avec la taille de l’unité urbaine. Les dépenses en carburant et en fioul domestique sont en effet plus importantes dans les territoires ruraux où les ménages se chauffent plus souvent au fioul et où l’usage de la voiture est indispensable, qu’à Paris ou à Lyon où la voiture est minoritaire dans les déplacements domicile-travail [Bolusset et Rafraf, 2019]. Pour les ménages résidant en milieu rural, la perte de niveau de vie corrigé due à la hausse des prix des produits pétroliers atteint 0,9 % quand la personne de référence est en emploi (figure 2) et 1,0 % quand elle est retraitée (figure 3). À l’autre extrémité, pour les ménages résidant dans l’agglomération
parisienne, la perte se limite à 0,3 % pour les ménages en emploi ou retraités.

Note : un ménage en emploi désigne un ménage dont la personne de référence est en emploi.
Lecture : en moyenne, en octobre 2018, le niveau de vie (corrigé des dépenses de produits pétroliers) des personnes appartenant à un ménage en emploi et résidant dans l’unité urbaine de Paris est supérieur de 0,7 % par rapport à la situation sans bascule cotisations sociales / CSG ni hausse des prix des carburants et du fioul domestique. La bascule cotisations sociales / CSG augmente leur niveau de vie de 1,0 %, tandis que la hausse des prix TTC des produits pétroliers le fait diminuer de 0,3 % (0,1 % pour la hausse de la TICPE et 0,2 % pour la hausse des prix hors taxe). Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage ordinaire dont le revenu est positif ou nul.

Le pouvoir d’achat des moins aisés davantage pénalisé

Le niveau de vie corrigé des ménages en emploi appartenant aux 10 % les plus modestes de la population diminue de 0,6 %, car leurs dépenses en carburants et en fioul domestique représentent une part plus importante de leur revenu disponible (figure 4). À l’autre extrémité, le niveau de vie corrigé des ménages en emploi appartenant aux 10 % les plus aisés est quasi inchangé : la CSG sur les revenus du patrimoine augmente fortement ce qui compense en grande partie la baisse de cotisations sur les revenus d’activité. Les effets conjugués sont plus favorables pour les ménages en emploi situés entre le 3e et le 9e décile.

Note : un ménage en emploi désigne un ménage dont la personne de référence est en emploi. Il s’agit ici de déciles de niveau de vie usuel, non corrigé des dépenses de produits pétroliers, estimés sur l’ensemble de la population. Lecture : en moyenne, en octobre 2018, le niveau de vie (corrigé des dépenses de produits pétroliers) des personnes appartenant aux 10 % les plus modestes de la population et vivant dans un ménage en emploi est inférieur de 0,6 % par rapport à la situation sans bascule cotisations sociales / CSG ni hausse des prix des carburants et du fioul domestique. La bascule cotisations sociales / CSG augmente leur niveau de vie de 0,6 % tandis que la hausse des prix TTC des produits pétroliers le fait diminuer de 1,1 % (0,4 % pour la hausse de la TICPE et 0,7 % pour la hausse du prix hors taxe). Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage ordinaire dont le revenu est positif ou nul.

Les retraités aisés davantage pénalisés par la hausse de CSG

Pour les ménages retraités, les effets conjugués sont défavorables quel que soit leur niveau de vie. Néanmoins, plus le niveau de vie est élevé, plus l’effet est négatif du fait du seuil d’assujettissement à la CSG. Le niveau de vie corrigé des 30 % les plus modestes baisse de 0,9 %, alors que celui des 10 % les plus aisés diminue de 2,4 % (figure 5).

Note : un ménage retraité désigne un ménage dont la personne de référence est retraitée. Il s’agit ici de déciles de niveau de vie usuel, non corrigé des dépenses de produits pétroliers, estimés sur l’ensemble de la population. Lecture : en moyenne, en octobre 2018, le niveau de vie (corrigé des dépenses de produits pétroliers) des personnes appartenant aux 10 % les plus aisées de la population et vivant dans un ménage retraité est inférieur de 2,4 % par rapport à la situation sans bascule cotisations sociales / CSG ni hausse des prix des carburants et du fioul domestique. La bascule cotisations sociales / CSG diminue leur niveau de vie de 1,9 % et la hausse des prix TTC des produits pétroliers de 0,5 % (0,2 % pour la hausse de la TICPE et 0,3 % pour la hausse des prix hors taxe). Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage ordinaire dont le revenu est positif ou nul.

Les réformes fiscales qui ont marqué le pouvoir d’achat en 2018

  • hausse de 1,7 point du taux de CSG sur les revenus d’activité, les revenus du patrimoine et certaines pensions de retraite au 1er janvier 2018 ;
  • suppression de la cotisation sociale salariale contre le risque maladie pour les salariés du privé et les non titulaires de la fonction publique (FP),
  • baisse de la cotisation contre le risque chômage pour les salariés du privé et les non titulaires de la FP,
  • baisse des cotisations maladie et famille pour les indépendants au 1er janvier 2018 ;
  • pour les salariés de la FP (titulaires ou contractuels), suppression de la contribution exceptionnelle de solidarité ;
  • pour les fonctionnaires titulaires, création d’une indemnité compensatrice face à la hausse de CSG au 1er janvier 2018 ;
  • suppression de la cotisation chômage pour les salariés du privé et les non titulaires de la FP au 1er octobre 2018 ;
  • hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) au 1er janvier 2018, entraînant aussi une hausse de la TVA sur ces produits. La composante carbone de la TICPE a augmenté de 30,5 euros la tonne de CO2 à 44,6 euros et la TICPE «classique» appliquée au gazole a augmenté en vue d’une convergence avec l’essence. Ces mesures se sont traduites par une hausse de 6,33 centimes d’euros par litre de gazole, 3,22 centimes par litre d’essence et 3,73 centimes par litre de fioul domestique ;
  • hausse du prix hors taxe de l’essence, du gazole et du fioul domestique entre le 1er janvier 2018 et 31 octobre 2018.


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