Face à la baisse des rendements et aux risques des unités de compte, peut-on encore compter sur l’assurance-vie pour ses économies ?

Questions placements sur BFM Business TV, avec Guillaume Sommerer et Cédric Decoeur. Deontofi.com était invité en direct dans l’émission Intégrale Placements, mardi 15 juin 2020.

– Peut-on encore faire confiance à l’assurance-vie avec la baisse des taux et des marchés ?

D’abord le fonds en euros n’est pas mort. Le fonds en euros conserve ses trois qualités: sécurité, disponibilité et rentabilité. Certes, la rentabilité a baissé. ces derniers sont adossés à l’actif général des assureurs, largement investi en emprunts d’Etat dont le rendement retombée en-dessous de zéro, à -0,4% début mars, comme cela avait été le cas fin août dernier. Dans ces conditions, les fonds en euros n’ont rapporté qu’autour de 1,4% en 2019, selon les estimations de la société d’analyse Facts & Figures et ils risquent de plonger à nouveau, autour de 1 à 1,2% en 2020.

Les assureurs ont aussi un peu de marge par rapport à la baisse des taux d’intérêt. Avec la diversification de leur actif général, sur lequel s’appuient les fonds en euros, la rentabilité globale de leurs investissements reste supérieure à 2% environ. Et plus de 4,3% ont été mis en réserve au fil des années avec le mécanisme de provision pour participation aux excédents. C’est autant de réserve pour amortir la baisse des taux et lisser les rendements.

En attendant, les fonds en euros restent les supports les plus compétitifs par rapport aux autres placements sans risque. Depuis février 2020, le Livret A ne rapporte plus que 0,5%. Quant aux autres livrets bancaires, la plupart rapportent à peine 0,1%, hors périodes de promotion. Et depuis dix ans, le fonds en euros protège toujours le pouvoir d’achat par rapport à l’inflation.
Pour l’assurance-vie en euros, les contrats des banques sont moins rentables que ceux des mutuelles et associations. Le rendement 2019 a dépassé 2% pour Epargne-Retraite 2 plus de l’Asac-Fapes, Gaipare Slectissimo du Gaipare et Dynavie de Capma-Capmi.
Les contrats sur Internet sont aussi compétitifs, notamment si l’on a une part diversifiée en unités de compte. L’an dernier le taux a dépassé 2% sur certains contrats de Spirica, Suravenir ou SwissLife, distribués notamment par Fortuneo, Altaprofits, Linxea, Mes-Placements.fr ou Placement-direct.fr.

– Les unités de compte ne sont-elles pas trop risquées ?

Les UC, c’est l’autre solution de placement proposée en assurance-vie à côté du fonds en euros. Le terme UC recouvre tout ce qui n’est pas le fonds en euros, cela peut être des placements très variés, des fonds en actions ou diversifiés, des placements en immobilier (comme les SCPI, OPCI), ou des produits structurés (type EMTN), voire des UC représentatives de titres en direct de sociétés cotées en Bourse. Bien sûr, les UC sont plus risquées que le fonds en euros, mais à long terme c’est aujourd’hui la seule solution pour avoir de meilleures perspectives de rentabilité.
Fidelity Investment a réalisé une étude très intéressante sur les motivations des épargnants au regard des UC. Déjà, parmi les détenteurs d’assurance-vie ayant plus de 10 000 euros d’épargne, plus de 40% des épargnants interrogés déclarent en avoir dans leur contrat. Pour ceux qui avaient déjà des unités de compte en mars dans leur contrat, 48% voulaient augmenter leur proportion d’UC, durant la première semaine de mars, dont la moitié à un niveau d’au moins 80% de leur contrat.

Parmi les détenteurs d’assurance-vie souhaitant renforcer la part en unités de compte, la proportion de ceux souhaitant privilégier les UC en actions ou diversifiées a augmenté avec la crise. Alors qu’ils étaient 51% à pencher pour des fonds en actions ou diversifiés début mars, leur proportion était montée à 59% des répondants début mai. La question est de trouver le bon équilibre et d’investir très progressivement. On a vu avec la crise que les marchés pouvaient avoir des mouvements très spectaculaires, de -40% en un mois (19 fév-18 mars) et de +40% en 8 semaines (18 mars-8 juin). Pour éviter d’acheter ou vendre au mauvais moment, il faut surtout privilégier les décisions progressives, les investissements ou les retraits programmés, par exemple mensuellement.

– Que penser des placements avec une protection du capital ?

Les produits structurés et les fonds protégés sont une part importante des placements d’assurance-vie en UC. Ces produits financiers peuvent présenter un intérêt en complément du fonds en euros et des placements en actions, mais leur profil de risque reste plus proche des actions que des fonds en euros. Par exemple on vous propose un placement annonçant un coupon annuel de 6% si l’indice Euro Stoxx est en hausse à une date anniversaire du produit, avec remboursement du capital, et une protection jusqu’à 30% de baisse de l’indice avec une échéance de 6 ans.
Le problème est que les risques de ces placements sont souvent mal compris des investisseurs. Quand les marchés ont baissé, comme au printemps, ils peuvent présenter un intérêt, car le risque de poursuite de la baisse à long terme est plus limité. Mais quand les marchés sont à des niveaux élevés, comme fin 2019 et début 2020, ces placements sont vulnérables. Ils baissent comme la Bourse et sont exposés à des pertes élevées au-delà de leur protection, car dans ce cas on n’a pas non plus les dividendes qui font office d’amortisseur avec les placements classiques.
En outre, il y a aussi un risque de contrepartie ou de crédit sur certains de ces placements, comme ceux qui étaient indexés sur des actions et obligations du groupe de grande distribution Rallye-Casino, placé en redressement judiciaire en 2019.

Retrouvez l’interview vidéo en replay ici

https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/les-questions-peut-on-encore-faire-confiance-a-l-assurance-vie-avec-la-baisse-des-taux-et-des-marches-1606-1255996.html

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