Alors que les propositions d’assurances spécifiques se multiplient avec chaque achat de biens ou services, le Comité consultatif des services financiers (CCSF) veut aider les consommateurs à faire le tri.
“Voulez-vous une assurance avec votre nouvel appareil ?”, proposent systématiquement les vendeurs de téléphones ou d’électroménager. “Je vous ajoute l’assurance, pour seulement 2,90 euros par jour ?”, demandent les caissières à chaque vente de forfait de ski. Et attention, si vous refusez l’assurance annulation à 14 euros, dans cette agence de voyage en ligne, car vous devrez cocher la case “j’assume les risques que j’encours et le fait que je ne pourrai pas recourir à la moindre indemnité en cas de problème” !
Ces assurances dites “affinitaires”, c’est-à-dire accessoires à l’achat d’un bien ou service, font souvent l’objet d’une souscription spontanée sans vraie réflexion, la plupart des consommateurs établissant un lien irrationnel entre la “protection” vantée par l’assurance et leur besoin de sécurité, comme l’ont montré les travaux du psychologue Daniel Kahneman, récompensés par le prix Nobel d’économie en 2002.
En pratique, ces ventes d’assurances à tout va prennent de telles proportions qu’elles finissent par soulever des questions évidentes. Ne seriez-vous pas déjà assuré, sans le savoir, contre le risque spécialement ciblé ? Et cette assurance qu’on vous propose protège-t-elle aussi bien qu’on vous le dit ? Et d’ailleurs que savent les vendeurs des assurances qu’ils proposent ? Informent-ils correctement les clients et respectent-ils les réglementations applicables à la distribution d’assurance ?
Saisi, fin 2011, par le ministre de l’Économie pour “élaborer un diagnostic de la multi-assurance et formuler des propositions afin d’éviter aux consommateurs de souscrire des assurances portant sur des risques pour lesquels ils sont déjà couverts”, le CCSF avait rendu un avis en ce sens le 20 mars 2012, en plus d’un dépliant intitulé Comment éviter les multi-assurances inutiles ? pour le grand public. “Il est important que les assurés soient mieux informés quand on leur propose une nouvelles assurance et qu’ils aient une vision de ce dont ils disposent, ce qui n’est pas toujours évident lors d’une souscription spontanée”, reconnaît Emmanuel Constans, le président du CCSF.
L’avis du CCSF va dans ce sens : “Nous avons préconisé une double action, poursuit son président. Premièrement, que les gens puissent à tout moment accéder aux assurances dont ils disposent, par exemple avec leur carte bancaire. Deuxièmement, en rappelant que les vendeurs étaient soumis au devoir de conseil et qu’ils devaient informer les clients sur la nature de l’assurance proposée, les garanties et leurs limites.”
On imagine la longueur de la file d’attente aux caisses si les vendeurs concernés appliquaient véritablement cette recommandation ! En attendant, l’article R513-1 du Code des assurances les exonère toujours de respecter l’article L520-1 du même code, qui oblige les autres intermédiaires à “préciser les exigences et les besoins du souscripteur éventuel ainsi que les raisons qui motivent le conseil fourni quant à un produit d’assurance déterminé”. Patient mais déterminé, le CCSF fera un point, dans le courant de l’année 2013, sur la mise en œuvre de ses recommandations.