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Porté par une foule de parieurs pressés de s’enrichir en misant sur le dernier « placement » à la mode, le Bitcoin a multiplié les records depuis son écroulement de 2018.

Rappelons qu’après un pic proche de 20 000$ fin 2017 (19 717$/BTC le 16/12/2017), le plus célèbre crypto-jeton du monde avait replongé dans l’oubli en 2018, atteignant un creux de 3 191$ au plus bas du 15/12/2018, soit une dégringolade de 83% en un an. Depuis, les acheteurs ont fait remonter les enchères jusqu’à plus de 50 000$, même 52 910$ le 22/2/21, à l’heure où nous écrivions ces lignes. Soit une multiplication par 16 en deux ans et deux mois (+1500%).

Multiplié par 17 en 2017, en rechute de 83% en 2018, puis multiplié par 16 en 26 mois.

Dans le monde de supercherie popularisé par les dirigeants les plus dingues de la planète, Trump en tête, la réalité pour beaucoup de citoyens ne repose plus sur des faits, mais sur des tweets de post-vérités « alternatives », au sens popularisé par Donald, c’est-à-dire des mensonges éhontés, ou une ignorance manifeste.

Deontofi.com n’a pas vocation de faire la morale aux moutons, mais simplement d’informer ses lecteurs, pour mettre en garde ceux voulant éviter les arnaques. Le Bitcoin en est une. Pour au moins une raison: ce n’est pas l’actif que les gens croient. Le Bitcoin n’est pas une monnaie, même pas un actif, c’est simplement un bout de code informatique disponible en quantité limitée.

Chaude la patate: Elon Musk souffle sur la braise !

Beaucoup de gens pensent que le Bitcoin est une monnaie, ce n’est pas le cas. Un actif ? Non plus. Le Bitcoin n’a aucune réalité ni contrepartie économique réelle, sa valeur dépend uniquement et exclusivement du prix que de nouveaux acheteurs sont prêts à le payer. C’est un peu la patate chaude, la seule motivation crédible pour en acheter est d’espérer trouver d’autres fous à qui les revendre plus cher. Sauf que la patate chaude, à la fin refroidit.

Un des derniers à avoir soufflé sur la braise du Bitcoin est le prestidigitateur Elon Musk, homme d’affaire charismatique déjà connu pour la communication outrancière par laquelle il trompe les marchés, quant à la réalité économique de sa société Tesla, valorisée 738 milliards de dollars sans avoir jamais réalisé le moindre bénéfice sur ses voitures électriques. Musk a dopé le cours du Bitcoin en annonçant, le 29 janvier 21, qu’il allait y faire investir 1,5 milliard de dollars par Tesla. L’économiste de marché Nouriel Roubini a dénoncé une manipulation de marché, rappelant les précédentes mystifications financières d’Elon Musk, pour lesquelles il avait payé quelques dizaines de millions de dollars d’amende auprès du gendarme de la Bourse américain, la Securities and Exchange Commission (SEC).

Coutumier de la communication trompeuse, Elon Musk déclare sa flamme au Bitcoin

Au mépris de la réglementation boursière, encadrant la communication envers les marchés pour protéger les investisseurs des manipulations et mensonges, Elon Musk dénonce une atteinte à sa liberté d’expression. La rhétorique des gourous consiste toujours à dénigrer les autorités pointant leurs fraudes, pour crédibiliser leur esbroufe.

Les fidèles de la secte Bitcoin ont par ailleurs un argument en béton pour discréditer les discours inquiets sur la bulle du Bitcoin: « les critiques des cryptos n’ont rien compris, la preuve ça monte, ils sont juste amers et jaloux de ne pas en avoir profité » (en gros ce qu’on lit dans les commentaires de lecteurs pro-Bitcoin).

Pour comprendre le Bitcoin, relisez notre article :

https://deontofi.com/bitcoin-faut-il-y-croire-a-lire-avant-dinvestir-par-deontofi-com/

Un récent sondage de l’Ifop pour Thecointribune nous éclaire utilementt sur le profil des acheteurs et potentiels acheteurs de ces crypto-jetons.

En résumé, il confirme nos intuitions: les adeptes du Bitcoin se trompent sur sa nature, qu’ils ignorent, et sont essentiellement des parieurs prêts à en acheter dans le seul espoir qu’ils puissent les revendre plus cher. Cette stratégie fonctionne dans toutes les hystéries financières, à condition de ne pas être le dernier à acheter pendant la hausse, ni le dernier à vendre avant la baisse, qui peut être beaucoup plus rapide. C’est ce qu’on appelle les « momentum players », ou « joueurs de tendances ». En gros ils ne cherchent pas à savoir si la hausse d’un actif est justifiable par une raison économique ou non, mais seulement s’il y aura suffisamment de fous pour la soutenir. C’est un jeu dangereux, qui expose à de sévères déceptions même quand on en connaît les règles.

Dans le cas du Bitcoin, la plupart des joueurs s’exposent à deux pièges dont ils doivent être avertis.

Avertissement Bitcoin Deontofi.com n°1 : le Bitcoin n’est pas une monnaie !

Le Bitcoin réel, celui qui existe et fonctionne, n’est pas un placement. C’est un moyen d’échange, qui a été détourné de sa vocation originelle et fait l’objet d’une spéculation sans fondement économique justifiable. La seule justification qu’on pourrait lui donner serait celle d’un objet de collection, un peu comme si on avait retrouvé la première écriture de l’humanité. Mais ce n’est pas la première écriture de l’humanité et il y a beaucoup de monnaies virtuelles concurrentes prêtes à revendiquer ce statut d’objet de collection numérique.

Surtout, le Bitcoin ne réunit pas les caractéristiques essentielles définissant une monnaie.

La monnaie a quatre fonctions, pour lesquelles elle doit réunir plusieurs caractéristiques.

Les quatre fonctions de la monnaies sont :

  1. – Un moyen d’échange, accepté et universel, ayant « valeur légale » pour payer
  2. – Une unité de compte, avec ses divisions et sous-divisions facilitant sa comptabilité
  3. – Une réserve de valeur, permettant d’épargner ou investir pour l’avenir
  4. – Un moyen de paiement différé, donnant une « valeur légale » future aux dettes et créances.

Pour assurer ces 4 fonctions de la monnaie, les caractéristiques clé de la monnaie doivent être :

  • Durable, l’existence d’une monnaie doit être pérenne, elle doit durer dans le temps
  • Portable, facile et pratique à transporter ou déplacer pour payer dans la vie courante
  • Divisible, pour payer en petites pièces ou gros billets en couvrant tous les besoins
  • Acceptée partout et par tous, pour financer l’activité économique (conso, salaires…)
  • Valable, que son pouvoir d’achat soit assez prévisible pour faciliter son utilisation.

Est-ce le cas du Bitcoin ? On vous laisse deviner.

La monnaie repose sur la confiance et est émise dans un cadre régulé. Si au cours de l’histoire, elle est devenue l’élément clef des échanges, c’est qu’elle permet de réaliser des comparaisons des valeurs fiables dans le temps et l’espace. Le bitcoin n’est pas, pour le moment, un étalon monétaire, son cours pouvant varier en quelques semaines du simple au double. Qui souhaite en permanence réviser sa grille de prix en fonction du cours de la monnaie ? Pour la même raison, le bitcoin n’est pas, une devise de réserve. Quand son cours monte, nul n’a envie de s’en dessaisir ; quand il baisse, c’est l’inverse », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne dans son éditorial du 20/2/21.

En attendant, pour ceux qui veulent compléter leur culture générale du Bitcoin, Deontofi.com recommande la lecture du Bitcoin pour les nuls, l’excellent article de nos confrères suisses dans le journal Le Temps, de Genève.

Le fantôme de Second Life et son Linden dollar

Avec un peu de recul, qui se souvient encore des promesses du réseau Second Life et sa monnaie virtuelle, le Linden dollar ? Popularisée au début des années 2000, la plateforme Second Life permettait à ses utilisateurs de se créer des avatars ayant une vie, et une activité économique, virtuelles. Second Life arrivait même à convaincre des entreprises de s’installer dans son monde virtuel pour y faire la promotion de leurs activités et y vendre leurs produits ou services. Pas de chance, le monde l’a délaissé, et son Linden dollar avec. Ce n’était pas une monnaie. Le Bitcoin non plus.

Avertissement Bitcoin Deontofi.com n°2 : boulevard de l’arnaque !

Deuxièmement, au-delà des polémiques entre économistes traditionnels et geeks libertaires sur les qualités socio-économiques du Bitcoin et son potentiel de développement futur ou non,  la principale raison qui a poussé Deontofi.com a intervenir sur ce sujet est le ras-de-marrée d’escroqueries, véritable déferlante d’arnaques au Bitcoin que l’on voit se propager sur Internet, dans le sillage et avec les mêmes dégâts que les escroqueries au trading Forex ou placements diamants qui ont déjà fait tant de ravages auprès des épargnants français.

Mais revenons au portrait des acheteurs de patates chaudes. Deontofi.com reproduit ci-dessous le communiqué reprenant les principales conclusions du sondage :

LES CHIFFRES CLÉS

UNE CRYPTO-MONNAIE CONNUE DES FRANÇAIS MAIS DE MANIERE ENCORE FLOUE

1 – Le Bitcoin est de loin la crypto-monnaie la plus connue des Français, avec un taux de notoriété de 83%, soit un score très largement supérieur à celui observé pour des crypto-monnaies concurrentes comme Ethereum (11%) Dogecoin (10%) ou XRP (7%) qui, elles, restent encore confidentielles.

2 – L’analyse des idées reçues associées au Bitcoin (principale monnaie virtuelle) confirme ce flou, notamment à propos de l’anonymat qu’il est supposée garantir. En effet, si le caractère indépendant du réseau Bitcoin est plutôt bien identifié par les Français (42%), ces derniers sont nombreux à se tromper sur l’anonymat : seuls 10% des Français savent qu’il ne garantit pas un anonymat complet à ses utilisateurs (contre 33% qui y croient).

UNE MONNAIE DE PLUS EN PLUS PERÇUE COMME UN PLACEMENT RENTABLE QUI ATTIRE DESORMAIS PLUS QUE LES DEVISES TRADITIONNELLES

3 – L’idée qu’il s’agit d’un placement rentable devient majoritaire dans les esprits (à 51%, +9 pts par rapport à 2019) alors que le nombre de Français qui n’y voient qu’un phénomène de mode régresse de manière significative (75%, -8 points).

4 – Le potentiel d’investissement pour cet actif numérique dépasse désormais celui des devises traditionnelles : 17% chez l’ensemble des Français – dont 3% qui y ont déjà investi et 14% qui aimeraient investir -, soit une proportion supérieure à celle observée pour les devises traditionnelles. Cet intérêt est en outre fortement corrélé au profil « Gambler » des répondants puisque 42% des parieurs et 45% des joueurs de poker sont dans ce cas.

UN ATTRAIT QUI REPOSE PLUS SUR L’APPAT DU GAIN QUE SUR SON INTÉRÊT COMME MONNAIE DÉCHANGE…

5 – Le principal motif invoqué par les Français pour expliquer leur achat, ou volonté d’achat, de crypto-monnaies réside dans l’appât du gain et non dans leur potentiel d’utilisation en tant que véritable monnaies d’échange. Seuls 9% déclarent ainsi que leur but est de réaliser des achats, contre 91% qui le font plutôt pour gagner de l’argent, que ce soit à court terme (pour 40%) ou à long terme (pour 51%).

6 – Pourtant, le nombre de Français estimant que le Bitcoin jouera un véritable rôle de monnaie à l’avenir est loin d’être négligeable : 24% chez l’ensemble des Français, un score supérieur à ceux du Yen (22%), du Yuan (19%) ou du Rouble (6%). Et cette proportion atteint même deux tiers (67%) auprès de ceux qui ont déjà investi dans les crypto-monnaies, un score comparable à ceux du Dollar (67%) et de l’Euro (61%).

Source du sondage:

Étude Ifop pour Thecointribune réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 10 février 2021 auprès d’un échantillon de 3 013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Ajout du 2/6/2021:

86% d’amateurs de Bitcoin sont des hommes, 14% des femmes

Selon une nouvelle étude de l’appétence des lecteurs d’informations « cryptos » sur Google, plus de 8 fans de bitcoin sur 10 sont des hommes.

Over 40% of those engaged in the Bitcoin community are millennials

Bitcoin has emerged to be a popular topic among millennials with digital currency increasingly being viewed as a potential source of creating wealth through investments. The interest in bitcoin by millennials signals the role this age group plays in the possible realization of the digital currency’s mass adoption.

According to data acquired by cryptocurrency trading simulator Crypto Parrot [ndlr ATTENTION aux sites de formation au trading!], millennials aged between 25-35 years lead in a bitcoin community engagement rate at 41.51% as of June 1, 2021, while 20.16% of those engaged in bitcoin are between 35-44 years old to account for the second-highest group.

The age group of 18-24 engagement in bitcoin rates at 16.65% followed by 45-54 at 10.8%. Individuals in the age bracket of 55-64 years old are engaged in bitcoin at 6.59%. Unsurprisingly, those aged 65 years and above are the least involved in bitcoin at 4.45%.

Additionally, the male gender is the most engaged in bitcoin at 85.77%, while females stand at 14.23%.

The digital environment inspires millennials bitcoin engagement 

The report highlights some of the reasons why millennials are leading in the bitcoin community engagement rate. According to the research report:

“The engagement rate around bitcoin also mirrors the digital space that has been a significant part of millennials’ lives. During this era, the financial system has shifted to digital products from banking to payments. Therefore, bitcoin being the pioneer digital currency, naturally suits millennial conversations”

As millennials move to attain financial maturity they are also driving bitcoin’s adoption banking on the asset’s portability, security, and global nature. As new generations are regularly ushered in the financial world, the tendency towards cryptocurrencies will potentially grow further. Furthermore, millennial children are witnessing their parents adopt and talk about bitcoin, a significant factor in sustaining bitcoin adoption. 

Read the full story with statistics here: https://cryptoparrot.com/article/over-40-of-those-engaged-in-bitcoin-community-are-millennials 

NDLR, si la source de ce sondage reste sujette à caution, s’agissant d’un site de promotion plus ou moins déguisée des cryptos, il nous paraissait intéressant de l’ajouter parmi les ressources pour comprendre la population victime de ces illusions, les chiffres cités étant en partie extraits de big data relativement plus consensuelles, notamment fournies par les recherches de Google Analytics.

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