Gagner 100 à 1000 euros par an en changeant de banque, c’est possible, grâce aux banques en ligne. Le plus difficile est de sauter le pas. De plus en plus de Français y songent. 28% des personnes interrogées pensaient changer de banque dans l’année, selon un sondage publié à l’automne dernier par la banque en ligne Moneway. C’est souvent l’occasion d’ouvrir un compte dans une banque en ligne. Apparues au début des années 2000, les pionnières du marché, comme ING Direct, Boursorama et Fortuneo, ont été rejointes par une trentaine d’autres établissements sur Internet, filiales de grandes banques ou start-ups aux profils et spécialités les plus variés, aussi appelées néobanques.

« Avec plus de 3,5 millions de comptes actifs à fin 2019 (+75% en 1 an), ces nouveaux acteurs du paysage bancaire gagnent peu à peu la confiance des consommateurs et entrent dans leurs habitudes de la banque au quotidien », explique Stéphane Dehaies, associé du cabinet KPMG France, qui vient de publier une étude avec Ipsos sur le « Panorama des néobanques en France ». Alors que les nouveaux opérateurs connaissent des croissances rapides, ils ont encore une clientèle relativement restreinte. Relancée après la reprise de Groupama Bank par l’opérateur téléphonique en 2016, Orange Bank revendique 200 000 clients. Boursorama et Fortuneo continuent aussi de voir affluer de nouveaux convertis. Avec 450 000 nouveaux clients recrutés en un an, Boursorama approchait les 2 millions d’adeptes fin 2019, tandis que Fortuneo en comptait près de 800 000. Autonomie, qualité de services, et surtout tarifs moins chers, les raisons pour changer de banque ne manquent pas. Les prix attractifs sont la première motivation mise en avant par 50% des clients pour ouvrir un compte dans une banque en ligne, selon le sondage Ipsos pour KPMG.

Payer moins de frais reste la première motivation

Les établissements sur Internet permettent d’économiser les frais habituellement prélevés dans les réseaux bancaires, de l’ordre de 150 à 200 euros par an, selon les estimations de l’association CLCV et du site comparatif Meilleure-Banque.com. Et les tarifs de ces commissions grimpent trois fois plus vite que l’inflation. De 2012 à 2018, l’indice des prix à la consommation a progressé de moins de 4%, tandis que « Sur la même période, l’indice

des services bancaires a augmenté de + 11,99 % », note le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), dans son dernier rapport de l’Observatoire des tarifs bancaires.

Connaître le vrai prix payé en services bancaires n’est pas une mince affaire. Ainsi, plus de trois Français sur quatre ne savent pas bien combien ils dépensent en frais bancaires, selon un sondage réalisé l’an dernier par Opinionway pour Fortuneo. Deux approches permettent de déterminer combien coûtent réellement les services bancaires. La première consiste à évaluer cette dépense selon les tarifs affichés par les banques appliqués à des profils types. La seconde méthode est de vérifier le montant effectivement dépensé par chaque client. Avec 4 millions d’utilisateurs Bankin est un agrégateur de comptes permettant aux clients d’avoir une vue d’ensemble de leurs comptes détenus dans tous types de banques, en ligne ou à réseau. Grâce à ce vivier, Bankin étudie les frais bancaires réellement payés par 360 000 utilisateurs de son application. « En moyenne, les frais bancaires se sont élevés à 122 euros par client en moyenne au 1er semestre 2019, et 76 euros par compte », explique Jean Marien, porte-parole de Bankin. En plus de leur compte courant, beaucoup de clients disposent en effet d’un livret ou d’autres comptes et produits d’épargne pouvant occasionner des frais. Surtout dans les banques à réseau. La plupart de ces frais peuvent être économisés en passant par une banque en ligne. Le total de frais prélevés par Fortuneo et Boursorama était ainsi inférieur à 10 euros au premier semestre 2019, selon Bankin. « Nos clients ont payé en moyenne 10,92 euros pour l’ensemble de l’année », confirme Gregory Guermonprez, directeur général de Fortuneo pour la France.

Frais de tenue de compte

Les frais de tenue de compte demeurent un poste d’économie facile, en optant pour la banque en ligne. Aucun de ces établissements ne prélève de tels frais, alors que les clients se voient prélever entre 10 et 30 euros par an pour le simple fait de détenir un compte courant dans 90% des banques à réseau.

Frais de cotisation CB

Faire l’économie d’une cotisation pour utiliser sa carte bancaire est une autre source de motivation quand on passe à la banque en ligne. En effet, les établissements sur Internet offrent quasiment tous une CB gratuite, et même souvent une carte Premier ou Gold, sans aucune cotisation annuelle. Par comparaison, la plupart des banques à réseau font payer autour de 40 à 50 euros par an pour une carte bancaire classique, et deux à trois fois plus cher pour une carte Visa Premier ou Gold Mastercard. Leurs tarifs officiels sont par exemple de 134 euros par an chez BNP Paribas et 135 euros à la Société générale.

Même s’il est facile d’obtenir des réductions en négociant, ou avec des conditions spécifiques, ce marchandage fait partie des coutumes de plus en plus rejetées par les clients. Un Français sur trois estime nécessaire de négocier avec sa banque pour avoir de bons tarifs, alors que 59% trouvent cela désagréable, selon un sondage réalisé l’an dernier par Opinionway pour Fortuneo.

Autres frais sur les CB

Outre la cotisation annuelle prélevée par la plupart des banques à réseaux, d’autres frais sont à prévoir lors de l’utilisation de votre carte bancaire, notamment sur les retraits d’espèce et les paiements en devises. Au-delà de trois ou quatre retraits gratuits par mois, la grande majorité des banques font payer les retraits aux distributeurs, à hauteur de 1 euro par retrait. La plupart des banques en ligne ne prélèvent aucun frais sur les retraits et encouragent plutôt leurs clients à utiliser leur carte. Pour dissuader les clients d’ouvrir des comptes « dormants » en demandant une carte gratuite qu’ils n’utiliseraient pas, certaines banques les font payer en cas de non utilisation. Chez Fortuneo, par exemple, la CB Mastercard Premier est gratuite à condition d’effectuer au moins un paiement ou un retrait par mois. En l’absence d’utilisation, la pénalité est passée de 5 euros par mois en 2019 à 9 euros par mois depuis 2020. Les paiements et retraits en devises autres que l’euro sont aussi une source de frais. Facturés autour de 3% par la plupart des banques, peu d’établissements permettent d’échapper à ces frais, mais c’est le cas avec des banques spécialisées dans les paiements en devises à bas coût, comme l’Allemande N26, les Britanniques Revolut et Transferwise, ou encore Fortuneo qui a supprimé ces frais depuis octobre 2019.

Frais sur les placements

« Les frais bancaires sont une petite partie du gain global réalisé en passant à la banque en ligne », estime Gregory Guermonprez, chez Fortuneo. Une grande partie des gains obtenus par ses clients proviendrait davantage des frais économisés et de la performance supplémentaire obtenue sur leurs placements. Alors que l’épargne moyenne des clients, tous comptes confondus, est d’environ 10 000 dans les grandes banques en ligne, et d’à peine 1000 euros pour les néobanques dont l’offre se limite au compte courant, Fortuneo revendique un solde d’épargne de 30 000 euros par client, et même supérieur à 40 000 euros en moyenne pour les clients adultes actifs, Fortuneo. « Nous sommes une banque d’épargnants, résume Gregory Guermonprez. Or, sur ces montants nous avons calculé que l’économie de frais sur les commissions des placements et le supplément de performance de notre assurance-vie procurait un gain total proche de 1000 euros par an par rapport aux conditions de frais et de rémunération de l’épargne dans une banque à réseau ».

Plus d’autonomie et de services

« Les clients des banques à réseaux pointent souvent un manque d’accompagnement et d’autonomie », confie Jean Marien. « Leurs banques ne répondent pas aux sollicitations, et certaines démarches sont dépendantes de l’intervention d’un agent du réseau, par exemple l’enregistrement d’un nouveau destinataire de virement ». Or, faire exécuter un virement par son agence coûte autour de 4 euros par virement, selon l’Observatoire des tarifs bancaires.

Sur une centaine de banques à réseau, une dizaine d’établissements font encore payer plus de 20 euros par an pour avoir la possibilité de consulter et gérer ses comptes en ligne, selon le dernier rapport de l’Observatoire des tarifs bancaires. Les alertes par SMS, pour être averti du solde de son compte afin d’éviter les découverts, est encore facturé entre 1 et 3 euros par mois par la plupart des banques à réseau, alors que ce service est gratuit dans les banques en ligne.

Côté services, les banques en ligne obtiennent une meilleure note de satisfaction que leurs concurrentes à réseaux. Dans son étude auprès de ses clients, Bankin demande à 10 000 clients de noter leur satisfaction vis-à-vis des services de leur banque sur une échelle de 1 à 5. Surprise, les banques en ligne ont une note autour ou supérieure à 4 sur 5, tandis que la note des banques à réseau est plus proche de 3. Parmi les atouts des banques en ligne, les clients apprécient d’avoir accès à des conseillers disponibles et compétents par spécialité. « On peut être banque la moins chère et avoir la meilleure satisfaction des clients de banques en France », affirme Gregory Guermonprez.

Les clients des banques en ligne payent moins de frais et sont plus satisfaits que ceux des banques à réseau

Quelle banque en ligne choisir ?

Toutes les banques en ligne ne proposent pas les mêmes avantages. Les principales, comme Boursorama, Fortuneo, ou ING Direct, sont des banques mobiles complètes, offrant à la fois des services de banque au quotidien, d’épargne et de crédits. D’autres établissements sont plus spécialisés, par exemple Revolut, N26 ou Transferwise ne proposent pas de produits d’épargne mais sont réputées pour les opérations en devises. D’autres intermédiaires spécialisés sont plus experts des placements en ligne, comme les courtiers d’assurance-vie sur Internet (Linxea, Altaprofits, Placement-direct, Mes-Placements…). « Le paysage bancaire évolue dans la mesure où les gens ne vont plus avoir tous leurs comptes dans un seul réseau où ils ont leur compte courant, leurs comptes d’épargne, leurs contrats d’assurance-vie et leurs crédits, explique l’expert de Bankin. On voit de plus en plus de clients ayant une palette d’établissements différents, un compte courant ici pour avoir peu de frais, un autre spécifique pour les dépenses à l’étranger, leur assurance-vie dans un autre, voire une assurance emprunteur dans un établissement qui n’est pas celui où ils ont souscrit leur crédit ».

Comment changer de banque

Si plus d’une personne sur quatre déclare vouloir changer de banque, beaucoup moins de clients le font en réalité, souvent par crainte des démarches à effectuer. Selon un bilan de la mobilité bancaire établi par le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) en 2018, 17% des Français ont renoncé à ouvrir un compte dans une nouvelle banque. Parmi les obstacles mentionnés, 44% ne savaient pas quelle banque choisir, et 43% redoutaient des difficultés pour changer leur domiciliation bancaire, notamment auprès des émetteurs de virements et prélèvements.

La banque en ligne progresse. Le taux de mobilité bancaire est de 4 à 5% par an en France contre 10% moyenne européenne et 12 à 14% pour les opérateurs téléphoniques. Les clients changent plus facilement d’opérateur téléphonique que de banque, alors qu’ils économiseraient plus en changeant de banque.

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