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Si vous aimez le vin, buvez-en avec modération ! Mais si l’on veut vous faire croire que c’est un placement juteux, gare à la gueule de bois… Nous reproduisons ci-dessous une mise en garde de Jean-Pierre Rondeau, président de La Cie des CGPI, association de conseillers en investissements financiers agréés, au sujet d’un fonds « Nobles crus », en panne de liquidités.

En manque de liquide, les placements boiront-ils la tasse ? (photo © GPouzin)

En manque de liquide, les placements vins boiront-ils la tasse ? (photo © GPouzin)

En France, des placements en bouteilles de vin ou liés au vin sont parfois proposés aux épargnants, sous forme de fonds d’investissement ou de parts de GFV (groupements fonciers viticoles).

Les souscripteurs de SGAM Premier Cru ont-il cru faire un bon placement ? (photo © GPouzin)

Les souscripteurs de SGAM Premier Cru ont-il cru faire un bon placement ? (photo © GPouzin)

En 2001, la Société générale se félicitait ainsi d’avoir été récompensée par le prix de l’innovation du Forum de l’investissement pour le lancement de son FCPR (fonds commun de placements à risque) « Premier Cru » qui investissait en bouteilles de grands crus. Espérons que ses souscripteurs n’auront pas bu la tasse !

L’alerte du président de La Cie des CGPI :

« Le CSSF, équivalent luxembourgeois de l’AMF, a suspendu à titre provisoire les rachats et souscriptions au fonds « Nobles crus » de la société « Elite Advisers ». En effet, ce fonds n’avait plus les liquidités suffisantes pour faire face aux retraits des Institutionnels des OPC. Ceux-ci doivent maintenant répondre aux normes UCITS. Actuellement, la société s’empresse de vendre ou tente de vendre, depuis quelques mois, une partie de ses stocks, les 11% qu’elle conservait en liquidités ayant été rapidement « mangés ». Nous ne parlons donc pas d’escroquerie.

Bien que ces fonds ne s’adressaient pas au grand public, mais à des « investisseurs avertis », avec un ticket d’entrée à 125 000€, il semble que des particuliers y aient eu accès pour des montants inférieurs au moins par l’intermédiaire de deux contrats d’assurance luxembourgeois et par une banque française.

La société pourrait subir des conséquences comptables aggravantes au fur et à mesure des cessions, si elle devait vendre à perte pour dégager des liquidités rapidement ou, cela n’est pas lié, si les stocks avaient été surestimés. En effet, Elite Advisers avait déjà été victime d’une double controverse. D’abord, de la part d’un expert belge qui jugeait les prix estimés des stocks plus que surévalués. Ensuite, de tabloïds britanniques qui se moquaient des commerçants de grands crus français quant à leurs appréciations de la valeur de nos grands vins, comparativement à d’autres productions étrangères aujourd’hui reconnues. Ne pas retrouver le même prix que celui des stocks dans le bilan et donc devoir afficher des comptes en lourdes pertes, sans parler de la perte actuelle de chiffre d’affaires compte tenu du blocage des opérations de souscriptions.

Mais elle peut subir au moins deux autres risques :

– La défection de ses autres investisseurs que les OPC quand cela va se savoir. Nous nous sommes beaucoup interrogés si nous devions vous diffuser cette information, mais il en va de notre responsabilité vis-à-vis de vous. D’autant que la société ne communique plus sur son site depuis 2012, tout en y laissant l’ensemble des arguments de vente : http://www.eliteadvisers.com/ (vous pouvez taper sur FR tout en haut à droite). On peut néanmoins s’étonner que cela ne se sache pas en France malgré quelques articles, certes rares, à l’Étranger. Accessoirement, on peut s’interroger sur le fait que l’organisme luxembourgeois n’a pas semblé informer son homologue français, alors que cette entreprise, dirigée par deux anciens gérants d’une société très connue, soit essentiellement tournée vers le marché français.

La sortie sur ses autres fonds/sicav encore plus « exotiques » aux estimations encore plus sujettes à caution : montres et, nous semble-t-il, pierres précieuses (Elite’s Exclusive Collection, des Fonds d’Investissement Spécialisés, «Investissements Passion»), plus un fond de fonds des trois autres fonds (Vins, montres, pierres).

Pour ce qui nous concerne, nous avions recommandé la plus grande prudence à nos adhérents il y a plus d’un an sur ces produits et sur d’autres, tous dits de diversification, divers, alternatifs ou « plaisir ». Cela avait fait l’objet d’articles, au moment même où Madame LEMAIRE, de l’AMF (NDLR, responsable de la direction des relations avec les épargnants), intervenait pour attirer l’attention du Public sur les risques inhérents à ces mêmes offres. L’un de nos adhérents m’avait vivement interpellé : en gros « de quoi vous vous mêlez ? ».

Nous souhaitons de nouveau vous alerter et, plus spécialement, recenser ceux qui pourraient être impactés par cette affaire qui, à notre avis, ne peut que mal tourner. Le but n’est pas de sanctionner mais d’avoir une idée de nos risques et de ceux de la profession, notamment pour nos RCP (NDLR l’assurance responsabilité civile professionnelle).

D’autre part, s’il existe certainement des professionnels sérieux, on a vu aussi de nouveaux acteurs (sans surface le plus souvent) s’installer sur la niche des vins qu’ils voyaient très prometteuse (une proposition par mailing encore ce jour). Je vous invite à vous interroger. »

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