« L’accord avec General Electric, soumis au vote des actionnaires d’Alstom le 19 décembre prochain, est très déséquilibré » estime Louis Bulidon. En interpellant depuis plus de vingt ans les dirigeants des multinationales, après avoir disséqué leurs comptes, cet actionnaire individuel hyper actif est devenu un véritable «Poil à gratter du CAC 40». A dix jours de l’Assemblée générale qui scellera le destin d’Alstom, il invite les actionnaires du groupe à voter massivement « contre » le projet d’accord avec General Electric et nous explique pourquoi. En exclusivité sur Deontofi.com.

En interpellant depuis plus de vingt ans les dirigeants des multinationales, après avoir disséqué leurs comptes, Louis Bulidon, actionnaire individuel activiste, est devenu un véritable "Poil à gratter du CAC 40".

En interpellant depuis plus de vingt ans les dirigeants des multinationales, après avoir disséqué leurs comptes, Louis Bulidon, actionnaire individuel activiste, est devenu un véritable « Poil à gratter du CAC 40 ».

« Je voterai contre le démantèlement d’Alstom et la vente directe de près des 2/3 de ses activités, nous annonce Louis Bulidon. Non pas par rejet de l’offre de General Electric dans son ensemble, mais parce qu’elle n’est pas équilibrée et s’apparente à une braderie de notre technologie dans les turbines à gaz et à vapeur. Une collaboration d’égal à égal, à part entière, comme pour l’accord il y a quarante ans avec la SNECMA, Safran aujourd’hui, sur les moteurs d’avions CFM, aurait dû servir de modèle de négociation.

Aux commandes depuis 2003 et aujourd’hui sur le départ, Patrick Kron à la tête d’Alstom solde son parcours par un grave échec pour notre industrie. Lors de ses premières assemblées générales, celle de 2003 pour son entrée en fonction, le PDG voulait redonner à Alstom une perspective industrielle et non pas être le syndic de la faillite d’Alstom, ni l’ordonnateur de sa vente par appartement. C’est pourtant ce que les actionnaires vont devoir approuver en AG le 19 décembre.

Rappelons les chiffres sur la base de l’exercice 2013/2014 pour le groupe : l’activité Transport, à laquelle sera réduit le périmètre d’Alstom, représente 5,8 milliards d’euros soit 29% du chiffre d’affaires. L’intervention de l’Etat a permis d’élargir le périmètre du fonds de commerce d’Alstom à trois co-entreprises totalisant un chiffre d’affaires de 3,8 Md€ pour la part qui revient aux actionnaires. Ces alliances ne sont en rien un partenariat équilibré comme cela a été présenté puisque GE disposera de la majorité des droits de votes et de la direction des opérations de ces trois entités.

L’unanimité faite autour du président, responsable de cette transaction, au sein d’un conseil d’administration très (peut-être trop) international ne prouve qu’une chose à savoir son souci de se débarrasser d’un fardeau. C’est une opération dont nous n’avons peut-être pas tous les tenants et aboutissants.

Le conseil d’administration a néanmoins décidé d’octroyer à Patrick Kron la jouissance de 150.000 actions en récompense du succès de cette opération. Sa conscience professionnelle ne devrait-elle pas lui commander de renoncer à cette prime ?

Signé

Louis Bulidon, actionnaire individuel »

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