Obnubilés par la course aux profits, les banques mettent en place des organisations du travail qui poussent leurs salariés à tirer le maximum d’argent de leurs clients au mépris des règles déontologiques et de protection des épargnants, et au péril de leur santé. C’est la morale du jugement du tribunal de grande instance (TGI) de Lyon rendu le 4 septembre 2012 à l’encontre des Caisses d’Epargne Rhône Alpes Sud.
Depuis 2007, les responsables régionaux de ces Caisses d’Epargne avaient mis en place une méthode de gestion des performances des salariés dite de « benchmark » (parangonnage est le terme exact en français) consistant à mettre en compétition permanente les salariés avec leurs homologues, et les agences entre elles.
La part de rémunération variable des salariés dépendait directement de leur capacité à vendre plus que leurs collègues. Alors que le site web de l’Ecureuil se vante de «répondre au mieux à vos besoins », la satisfaction des clients ne comptait que pour 5% dans la note du salarié.
La pression devenait telle que les salariés renonçaient à demander le paiement des heures supplémentaires, ou rognaient sur leurs congés pour vendre toujours plus et garder leur emploi.
Saisi en mai 2011, le Tribunal a jugé que « l’organisation collective de travail basée sur le benchmark compromet gravement la santé des salariés» ajoutant qu’il s’agissait d’une « incitation pernicieuse à contourner la réglementation pour faire du chiffre ».
Le tribunal interdit à la banque d’utiliser cette méthode de gestion et la condamne à verser 10 000 euros de dommages et intérêts au syndicat SUD, qui invite les salariés personnellement victimes de cette méthode à réclamer leur propre dédommagement sur la base de ce jugement.