Le président du Conseil de Stabilité Financière (Financial Stability Board -FSB-), plus haute instance internationale de vigilance bancaire, rattaché à la Banque des règlements internationaux (BRI, Bank for Internantional Settlements BIS.org), se doit d’être exemplaire en matière de déontologie financière. L’ex-trader titulaire de cette haute responsabilité, Philipp Hildebrand, s’est pourtant fait pincer dans le premier scandale de délit d’initié d’un banquier central sur la manipulation des parités de change de sa monnaie, le Franc suisse.
Perçu comme une valeur refuge aussi sûre que l’or qui dort dans les coffres des banques helvétiques, le franc suisse (CHF) flambait depuis le début de la crise bancaire. En quatre ans, de l’été 2007 au pic du 11 août 2011, il avait gagné 60% face à l’euro et 72% face au dollar. Pour sauver la compétitivité du pays, le président de la Banque National Suisse (BNS), Philipp Hildebrand, également président du Conseil de stabilité financière (www.financialstabilityboard.org), annonça le 6 septembre 2011 que la BNS ne laisserait plus le CHF grimper au-dessus de 0,83 euros (plus précisément que l’euro ne devrait plus baisser sous la parité cible de 1,2 CHF). En une semaine, la BNS fait redescendre le CHF de 14% face à l’euro et de 18% face au dollar, qui gagnent respectivement 15 et 22% face au franc suisse.
Seul problème, l’épouse du président de la BNS, ex-tradeuse en devises, avait acheté 500 000 dollars le 15 août, pour les revendre le 4 octobre avec un gain de 10 000 francs suisses. Après s’être défendu d’une déontologie irréprochable, le patron de la BNS, ancien trader en devise lui-même, a démissionné le 9 janvier 2012.
Selon l’hebdomadaire zurichois Weltwoche, les comptes de la famille Hildebrand à la banque Sarasin feraient apparaître des opérations de change effectuées par l’ex-banquier central lui-même lors des six mois précédent l’annonce de la parité cible, dont 1,1 million de franc suisses rien qu’en mars 2011.
Choquée par ce scandale, la banque Sarasin a immédiatement pris les mesures qui s’imposaient à ses yeux : elle s’est excusée auprès de l’ex-trader pour la révélation de ses secrets, a licencié l’employé ayant informé les autorités de ce potentiel délit d’initié, et a déposé plainte auprès du Conseil suisse de la presse contre le journal à l’origine de ces révélations. Belle déontologie !