Soyez prudents avec l’industrie des cyberescroqueries, extrêmement puissante, riche et technologiquement assez en pointe.
TOUS les sites anonymes faisant la promotion d’arnaques, sans exception, sont mafieux.
Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ne sont pas anonymes soient davantage fréquentables.
Je me suis ainsi interrogé sur l’opportunité de laisser sur Deontofi.com le module de paiement en cryptos installé par un de mes cybergardiens favoris. Je l’avais accepté les yeux fermés, pour qu’il fasse des travaux pratiques et un truc branché qui l’amuse, en lui disant même qu’il pourrait garder en prime les souscriptions par ce biais pour lui, comme ça pas de tracas administratifs, comptables, bancaires et fiscaux sur ce canal, qui de toute façon n’a reçu aucun paiement en bitcoin ou autre cryptos, à ma connaissance.
En dehors des paiements de rançons à la cybermafia, j’aimerais que des cyber-commerçants légaux disent combien ils reçoivent de paiements en cryptos. En dehors des contrebandiers de faux médicaments ou trafiquants de produits et services illicites, je pense que c’est assez proche de zéro. C’est ce qui ressort des sondages anecdotiques, auprès de tel ou tel commerce branché ayant mis une caisse en cryptos pour faire chic.
Le site de transactions en cryptos en question gourl.io, est une boîte dominicaine. Pour recevoir les paiements en cryptos en argent réel, j’imagine qu’il faut bien lui donner des coordonnées bancaires, ou de CB. Sauf à vouloir garder ses cryptos, soit parce qu’on croît pouvoir payer avec sans perdre de pouvoir d’achat, soit en espérant les revendre plus cher à un acheteur espérant lui-même les revendre plus cher.
C’est là que le monde merveilleux des cryptos s’écrase dans le réel, car il faut être vraiment masochiste pour donner ses coordonnées bancaires ou de CB à une boîte dominicaine, sans aucune supervision d’aucune autorité crédible, et encore à supposer que cette société existe et ne soit pas une usurpation comme on en croise tant sur le Web. Et même si c’est pour conserver ses cryptos sous la garde de l’intermédiaire, sans les convertir en argent réel, il faut être très optimiste pour penser qu’une cyber-PME dominicaine soit un bon coffre-fort.
Les cryptos font rêver les jeunes avec des arguments bancales, qui trompent leurs raisonnements, cf sondage Cnews
Dans le monde réel, les agents économiques veulent que leur argent soit en sécurité, comme la panique bancaire de 2008 nous l’a bien rappelé, avec des manifestations populaires très concrètes de cet attachement à la sécurité des fonds (ceux qui retiraient leur argent des banques pour le mettre sous le matelas, les appels paniqués de personnes âgées, leur crainte d’un basculement dans l’anarchie ou la guerre civile « si l’argent n’est plus en sécurité »).
De ce fait, une fois passée la frange des quelques millions de consommateurs imprudents escroqués d’un beau paquet de quelques milliards par la cybermafia du trading et des cryptos, je pense que les crypto-jetons (puisque ce ne sont ni des actifs ni des monnaies contrairement à ce que prêche leurs propagandistes) n’ont aucune chance de prendre une place sérieuse dans les circuits financiers, tant qu’ils n’ont pas de tiers de confiance régulés par des superviseurs crédibles, comme les institutions financières du G6 (désolé d’être restrictif mais on ne peut pas mettre les banques baltes ou chypriotes au rang d’institutions fiables, compte tenu de leur implication prouvée dans de nombreux circuits financiers criminels).
Même s’il y a beaucoup à dire sur les très nombreuses failles de régulation et de supervision des banques, et autres intermédiaires en services de paiement, du G6 (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), les gens ont avec ces établissements la certitude que le solde sur leur compte est bien le solde sur leur compte, et que l’argent n’en disparaît pas sans raison ni recours, en dehors, justement, des piratages et autres fraudes aux moyens de paiement orchestrées par la cybermafia.
Le tripot des cryptos n’a pas fini de fasciner le grand public, les geeks et quelques financiers voyant bien leur intérêt à surfer sur la vague pour faire du buzz et ramasser leur part.
Wall Street Watch n°2018-36.
Ø Dans un rapport publié le 3 octobre, le Council of Inspectors General on Financial Oversight – organe créé par le Dodd-Frank Act pour fluidifier le partage d’information entre les régulateurs et l’administration – s’inquiète de l’absence de cadre de régulation des crypto-monnaies et de la complexification du secteur financier, qui serait de nature à « accélérer la vitesse des crises futures ».
Mais les cryptos n’ont aucune chance, selon moi, de jouer un rôle dans l’économie officielle et légale, tant qu’ils restent des jetons de tripot sans supervision.
L’exposé précédent étant une réponse à des lecteurs ayant interrogé Deontofi.com sur la crédibilité d’allégations diffusées par le site anonyme Cointelegraph, donc sans valeur puisque personne n’en est responsable contrairement à ce qui est publié par des médias ayant pignon sur rue, il a alimenté un dialogue avec nos sources.
Mais Coinbase, c’est quand même un intermédiaire sérieux, non ?
Notre lecteur attentif fait remarquer que la société américaine Coinbase, sorte de bureau de change des cryptos, réalise des acquisitions et des développements qui en font un acteur central incontournable dans ce secteur.
Oui, on peut dire que Coinbase a réussi dans les cryptos, en commençant sous le radar pour faire de l’argent rapide, avant de rentrer dans le rang légal pour gagner son honorabilité.
Quelques procès pour manipulation de marché, une injonction de communiquer les données de transactions au fisc, et l’affaire entre progressivement dans le clan des institutions financières « classiques », avec leurs turpitudes et leur supervision.
Coinbase a acquis une telle crédibilité dans l’univers des cryptos qu’il est aujourd’hui… usurpé par les escrocs des cryptos 😉
the IRS has put the crypto world on notice: Earlier this year, the popular trading platform Coinbase alerted 13,000 customers that it was complying with a court order to provide the IRS with information on accounts worth at least $20,000 during 2013 to 2015.
A class-action lawsuit launched against Coinbase is still ongoing. The case, filed by Jeffery Berk on behalf of Coinbase customers, alleges that Coinbase was negligent and violated consumer protection laws due to insider trading, resulting in lost customer profits.