Comment diversifier vos actions pour ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier ? Les épargnants ont souvent une relation affective avec la Bourse : ils en redoutent les risques mais en prennent parfois trop. L’occasion de revenir sur les bonnes recettes pour mieux gérer l’équilibre de votre portefeuille boursier avec nos conseils et une interview de Gilles Pouzin, journaliste fondateur de Deontofi.com, dans l’émission TV Ecorama, animée par David Jacquot sur Boursorama.com.
Cinq minutes pour comprendre :
Retrouvez ici l’interview TV sur ce thème dans l’émission Ecorama du 02/09/2015
– Alors que la Bourse était portée par un vent d’optimisme depuis près d’un an, le décrochage brutal du 24 août 2015 et les remous qui ont suivi sont selon vous une bonne occasion de réfléchir à la répartition de son portefeuille.
– Absolument, pour la majorité des épargnants, qui sont en phase de constitution de leur portefeuille, la baisse de fin août est un exemple typique de ces phases de replis brutales qui réjouissent les acheteurs ayant longtemps patienté à l’affût de prix plus raisonnables pour parfaire la diversification de leur patrimoine. Mais avant d’effectuer de nouveaux investissements, il vaut mieux réfléchir pour déterminer quels types de titres acheter, dans quels secteurs et quelles régions du monde.– Cela paraît effectivement du bon sens. Vous pensez que les épargnants oublient cette précaution ?
– Il y a ceux qui l’oublient et surtout ceux qui ne savent pas. Car cette notion de diversification est connue des pros mais pas forcément du grand public. Pour beaucoup de nos concitoyens, la Bourse c’est d’abord l’indice CAC 40 et éventuellement une poignée de start-ups d’Alternext encore plus scabreuses. Tous les investisseurs du monde sont influencés par un biais de familiarité, ou pour simplifier un chauvinisme myope, c’est-à-dire qu’ils investissent principalement, voire presque exclusivement dans des sociétés de leur pays, tout simplement parce qu’ils en entendent davantage parler autour d’eux ou dans les médias, et y ont plus facilement accès, que ce soit pour se procurer des informations ou pour acheter leurs actions par l’intermédiaire de leur banque ou courtier habituel. Cette habitude a de nombreux avantages sur le plan pratique, mais elle est assez mauvaise au regard de la diversification d’un portefeuille.– Concrètement, à quoi faut-il faire attention ?
– Hé bien d’abord à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, comme dit le proverbe. Très souvent par le passé, lorsque j’auditais des portefeuilles de lecteurs ayant souscrit à ce service, je constatais ainsi qu’ils étaient très mal diversifiés, tant sur le plan géographique que sectoriel. Prenons un exemple. Un épargnant me demandait un jour s’il devait racheter davantage d’actions France Télécom (rebaptisée Orange depuis) après leur chute. En soi, ce n’était pas forcément une mauvaise idée compte tenu de la valorisation atteinte par l’opérateur téléphonique français, mais je remarquais que cette société représentait déjà 20% de son portefeuille, aux côtés d’une poignée d’autres groupes français opérant dans des secteurs assez proches, comme Alcatel ou Vivendi. La priorité pour réduire les risques d’un tel portefeuille n’était donc pas d’accroître encore la concentration de ses investissements sur sa principale ligne, mais d’atténuer ses fluctuations en l’équilibrant avec un peu de diversification internationale et sectorielle pour réduire la concentration des risques sur les seules valeurs françaises liées aux télécommunications.– Mais comment faire pour se constituer un portefeuille diversifié ? Quelles sont les règles ?
– Il n’y a pas de règles absolues et chacun peut se fixer ses propres limites ou au contraire viser le champ d’investissement le plus large. Disons que pour s’y retrouver, il est plus pratique d’utiliser un modèle, comme le font d’ailleurs les professionnels. Pour avoir une idée des secteurs et des régions dans lesquelles on devrait investir afin de diversifier ses investissements, on peut comparer la composition de son portefeuille par rapport à un modèle, par exemple un indice boursier.– Comme l’indice CAC 40 par exemple ?
– Absolument, l’indice CAC 40 est un indicateur pratique de la tendance du marché parisien. Sa répartition sectorielle est déjà plus équilibrée que bien des portefeuilles d’actionnaires individuels, avec 19% de sociétés dans les biens de consommation, 17% dans la finance et autant dans l’industrie, 13% dans le secteur pharmaceutique, etc. Mais le CAC 40 ne représente que 40 valeurs sur les centaines de valeurs françaises qui elles-mêmes représentent moins de 4% de l’ensemble des marchés financiers mondiaux.– Alors quel indice prendre si l’on veut un bon modèle de diversification ?
– Le modèle le plus représentatif de la diversité des Bourses mondiales est certainement l’indice Morgan Stanley Capital International de tous les pays du monde, communément appelé indice MSCI ACWI (pour All Countries World Index). Attention à ne pas le confondre avec l’indice MSCI World, qui ne rassemble en fait que les marchés boursiers des pays développés. L’indice MSCI ACWI est plus large, puisqu’il inclut aussi les marchés émergents de toutes les régions du monde (Asie, Afrique, Amérique latine…).– Quelle est la répartition de cet indice mondial et faut-il la suivre ?
– Pour diversifier son portefeuille, il vaut mieux viser plus large que l’indice CAC 40, et l’indice ACWI est un très bon modèle car il inclut vraiment toute la diversité des opportunités boursières à travers le monde. La France ne pèse que 3,5% dans cet indice, et l’Europe atteint à peine un quart. Ce n’est pas forcément un modèle de répartition à copier à l’identique, car il y a un sens, pour des investisseurs français et européens, à privilégier les marchés de la zone euro. En revanche, cela permet de relativiser le poids de chaque région pour évaluer si l’on a intérêt à y investir une partie de son portefeuille et dans quelles proportions par rapport à d’autres. Par exemple, les Etats-Unis représentant 55% de la Bourse mondiale, c’est certainement une destination à privilégier quand on veut diversifier ses investissements. Ensuite, l’Asie dans son ensemble reste une seconde zone géographie à privilégier pour équilibrer un portefeuille, avec un poids proche de 20% partagés entre 8% pour le Japon et 11,3% pour l’Asie émergente, dont 2,5% pour la Chine et 1,5% pour la Corée. Sous cet angle, le fort recul de certains marchés asiatiques ou de quelques grandes valeurs américaines offre des opportunités de diversification à ceux qui veulent en profiter pour mieux équilibrer leur portefeuille.
Faut-il avoir un ou deux oeufs en or Et en argent ?
Peut-on qualifier le CAC 40 de reflet d’actions rationnelles, – donc éco-défendables – et éthiques ?
Merci