Emménager est une étape vivifiante, quand on quitte le nid familial ou qu’on s’installe à deux. Changer de ville ou de pays n’est pas moins stimulant, pour les étudiants ou jeunes cadres happés par le succès. Mais après des années d’enracinement, tourner la page en changeant de logement n’est pas une mince affaire. Si seulement 18% des Français ont déménagé en quatre ans, c’est le cas pour 35% des ménages dont la composition évolue, qu’il s’agisse d’un mariage, l’arrivée d’un enfant ou une séparation, selon une étude de l’Insee sur les années 2014-2017 publiée au printemps dernier.
Même quand on a trouvé la maison de ses rêves, déménager reste un projet anxiogène. C’est une source de stress pour les trois quarts des Français (76%), révélait une étude de TNS Sofrès en 2006. « Particulièrement pour les femmes, dont 82 % avouent qu’elles ont passé un très mauvais moment », précisait Psychologies magazine en commentant ce sondage.
Déménager est stressant. On y passe un peu plus de trois mois en tout, et 24% des gens ont encore des cartons non déballés des mois ou des années plus tard. Pour 6 personnes sur dix (62%), c’est même l’événement le plus stressant de leur vie, bien plus que les ruptures et divorces (43%), si l’on en croit un sondage réalisé par OnePoll en 2015 pour le fournisseur d’énergie e.on.
Soyons clair, c’est faux sur le plan médical. Un déménagement n’est pas le bout du monde, par rapport à des drames comme le deuil d’un conjoint, d’un enfant ou d’un proche, ou certains accidents corporels et maladies ayant bien plus d’impact traumatique sur la santé, selon l’échelle de notation de réajustement social (Social Readjustment Rating Scale, ou SRRS) établie par les scientifiques américains Thomas Holmes et Richard Rahe.
Sous-estimer le choc socio-affectif d’un déménagement serait néanmoins très imprudent, la réalité du ressenti psychologique dépassant souvent celle des faits. Pour bien déménager, mieux vaut donc prendre la mesure du défi et les mesures qui s’imposent. A commencer par celle du volume à déménager. C’est la question centrale que vous poseront les déménageurs, et la plus cruciale pour comparer les devis. Le déménagement n’échappe pas aux comparateurs de prix sur Internet. Il n’y a qu’à voir l’avalanche d’annonces sponsorisées dans les moteurs de recherche sur ce thème. En testant un échantillon de ces comparateurs proposant des devis, on réalise la diversité des méthodes et des résultats. Quelques précautions s’imposent pour déménager en souplesse et tranquillité.
Première précaution : souscrire un forfait téléphonique dédié
Comme pour les comparateurs d’assurances complémentaires santé, les comparateurs de déménageurs ont l’agaçante manie d’exiger votre numéro de téléphone en échange d’une promesse de devis, qu’ils ne tiennent pas toujours. Le numéro que vous leur donnez sera immanquablement la cible d’appels incessants de démarcheurs insistant pour avoir un rendez-vous de visite, sans lequel ils se déclarent incapables d’effectuer un devis.
Pour votre tranquillité, il est prudent de donner un numéro dédié à ces sites, et autres quémandeurs. Divers opérateurs téléphoniques proposent des forfaits sans engagement très abordables, que vous pourrez résilier ensuite. Dans les minutes suivant une demande de devis effectuée en ligne sur le site Nextories.com (ex i-Demenager), le numéro dédié qu’on lui avait communiqué a ainsi fait l’objet de huit appels et cinq messages téléphoniques, sans compter ceux des jours suivants.
On peut ignorer ces solliciteurs adeptes de la technique du « pied dans la porte », consistant à s’incruster chez les prospects avant de répondre à leur demande plutôt que l’inverse. Même s’ils semblent rares, certains sites et déménageurs sont en effet parfaitement capables d’évaluer le coût de votre déménagement, pour vous donner un ordre de grandeur au moins approximatif, sans venir chez vous.
Deuxième précaution : avoir le compas dans l’oeil, ou savoir calculer les volumes
Combien de mètres cubes ? C’est la question à 1000 euros à laquelle vous n’échapperez pas. Trois possibilités : soit vous avez le compas dans l’oeil pour évaluer l’encombrement réel du bordel à transborder de votre ancien vers votre nouveau logement, c’est-à-dire des contenants (le volume des meubles) et des contenus (les livres, casseroles, vêtements et bibelots que vous en sortirez pour les emballer) ; soit vous calculez vous-même ce volume tout seul ou à l’aide d’un outil d’estimation en ligne ; soit vous faites confiance à un pro qui fait ça à longueur d’année. Soit un mix des trois.
Le site Movinga.fr, de la société germanique éponyme domiciliée à Berlin, propose ainsi un calculateur de volume très pointilleux. Une fois renseigné l’adresse de départ et d’arrivée, et communiqué le précieux téléphone dédié, on est invité à remplir un inventaire des éléments à déménager pièce par pièce, en cliquant des modèles de meubles auxquels vous pensez que les vôtres ressemblent. Exercice utile mais fastidieux, surtout si vous n’avez pas de copie de ce travail. Une idée : effectuez cet inventaire en parallèle, par exemple dans un logiciel de tableur, pour demander des devis ailleurs.
Nextories propose une aide à l’évaluation de volume plus ergonomique que celle de Movinga. Mais au bout d’une heure, on arrive à un volume presque deux fois supérieur à l’évaluation par nos propres calculs : 30 cartons et 199 « meubles », incluant chaque bibelot et cadre (photo, peinture…) comptés à la pièce, pour un volume de 52,34 m3. Un peu gonflé pour un appartement car c’est proche du volume d’une maison de trois niveaux (60 m3).
Troisième précaution : prévoir à l’avance et choisir le bon service
Laisser le pouvoir aux calculateurs fait grimper les tarifs des déménageurs. Vu les 52,34 m3 imputés par Nextories, pour un trajet de 1,3km, dans la même ville, avec un monte-meuble permettant de descendre 5 étages et d’en remonter autant sans défoncer l’ascenseur, les devis de ses partenaires commencent à 2500 euros en formule « classique », 2700 euros en « standard » et 3000 euros en « complète ». La plupart des gros bras proposent en effet trois prestations : avec la première on vous fournit les cartons, on vous démonte les meubles, mais vous emballez ; avec la seconde, ils emballent vos choses fragiles et vos vêtements sur cintres ; et avec la troisième ils emballent tout. TransOneDem, un déménageur partenaire propose un tarif « classique » à 1800 euros TTC en réduisant lui-même le volume estimé à 40m3.
La vie est plus facile avec le site a-vos-cartons.fr. Pas de calculateur, on donne simplement le nombre de pièces. On reçoit deux devis provisoires par courriel le lendemain. RucheDesDemenageurs.com demande 1020 euros TTC, avec emballage des habits en penderie, et 1500 euros en ajoutant le monte-meuble, tandis que A2td.com propose 900 euros en « classique ». Après visite, il confirme un volume de 30 m3 et un devis à 1230 euros en formule « classique », monte-meuble inclus. Bonus écolo, A2td s’engage à venir récupérer les cartons quand vous leur demandez après déballage de votre déménagement. Et il le fait. Contraint par un contretemps, on lui demande un devis « Luxe ». Pour 2120 euros, ils emballent et déménagent tout, même la cave et le balcon, avec sa quinzaine de jardinières et d’arbustes. L’affaire est dans le sac. Dernier détail, prévoyez à l’avance si vous déménagez en haute saison, car on se bouscule dans les camions tout l’été à partir des vacances, et la dernière quinzaine de décembre.