Le trou de la Sécu nous préoccupe tous à juste titre. Car il touche à notre santé, bien sûr, mais aussi à notre porte-monnaie, directement ou indirectement, que ce soit par le prix des soins, de moins en moins remboursés, le coût des mutuelles d’assurance santé ou le poids des charges et prélèvements sociaux pour endiguer le déficit de l’assurance maladie. Alors que les patients sont stigmatisés, voire soupçonnés d’abuser de la protection sociale, Deontofi.com lève le voile sur les vrais suspects du pillage de la Sécu.
A qui profite le trou de la Sécu ? La facture des frais de santé enrichit-elle les consommateurs ou les prestataires ? Dans les médias grand public, on fustige facilement les patients en dénonçant leurs abus de médicaments inappropriés, de soins superflus, d’opérations de confort, d’arrêts maladie ou autres caprices des temps modernes. Les dérives ou fraudes des consommateurs de soins existent à la marge, mais leur impact sur l’addition globale est anecdotique, par rapport aux milliards d’euros escamotés par des prestataires aux pratiques contestables.
Quelques chiffres et ordres de grandeurs aident à comprendre l’enjeu financier de ce débat, connu de longue date des pouvoirs publics et des experts en politiques sanitaires. En 2014, le déficit du régime général de la Sécurité sociale a été de 9,7 milliards d’euros, en amélioration par rapport à 2013 (-12,5 milliards). Ce déficit inclut celui de l’assurance vieillesse, c’est-à-dire la « retraite Sécu » (-1,2 milliard en 2014 après -3,1 milliards en 2013) et celui des allocations familiales (-2,7 milliards en 2014 après -3,2 en 2013), mais ne comprend pas celui du Fonds de solidarité vieillesse (3,5 milliards en 2014 après 2,9 en 2013).
L’assurance maladie elle-même était en déficit de 6,5 milliards en 2014, après 6,8 milliards en 2013. Ce déficit devrait augmenter à nouveau, à 7,5 milliards d’euros en 2015, selon les dernières prévisions publiées par la Sécurité sociale.
Le déficit de l’assurance maladie n’est que la partie émergée de l’iceberg des dépenses de santé. Il correspond aux dépenses de santé de la sécurité sociale (168,4 milliards d’euros en 2014) non couvertes par les cotisations et autres prélèvements alloués à l’assurance maladie (161,9 milliards en 2014). Tous les frais de santé n’étant pas payés ou remboursés par la Sécu, les dépenses totales de santé en France sont encore bien supérieures, autour de 250 milliards d’euros (247,7 milliards en 2013).
Qui profite de ces 250 milliards ? En terme de santé, tout le monde ou presque, bien sûr. Mais sur le plan financier, la collectivité paye d’un côté ce que les prestataires de soins encaissent de l’autre. Beaucoup sont individuellement dévoués au service et à la guérison des patients, en particulier au sein du corps médical, paramédical ou autre personnel soignant. D’autres s’en mettent plein les poches au mépris des consommateurs, de la Sécu et de ses déficits, voire de la santé publique. L’affaire du nouveau vaccin «DT-Polio-Hib-Coqueluche-Hépatite B », commercialisé sous la marque Infanrix Hexa par le laboratoire GlaxoSmithkline, en est une illustration.
Des médecins inquiets, dans le sillage du Professeur Henri Joyeux, ont lancé une pétition, ayant déjà recueilli près de 700 000 signatures, pour interpeller les pouvoirs publics sur ce scandale autour de quatre points clé concernant ce vaccin potentiellement dangereux pour la santé, imposé aux mères pour leurs jeunes enfants. Selon lui :
- « le vaccin DT-Polio [NDLR, de Sanofi Pasteur Mérieux] est obligatoire mais il n’est plus disponible en France depuis 2008 ; est-ce normal ?
- les bébés sont vaccinés avec l’Infanrix hexa, qui vaccine en plus contre 3 autres maladies non-obligatoires, parmi lesquelles l’hépatite B ; très controversée
- l’Infanrix Hexa contient de l’aluminium, ce qui n’était pas le cas du vaccin DT-Polio Merieux ; est-ce raisonnable ?
- l’Infanrix Hexa coûte 39,10 euros, contre 6,10 euros pour le DT-Polio sans aluminium [NDLR, de Sanofi Pasteur Mérieux], soit près de 7 fois plus cher ; n’y a-t-il pas là comme un abus, sachant que le vaccin est obligatoire et donc l’achat, lui aussi, obligatoire ? »
Sans entrer dans un débat d’experts entre les défenseurs des labos (payés par qui ?) et ceux des patients, on comprend bien qui profite de cette entourloupe (les labos) et qui en est victime (les patients et la Sécu). Pour en savoir plus sur les aspects scientifiques, lisez les arguments présentés par le professeur Henri Joyeux et signez sa pétition ici.
La contre-offensive mérite d’être commentée puisque, « la ministre de la Santé, Marisol Touraine attaque le Pr Henri Joyeux dans des termes d’une rare violence, l’accusant de manquer à ses obligations de médecin, d’être « rétrograde » et dangereux, alors qu’elle a elle-même écrit il y a si peu de temps que, oui, les vaccins à l’aluminium posent problème », explique Augustin de Livois, directeur de l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle (IPSN). Le professeur Joyeux répond point par point aux détracteurs de sa pétition.
Pour minorer ce scandale, le ministère de la Santé et les grands médias, « ont raconté que les laboratoires mettaient à disposition des parents qui le souhaitent un kit de vaccination DT-Polio gratuit, et que personne n’était donc obligé d’utiliser le vaccin hexavalent Infanrix-Hexa. », exlique le docteur Jean-Marc Dupuis, dans sa Lettre Santé Nature Innovation. Or, ce vaccin gratuit « a été retiré du marché français depuis 1999, suite aux recommandations de l’Agence européenne du médicament (EMA), demandant l’absence de mercure dans les vaccins pédiatriques », rappelle-t-il, dénonçant de la part des médias qui vantent ce vaccin « une démarche de désinformation du public totalement irresponsable ».
Inquiétante pour la santé, cette histoire est aussi un scandale financier. Pire. Le profit semble être le principal mobile du crime. Les consommateurs veulent un vaccin inoffensif à 6 euros, on leur impose un vaccin plus dangereux à 40 euros payé par la Sécu, c’est-à-dire au final par les contribuables, à coup d’études falsifiées faisant l’objet de poursuites pénales par E3, l’association de malades empoisonnés par des vaccins contenant de l’aluminium (dont l’empoisonnement, outre ses dégâts sanitaires, ajoute au coût du pillage de la Sécu par les labos).
Malheureusement, ce scandale n’est pas isolé. Du dangereux médicament Médiator de Servier au prix aberrant des montures de lunettes en France, en passant par le déremboursement « progressif » par la Sécu des médicaments au « service médical rendu insuffisant » (pour ne pas dire nul) et de ceux remplacés par des médicaments « génériques » 30% plus chers en France qu’ailleurs, tous les abus dont sont victimes les patients consommateurs n’ont heureusement pas les mêmes conséquences pour leur santé. Mais tous contribuent à creuser le trou de la Sécurité sociale, bien plus profondément que les malades stigmatisés comme des assistés coûteux pour la collectivité.
Veut-on sauver notre système d’assurance maladie et rétablir son équilibre financier en préservant la santé publique ? Des pistes existent. Notamment en provenance des Etats-Unis, si souvent cités en exemple pour leur progrès économique.
Lire la suite : Des primes incitant les lanceurs d’alerte à dénoncer les fraudes d’entreprises !
Vous sortez de votre domaine de compétence et ça se sent. La partie du début sur le déficit de la sécu est intéressante. Le manque de décryptage de la croisade du Pr Joyeux est une faute… déontologique. Que le lobby des labos essaye de refourguer un pack plus cher, c’est une chose, et c’est sans doute regrettable. Insinuer que le nouveau vaccin est à risque, c’est sans fondement, et sans doute même maladroit : le grand-public qui signe la pétition n’est pas à sa place pour juger de la balance bénéfice-risque du vaccin. Alors oui il y a un scandale financier, non pas de scandale sanitaire.
Bonjour cher lecteur et merci pour votre commentaire et votre participation à ce débat.
Comme vous l’avez observé en des termes élogieux, Deontofi.com laisse aux experts médicaux le soin d’apprécier la pertinence des alertes du docteur Joyeux.
« Sans entrer dans un débat d’experts entre les défenseurs des labos (payés par qui ?) et ceux des patients, on comprend bien qui profite de cette entourloupe (les labos) et qui en est victime (les patients et la Sécu). Pour en savoir plus sur les aspects scientifiques, lisez les arguments présentés par le professeur Henri Joyeux et signez sa pétition ici. »
Pour ceux qui ne conaissent pas j’invite à regarder la série Utopia:
Très bonne intrigue SF/médicale sur fond de chantage, manipulation, pot de vin…
Une bonne peinture de la réalité quoi 🙂
Ahah, un peu de pop-culture sur Déontofi, je dis oui ! 😀
En effet, c’est une très bonne série sur beaucoup d’aspects ! (BO & réalisation, en plus du scénario !) Elle met en lumière des aspects intéressants de la gestion financière de la santé, et c’est plutôt renversant.
Adrien, Webmaster en terrain familier.