Comment évaluer l’impact des projets philanthropiques ? Quels sont les enjeux de la philanthropie selon les situations ? Quelle portée attendre des différentes initiatives ? Comment mesurer l’efficacité des actions menées ? La remise du Prix BNP Paribas 2013 de la philanthropie individuelle était l’occasion d’un débat sur ces questions entre Viviane Senna et Michael De Giorgio, deux philanthropes expérimentés.

Michael de Giorigio (Greenhouse Charity), Viviane Senna (Institut Ayrton Senna) et François Debiesse (BNP Paribas), débattent de l'efficacité philanthropique. (photo © GPouzin)

Michael de Giorgio (Greenhouse Charity), Viviane Senna (Institut Ayrton Senna) et François Debiesse (BNP Paribas), débattent de l’efficacité philanthropique. (photo © GPouzin)

Avant la récompense des lauréats 2013, François Debiesse, responsable sénior de la philanthropie au sein de BNP gestion de fortune, anime un court débat avec deux membres du jury du prix BNP de la philanthropie, lauréats en 2012 : Viviane Senna, présidente depuis vingt ans de la Fondation Ayrton Senna et sœur du coureur automobile éponyme ; et Michael De Giorgio, président depuis dix ans de la Greenhouse Charity, après avoir vendu la société de conseils Intercontinental Finance Ltd qu’il avait créé en tant qu’ancien expert comptable du cabinet Price Waterhouse.

Comment évaluent-ils l’efficacité des projets philanthropiques ? « Au Brésil, nous menons des actions d’accompagnement scolaire pour 2 millions d’enfants dans 2300 villes, explique Viviane Senna. Il faut se fixer des objectifs. Il y a 40 millions d’enfants entre 7 et 17 ans au Brésil, l’équivalent de la population de l’Espagne, et l’éducation publique est si mauvaise que beaucoup redoublent ou triplent chaque classe et décrochent du système scolaire. Nous avons fait un partenariat avec l’éducation nationale pour former 70 000 professeurs chaque année, dont un sur dix assure un suivi de la formation des autres et un suivi des progrès des élèves. »

Pour Michael de Giorgio, président de la Greenhouse Charity, l'évaluation des actions menées est une des clés de l'efficacité philanthropique. (photo © GPouzin)

Pour Michael de Giorgio, président de la Greenhouse Charity, l’évaluation des actions philanthropiques est un gage d’efficacité. (photo © GPouzin)

« Comment se mesure l’action philanthropique, par la qualité ou la quantité ? s’interroge Michael De Giorgio. Nous travaillons à plus petite échelle. Nous préférons suivre un plus petit nombre de jeunes mais tout au long de la semaine, plutôt qu’un plus grand nombre qu’on ne verrait qu’une demi-heure par semaine. » A chaque cas son approche.

« La qualité est le plus important, confirme Viviane Senna, mais la quantité compte aussi, surtout dans les pays à grande population comme l’Inde ou le Brésil car la situation y est très différente des pays développés où l’état providence couvre la plupart des gens. J’ai été confrontée à ce problème quand nous avons débuté la fondation, il y a vingt ans. J’étais heureuse de voir ce que nous apportions aux enfants que nous suivions, mais j’avais un sentiment d’échec pour tous ceux qui n’étaient pas couverts par notre petit projet. Il m’a paru nécessaire d’avoir un impact à plus grande échelle. »

L’efficacité est le fil conducteur de ces nouveaux philanthropes. « Le problème est que très peu de gens donnent en fonction de l’impact mesuré de leur don, estime Michael De Giorgio. Nous faisons des évaluations de nos actions, mais le gouvernement subventionne davantage les projets philanthropiques en fonction du bénéfice politique qu’il en retire. Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes du monde mais nous avons besoin que le gouvernement participe aux projets philanthropiques avec une logique de paiement aux résultats. » L’image est néanmoins un enjeu important et il remercie une fois encore le jury de l’avoir distingué en 2012 car « ce prix c’est de l’argent, mais ce qui est encore plus important est la crédibilité qu’il nous apporte auprès des donateurs », confirme-t-il en brandissant la photo de la remise du prix en 2012, publiée bien en vue dans son livret de présentation de la Greenhouse Charity.

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