(Tout le procès Pérol ici) Pérol25. 30 juin 2015, audience de plaidoirie des parties civiles dans le procès de l’ex-secrétaire adjoint de Sarkozy à l’Elysée, parachuté à la tête des Banques populaires Caisses d’épargne. Maître Henri Moura est venu de Pau avec son client béarnais, Francis Andichou, un sociétaire de la Casden indigné par cette affaire.

(photo © GPouzin)

L’ex-secrétaire adjoint de l’Elysée parachuté patron de BPCE est la quintessence de ces arrangements public-privé, où l’on s’expose à un soupçon de conflit d’intérêt, avec un sentiment d’impunité totale, plaide Maître Henri Moura (à droite) pour son client Francis Andichou, militant mutualiste de la Casden Banque Populaire, partie civile au procès de François Pérol (photo © GPouzin)

A la différence de Mr Majster mon client n’est pas un ex-dirigeant des Caisses d’épargne, mais un simple sociétaire, entame Maître Henri Moura pour indiquer à l’audience la diversité des plaignants venus se constituer partie civile contre le parachutage de François Pérol et son rôle dans la mutation des banques mutualistes au sein du groupe BPCE.

Par principe, il porte plainte dès mars 2009, car il a vécu la nomination de François Pérol à BPCE comme une humiliation. Quand Monsieur Andichou est venu me voir pour dire je veux participer à ce procès, c’est parce que cette affaire portait atteinte à ses convictions. Le pantouflage est monnaie courante. Et les conflits d’intérêt, il y en a beaucoup, mais cette affaire-là heurtait particulièrement la démarche de ce sociétaire, militant à la Banque Populaire depuis 1979, professeur à la retraite, à l’origine sociétaire de la Casden, la banque des enseignants de l’Education nationale.

Evidemment, c’est le procès de Monsieur Pérol et pas celui d’un système. On n’a rien contre lui à titre personnel, mais il est la quintessence de ces arrangements public-privé, où l’on s’expose à un soupçon de conflit d’intérêt.

Il y a l’éthique, la déontologie, et la loi pénale. Monsieur Pérol est redevable sur ces trois fondements. C’est quand même savoureux de voir Pérol s’abriter derrière la Constitution pour dire que le président de la République ne décide de rien et ne donne son avis sur rien.

Ce n’est pas très sérieux, alors qu’on parlait de l’hyper-président Sarkozy dont le cabinet était un gouvernement bis.

Une seule personne est sortie de la langue de bois, de manière inattendue. Claude Guéant, alors qu’il est l’homme des secrets et des coups fourrés, c’est quand même extraordinaire, est venu dire « c’est Sarkozy qui a décidé la nomination de Pérol ».

La présentation de Pérol est aussi à double visage. Il y a le conseiller Pérol, et dès qu’on aborde l’affaire, il se retranche dans une posture de simple relais, d’informateur. Evidemment ce n’est pas le cas. Compte tenu de son expertise, dès qu’il transmet une note, il la valide par son expertise, et elle recueille l’imprimatur du président de la République. C’est vrai que Monsieur Pérol a essayé de nous balader. On est plus coutumier des affaires de droit commun dans les tribunaux du Sud-Ouest, et c’est finalement la même stratégie de défense qu’il utilise, avec brillance intellectuelle, adresse et habilité, mais qui ne trompe personne. C’est Pérol qui a décidé cette fusion et qui est à la manœuvre.

Cette affaire est désastreuse pour l’image de la fonction publique, de l’Etat, et du fonctionnement de la banque, pour Monsieur Andichou, dont la constitution de partie civile est tout à fait recevable.

Premièrement il y a le bidouillage de la Commission de déontologie, et le fait que le choix de François Pérol, premier conseiller économique de Sarkozy, apparaît comme une nomination éminemment politique.

Les valeurs mutualistes peuvent sembler un peu désuètes aujourd’hui, mais ce sont des valeurs auxquelles Monsieur Andichou est particulièrement attaché: entraide, solidarité, démocratie, non lucrativité. Et l’indépendance vis-a-vis du pouvoir politique, religieux ou syndical.

J’ai plus l’habitude de défendre des sans-papiers, précaires ou miséreux. Aujourd’hui, face au sommet de la hiérarchie républicaine, nous avons fait un voyage intéressant. Monsieur Pérol a commis une faute, et il doit en répondre à la hauteur de son exemplarité. Or, on ressent son sentiment d’impunité. On élude l’avis de la Commission de déontologie. Il doit répondre de son obligation d’exemplarité. Il n’y a pas la notion d’urgence évoquée. Je demande au tribunal d’accueillir l’action civile de Monsieur Andichou qui est victime d’un préjudice personnel direct.

12h30 fin de l’audience de plaidoirie des parties civiles. Le juge annonce que le réquisitoire de la procureure de la République, Madame Ulrika Weiss, est reporté à l’audience du jeudi 2 juillet à 14h30. Ce décalage, en raison de la prolongation du procès, nous empêchera malheureusement d’assister au réquisitoire, ayant un autre engagement le même jour au bureau du Conseil national de l’information statistique (Cnis.fr).

(Tout le procès Pérol ici)

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