Pour le 10ème anniversaire de son introduction en Bourse, les actionnaires d’Europacorp, la société du cinéaste Luc Besson, n’ont pas fini de trinquer. (photo © GPouzin)

Ah, le cinéma, ses paillettes et ses vedettes, ses beaux films et ses gouffres financiers ! Depuis toujours, le grand écran attise les passions et attire des argentiers en quête de frissons, qui y perdent souvent leur pantalon.

Avant que Jean-Marie Messier ne conduise Vivendi au bord du gouffre avec le rachat des studios Universal, le Crédit lyonnais s’était roussi la crinière en finançant le rachat de la Metro Goldwyn Mayer (MGM).

Pour le 10ème anniversaire de son introduction en Bourse, il semble que les actionnaires d’Europacorp, la société de production de Luc Besson, n’aient pas fini de trinquer.

La société EuropaCorp inquiète depuis de nombreuses années Proxinvest qui aura alerté ses clients sur ce dossier. Introduite en bourse à 15,50€ par action il y a dix ans, la société ne vaut plus que 2,04€ par action au 2 octobre 2017, écrit Loïc Dessaint, directeur général de la société de conseil en gouvernance d’entreprise Proxinvest, dans une analyse consacrée à cette mésaventure.

Le réalisateur français Luc Besson, au talent de cinéaste reconnu mondialement, n’en est pas à son coup d’essai. Cela fait des années qu’il se débat pour convaincre le gendarme boursier que la créativité comptable serait compatible avec une information complète et sincère.

Luc Besson est même entré en résistance boursière contre une sanction de l’Autorité des marchés financiers (AMF), comme l’apprenait une information du gendarme boursier du 9 juillet 2016. Non content d’avoir été sanctionné par le gendarme boursier, et d’avoir vu sa sanction confirmée par la Cour d’appel après une première contestation, il était parti l’an dernier devant la cour de cassation pour tenter de faire annuler la sanction des embrouilles financières de sa société Europacorp, condamnée par l’AMF à 200 000 euros d’amende, par décision du 29 octobre 2014.

Pour la petite histoire du grand écran, Deontofi.com revient sur cette fameuse sanction des studios de Luc Besson en 2014.

À la lecture de cette sanction, on apprend d’abord qu’Europacorp, la société de production de Luc Besson, fait moins de prodige que ses films.


Ensuite, il ne faut pas s’attendre à ce que les illusionnistes du 7ème art soient plus honnêtes dans l’aveu de leurs misères aux actionnaires, quand tant de patrons de sociétés cotées se livrent eux-mêmes à cette comédie de la transparence.
Il faut savoir interpréter le lyrisme des grands réalisateurs, quand la société de Luc Besson évoque une marge "particulièrement réduite", il s'agit en fait d'une perte pas encore avouable !

Quand ça va mal, suffirait-il de dire que ce ne va pas fort ? Et pourquoi pas toute la vérité tant qu’on y est ?
Comment faire comprendre aux spectateurs des cascades boursières d'Europacorp que ça va plus mal en vrai qu'à l'écran ?

La diversification dans la publicité ne protège pas des gamelles non plus. Surtout si les directrices de prod se disputent avant de quitter cette niche.
La production de films publicitaires ne bénéficie pas du généreux système d'avances sur recettes du cinéma

Prémonitoire ? La dépréciation de Dog Prod à zéro dans le bilan d’Europacorp à fin mars 2009 est justifiée par la décision d’arrêter cette activité, par la nouvelle direction arrivée en juillet 2010… C’est un peu bancale comme scénario. Mais qu’importe, comme de toute façon l’évaluation précédente ne se basait sur « aucune justification », le gendarme boursier ne peut reprocher à Europacorp d’avoir évalué ce poste de son bilan n’importe comment.
Un "traveling en flash-back" (pardonnez l'anglicisme) pour justifier les dépréciations de "survaleur" (le goodwill en jargon) au bilan d'Europacorp, avec une logique chronologique très inventive, et des secrets méthodologiques tellement discrets en coulisse que le gendarme boursier ne peut même pas contester le néant de ses méthodes comptables.

Bien sûr, les commissaires aux comptes sont censés veiller à la sincérité des comptes pour protéger les actionnaires, explique le gendarme boursier sans leur tirer les oreilles.

Les lecteurs de Deontofi.com connaissent la chanson : ce n’est pas la faute des commissaires aux comptes si on leur a jeté de la poudre aux yeux pour leur faire certifier des comptes bancales !
Ce n'est pas leur faute s'ils certifient par mégarde les approximations, embellissements ou omissions de leurs clients, les commissaires aux comptes (CAC) sont innocents, ils ne sont pas complices des comptes truqués qu'ils certifient !

D’ailleurs ils ont démissionné de ce mandat sans demander leur reste.
Interrogés par le gendarme boursier dès le 12 octobre 2012, les commissaires aux comptes d'Europacorp ont préféré prendre leurs distances avec ce client embarrassant dont ils avaient certifié les comptes les yeux fermés, ou les yeux ouvert sans rien voir, ou en ne voyant que ce qu'on les laissait voir.

Vous avez compris: ce n’est pas parce que les comptes sont certifiés qu’ils sont fiables !
Quant aux belles histoires de production audiovisuelle cotées en Bourse, c’est du cinéma.

Bonus: Retrouvez l’analyse de Proxinvest à propos d’Europacorp ici sur son site web.

Retrouvez ici la sanction de l’AMF en version intégrale:

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